Des Jours sans Fin
objectifs immédiats furent l’organisation de la solidarité envers les détenus les plus affaiblis ou nécessitant un soutien plus particulier. C’est ainsi que furent organisées, avec l’aide de tous et à leur intention, des répartitions supplémentaires de nourriture et de vêtements. Également l’organisation de résistance s’occupa de leur mutation dans les kommandos et les blocks considérés comme les moins durs, et facilita leur accès aux soins médicaux. Tout cela contribua à coup sûr à sauver la vie d’un bon nombre de Français. Là ne se limita pas l’activité du Front National, car l’on y travailla bientôt à la formation d’une organisation miliaire. Celle-ci devait d’ailleurs trouver son épanouissement par son extension sur le plan international. En effet, à la suite de contacts établis entre les différentes nationalités, fut réalisée une organisation internationale qui mena son activité sur deux plans principaux, à savoir : politique et militaire. Cette organisation était dirigée par un triangle comprenant, pour les Français, Jean Laffitte, pour les Tchèques, Drahomir Barta et pour les Yougoslaves, Macanovic. Chaque responsable du triangle de direction assurait les liaisons avec les autres groupes nationaux en plus de son propre groupe. C’est ainsi que Jean Laffitte voyait également les Belges et les Espagnols, Drahomir et Macanovic les Allemands, les Russes, les Hongrois et les Polonais. Au début de 1945 et jusqu’à trois semaines de la Libération, le nombre des déportés augmente sans cesse. Ils viennent des différents camps ou kommandos menacés en particulier par l’avance des armées soviétiques et que les nazis évacuent en toute hâte vers ses derniers réduits que représentent le camp central de Mauthausen et Ebensee. Les noms de ces camps ? Auschwitz, Graz, Amstetten et surtout Melk. Tous les moyens de locomotion ont été utilisés pour amener les déportés à pied-d’œuvre, péniches, wagons, camions et même à pied, à travers la montagne. Certains ont mis vingt jours pour arriver à destination ; les pertes subies au cours de ces marches ou déplacements se chiffrent par des milliers de morts, tant par épuisement qu’abattus par les S.S. et parmi ceux qui arrivèrent à Ebensee, nombreux moururent dans les jours qui suivirent.
— Des chiffres éloquents attestent ce que furent les dernières semaines à Ebensee en mars 1945. Le camp avait un effectif d’environ dix mille détenus, en avril 1945 l’on en comptait vingt-deux mille et le 6 mai, à la Libération, il en restait onze mille environ dont beaucoup de moribonds. La moyenne journalière était de deux cents morts, et il est très probable que sans l’activité des comités de résistance du camp, elle aurait été beaucoup plus élevée. Avec l’arrivée des déportés de Melk, les organisations de résistance d’Ebensee reçurent de précieux renforts, et cela non seulement sur le plan des nationalités mais aussi sur le plan international. En effet, à Melk, fonctionnaient avec efficacité des organisations de résistance dont les principaux responsables se retrouvèrent à Ebensee. Ces derniers y apportèrent en même temps que leur expérience, une organisation structurée et bien rodée. La direction française fut élargie avec André Ulmann (Pichon) et Auguste Havez. Les directions des autres groupes nationaux furent également modifiées en fonction de l’appoint reçu, mais c’est sur le plan international que ces renforts furent plus sensibles.
— Il xci y a, à la Schreibstube un jeune communiste tchèque du nom de Barta qui occupe un poste éminent dans l’administration intérieure. C’est à lui que je dois mon retrait du Steinbruck et mon nouvel emploi comme électricien.
— Barta, un étudiant âgé de vingt et un ans, doué d’une grande culture, parle couramment les langues slaves, le français, l’allemand et un peu l’espagnol. Quand je lui ai demandé, à notre première entrevue, quel était son auteur favori, il m’a répondu sans hésiter : Romain Rolland.
— Lorsque Barta sut que les Français arrivaient dans le camp, il vint trouver le père Henri et lui demanda de lui faire connaître les communistes. C’est à ce titre que j’ai eu l’honneur d’apparaître à ses yeux comme l’un des représentants des intérêts français dans le camp.
— Afin de créer les conditions du renforcement de notre collectif national,
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