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Délivrez-nous du mal

Délivrez-nous du mal

Titel: Délivrez-nous du mal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Romain Sardou
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s’effectue par l’intermédiaire d’Otto Cosmas. Ce dernier connaissait Rasmussen puisqu’il l’avait commandité pour rédiger une hagiographie des saints centrée sur leur jeunesse.
    « Seulement Cosmas vieillit. Alors il se prend d’intérêt pour le petit Rainerio, son voisin. Il lui apprend à lire et à écrire. Il gagne son amitié et sa confiance. Le jour venu, l’adolescent Rainerio est prêt pour le seconder.
    « Quelques années plus tard, Otto Cosmas meurt et Rainerio reprend le flambeau. Il remet l’ouvrage complet à celui-là qui ne l’attendait peut-être plus : Monseigneur Henrik Rasmussen. »
    Bénédict imagina l’étonnement du cardinal en voyant ce garçon du peuple, fils d’artisans, conclure le travail d’un vieux lettré ; mais aussi sa satisfaction : voilà un jeune homme hardi, la tête farcie de la vie des saints et inconnu du Latran ; une aubaine ! Il le retient à ses côtés.
    « Quelle réussite pour Rainerio ! Sans titres, sans éducation, le voilà admis au sein du pouvoir de Rome !
    « Tomaso di Fregi, l’ami d’enfance, a décrit un Rainerio ayant toujours été brave, naïf, généreux, mais impressionnable. Il se serait entièrement conformé aux habitudes d’Otto Cosmas, changeant jusqu’à son tempérament pour lui mieux correspondre.
    « Nul doute qu’il en a fait autant avec Henrik Rasmussen, son bienfaiteur. Prompt à admirer, il devait le vénérer.
    « Rainerio est alors un garçon heureux. Tout lui sourit. Il seconde un personnage haut placé de l’Église.
    « Zapetta parle même d’une nouvelle maison où accueillir leurs parents ? »
    Puis vient la révélation des rapts d’enfants.
    « Lucide, il mesure que sa découverte, qui implique forcément des personnages puissants et dangereux, met sa vie en péril.
    « Cela le terrifie.
    « Ce serait l’origine de cette sombre humeur, triste, inquiète, que Tomaso avait notée lorsqu’ils s’étaient rencontrés pour la dernière fois.
    « De surcroît, Marteen a expliqué que Rainerio ne se rendait plus au palais de Rasmussen. Ce dernier avait dû faire envoyer deux hommes pour l’aller chercher chez lui.
    « Pour lui dire quoi ? »
    Bénédict Gui relâcha son attention et ferma ses paupières.
    La sanction fut immédiate : son bourreau accrut la tension des liens qui lui écartelaient les bras et les jambes. Bénédict gronda de douleur. Il sentit une boule de feu lui traverser le corps. Ses dents s’empreignirent dans la poire d’angoisse.
    Concentre-toi… Ne perds pas…
    Le bourreau examina ses pupilles ; elles étaient dilatées, le blanc de l’œil avait viré au bleu fané, les canaux sanguins s’étaient rompus et enchevêtrés.
    Concentre-toi…
    Bénédict, le cœur battant, l’haleine courte, reprit le fil rompu sur Rasmussen :
    Il revoyait la façade de son palais de la via Nomentana recouverte du drap noir de deuil, la foule qui s’amassait, la procession de cardinaux venue rendre hommage à sa dépouille.
    Et puis, le lendemain, l’empressement, la bousculade presque, pour déménager le mobilier du palais dans un convoi de charrettes pour la Flandre.
    « Pourquoi la sœur de Rasmussen voulait-elle quitter Rome si rapidement ? »
    De plus en plus décousue, sous l’effet de la fatigue, la pensée de Gui bondit sur la sœur de Rasmussen au visage hautain de la veuve de Maxime de Chênedollé.
    La voix de la femme résonnait dans sa tête, répondant à celle de son mari assassiné :
    Lui : J’exploite vingt bâtiments à Ostie. Je suis riche, je m’apprête à m’installer à Rome dans un nouveau palais de trente pièces, je suis marié à ma quatrième femme, j’ai deux maîtresses dont une per sane et douze enfants.
    Elle : Chênedollé était un homme réservé et fidèle, hélas, sans héritie r.
    Lui encore : Je compose, avec bonheur dit-on, des facéties rimées dans le ton d’Anacréon.
    Elle par contre : Mon mari n’a jamais su aligner deux vers corrects.
    « Pourquoi ces libertés ? Voulait-il m’éprouver ? Et ces précautions afin de laisser derrière lui un document codé ?…»
    Suivez la piste de Rainerio…
    « La phrase clef ?
    « Qui cherchait-il à tromper avec ces mensonges ? »
    Bénédict revoyait Maxime de Chênedollé entrer chez lui, s’affaler sur sa chaise et grommeler : Par la Croix, le Socle et le Calvaire, ne pourriez-vous pas vous tenir dans les beaux quartiers ? Ce serait plus commode. Et plus

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