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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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à
craindre. Cette malheureuse créature ne peut nous faire aucun mal. » Mais
ma voix se brisa tandis que je regardais l’atroce forme allongée sur la berge.
    « Viens ! Tu vas attraper la fièvre. Rhabille-toi ! »
Il s’exécuta, l’opération semblant le calmer quelque peu.
    Je vis que quelque chose d’autre était remonté et flottait à
la surface. Un large morceau de tissu marron, gonflé de gaz. Je l’attrapai du
bout de mon bâton, craignant qu’il ne s’agisse d’un second cadavre, mais ce n’était
qu’une simple soutane de moine. Je la ramenai, la déposant sur la rive. Il y
avait des plaques sombres qui auraient pu être des taches de sang coagulé. Je
me rappelai, frémissant soudain, la grosse carpe qu’on avait dégustée le
premier soir.
    Les yeux exorbités, Mark continuait à fixer le corps.
    « Qui est-ce ? » bredouilla-t-il.
    Je pris une profonde inspiration.
    « Je pense qu’il s’agit des restes d’Orpheline
Stonegarden. » Je regardai cette horrible tête, la peau grise tirée sur le
crâne. « « Un charmant et doux minois », avait affirmé la mère
Stumpe. « L’un des plus jolis visages que j’aie jamais vus. » Voilà
donc ce que Simon Whelplay voulait dire quand il mettait en garde une femme
contre le péril. Il savait de quoi il parlait.
    — Donc maintenant nous avons trois cadavres.
    — Je prie Dieu que ce soit le dernier. » Je me
forçai à ramasser la soutane. Je la retournai et découvris, interdit, une
petite harpe cousue sur l’étoffe. Je l’avais déjà remarquée : c’était l’emblème
de la fonction du sacristain. Je restai bouche bée de stupéfaction.
    « Elle appartient au frère Gabriel… », soufflai-je.

20
    J e dis à
Mark de courir chercher l’abbé afin de se réchauffer le sang. Je le regardai
avancer le plus vite possible dans la neige puis me retournai vers l’étang. Des
bulles continuaient à remonter du fond bourbeux, faisant bouillonner la surface
de l’eau. Je me demandai si la relique était au fond ainsi que peut-être les
calices censés avoir été volés par la pauvre fille.
    Je me forçai à m’approcher du cadavre de la malheureuse. Elle
portait une mince chaîne d’argent autour du cou et, après un instant d’hésitation,
je me penchai pour la lui ôter, rompant facilement les maillons entre mes
doigts. Un minuscule médaillon y était accroché sur lequel était représentée la
silhouette grossière d’un homme transportant un fardeau sur son dos. Je la mis
dans ma poche et pris l’épée. C’était une arme de valeur, l’épée d’un
gentilhomme. La marque du fabricant était gravée sur la lame : JS. 1507, au-dessus de l’image d’un bâtiment carré flanqué de quatre tours pointues.
    J’allai m’asseoir sur le tas de pierres près du mur. Les yeux
fixés sur la forme couchée dans les roseaux, je restais paralysé de stupeur, mes
doigts et mes orteils devenant bientôt gourds à cause du froid. Je me levai, agitant
les bras et tapant des pieds pour revivifier mon sang.
    La neige crissait sous mes pas, je marchais de long en large,
cherchant à déterminer le sens de ces découvertes. Je commençai à apercevoir un
schéma, les divers éléments s’emboîtant dans ma tête. J’entendis bientôt des
voix et aperçus Mark qui revenait à grands pas, accompagné de deux hommes en
soutane, l’abbé et le prieur. Le prieur Mortimus portait une grande couverture.
L’abbé Fabian devint livide en découvrant, horrifié, le corps gisant sur la
berge. Il se signa et marmonna une prière. Le prieur s’en approcha, le visage
révulsé de dégoût. Il posa le regard sur l’épée que j’avais placée sur la berge.
    « Cette femme a-t-elle été tuée avec ça ? souffla-t-il.
    — Je ne le crois pas. Le corps a été conservé dans la
vase, mais il devait être là depuis longtemps. Je pense que c’est avec cette
épée que Singleton a été tué. Cet étang a servi plus d’une fois de cachette.
    — Mais quel est ce cadavre ? » Une note de
panique vibrait dans la voix de l’abbé.
    Je le regardai droit dans les yeux.
    « On m’a parlé d’une ancienne assistante de l’infirmier,
disparue il y a deux ans. Une jeune fille appelée Orpheline Stonegarden. »
    Le prieur regarda une nouvelle fois le cadavre.
    « Non… », murmura-t-il. Le ton dénotait la colère, ainsi
que le chagrin et l’incrédulité. « Mais… elle s’est enfuie. C’était une
voleuse… »
    Nous

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