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De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires

De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires

Titel: De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François Flohic
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un pas accéléré. Avec ses petites jambes, Mme de Gaulle a du mal à suivre.
    Les obsèques du président Eisenhower seront l’occasion d’une de ses dernières performances physiques. Ayant quitté Paris le dimanche 30 mars 1969 aux alentours de 16 heures, il atterrit à Washington à la même heure locale. Le temps de revêtir son uniforme, il va saluer la dépouille mortelle d’Eisenhower, puis présenter ses condoléances à son épouse, à l’hôtel Hilton. Rentré à l’ambassade, il se change de nouveau pour présider le dîner que notre ambassadeur, Hervé Alphand, donne en son honneur, en compagnie de ses principaux collaborateurs. Le dîner se termine aux alentours de minuit, soit 6 heures du matin, heure de Paris. Le Général a-t-il pu se reposer ? Je ne sais. Quant à moi, je n’ai pas fermé l’oeil de la nuit. Le lendemain, lundi, ce sont les obsèques officielles, puis la réception impromptue des chefs d’État par Nixon à la Maison-Blanche. Le Général en est la vedette, chacun de ses pairs se pressant autour de lui, à croire qu’il est la puissance invitante.
    Le départ de Washington se fait à 18 heures, ce qui assure l’arrivée à Orly au petit jour du mardi 1 er  avril. Au décollage, il me donne un exemple de son humour :
    — Alors, Flohic, lorsque nous les aurons tous enterrés, quel commandement voulez-vous ?
    Je ne vais pas lui dire que je souhaite celui de la Jeanne d’Arc et de l’École d’application des enseignes de vaisseau. D’ailleurs la direction du personnel m’a informé qu’il m’est attribué. Je me borne à répondre :
    — Rien ne prouve que le référendum sera repoussé.
    Celui-ci aura lieu moins d’un mois plus tard.
    — Vous savez bien qu’il ne faut pas se bercer d’illusions, ajoute-t-il.
    Durant tout le trajet du retour, le Général lit dans son fauteuil. Pour une fois, il aurait bien utilisé la couchette de l’avion si son valet de chambre n’avait pas laissé sa trousse de toilette… dans la soute.
    D’Orly, nous nous rendons à l’Élysée. Peu avant 10 heures, il est dans son bureau, frais et rasé. Il mènera sa journée de travail à son terme habituel, 20 heures. Lorsque je prends congé, la fatigue se lit sur son visage. Je ne suis pas brillant non plus !
    Je calcule qu’il est resté quelque trente-six heures sans dormir. Belle performance pour un homme de soixante-dix-huit ans.
    C’est encore Charles de Gaulle, plus que le Général, que je découvre lors de son premier voyage dans le Nord-Pas-de-Calais du 24 au 27 septembre 1959. Dans une municipalité, un ancien du 33 e  régiment d’infanterie d’Arras – où le jeune Charles de Gaulle a été incorporé comme simple soldat après son succès au concours de Saint-Cyr – est assis sur une chaise. Il reconnaît son ancien camarade et, avant d’être présenté, l’interpelle :
    — Alors, de Gaulle. Que deviens-tu ?
    — Je suis devenu une grosse légume !
    Ce même jour, Charles de Gaulle me raconte avec une verve presque cocasse le comportement de Pétain, son colonel chef de corps. Une troupe itinérante est à Arras, elle présente une pièce de son répertoire. Elle met en scène un personnage de qualité qui se sent frustré par sa promotion trop tardive dans le rang important auquel ses qualités le destinaient. L’acteur porte successivement la main au coeur puis au front, déclarant :
    — J’avais pourtant, là et là, ce qu’il fallait pour un grand destin.
    Tous les regards se tournent vers le colonel Pétain dans sa loge. Il pleure à chaudes larmes, qu’il ne cherche pas à réfréner. C’est qu’il va bientôt atteindre la limite d’âge de son grade et devra quitter l’armée sans « grand destin ». Mais la guerre de 1914-1918 éclate. Pétain y fait la carrière que l’on sait, jusqu’au maréchalat.
    Après m’avoir narré cet épisode, de Gaulle ajoute :
    — J’eus ensuite, au début des années 1920, Pétain comme chef au Conseil supérieur de la guerre, après mon retour de Pologne et mon passage à l’École supérieure de guerre. Nous eûmes alors un grave différend au sujet d’un ouvrage de ma main, La Discorde chez l’ennemi [2] , sur lequel je l’avais consulté par courtoisie ; il voulut le signer et s’attribuer ainsi la paternité de mon travail, ce que, naturellement, je n’acceptai pas.
    Un aspect mal connu de Charles de Gaulle est sa mansuétude, le mot n’est pas trop fort, à

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