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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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démasquer le coupable, je vous le jure.
    — Vengez-la ! Au nom du Seigneur, vengez-la… »
La voix de dame Stumpe défaillit et elle se mit à pleurer doucement. Je la pris
gentiment par les épaules.
    « Ne dites rien pour le moment. Je vous avertirai par l’intermédiaire
du juge Copynger. Tenez ! les adultes ont terminé. Essayez de reprendre
vos esprits. »
    Les dernières aumônes aux adultes ayant été distribuées, une
file de gens reprenait déjà la route de la ville, sombres silhouettes
dépenaillées se détachant, tels des corbeaux, sur la neige d’un blanc cru. La
mère Stumpe me fit un bref signe de tête, respira profondément et emmena les
enfants. Je refranchis le portail et rejoignis Mark qui m’attendait. Je
craignais qu’elle ne s’effondre à nouveau mais, d’une voix calme, la
gouvernante encourageait les enfants à s’approcher. Le frère Edwig avait
disparu.

22
    J e
pénétrai discrètement dans l’église, refermant le lourd portail sans faire de
bruit. Au-delà du jubé, la flamme des cierges tremblotait et j’entendais les
moines chanter des psaumes. On célébrait les vêpres.
    Après avoir quitté dame Stumpe, j’avais demandé à Mark de se
rendre chez l’abbé pour qu’il veille à ce que le frère Gabriel ne sorte pas du
monastère et que la tombe de Singleton soit nettoyée. Je voulais également que,
dès le lendemain, l’étang soit asséché. Mark avait répugné à donner des ordres
à l’abbé Fabian, mais je lui avais répondu que s’il avait l’intention de faire
son chemin dans le monde il devrait s’habituer à traiter avec des personnages
haut placés. Il était parti sans rien ajouter, guindé de nouveau.
    J’étais resté dans notre chambre. J’avais besoin de me
retrouver seul quelque temps pour réfléchir. Je m’assis devant l’âtre tandis
que la nuit commençait à tomber. Vidé, j’avais du mal à demeurer éveillé dans
la chaleur dégagée par les bûches qui crépitaient. Je me levai et m’aspergeai d’eau
le visage.
    La confirmation par le blanchisseur du vol de la soutane
constituait une réelle déception, car j’avais bien cru avoir découvert le
coupable. J’étais cependant toujours persuadé que Gabriel cachait quelque chose.
Les paroles de Mark me revinrent à l’esprit, et il avait certainement raison :
Gabriel n’avait rien de la brute barbare ayant commis ces crimes.
    « Barbare… », pensai-je. Où avais-je déjà entendu
ce mot ? Ah oui ! c’était le terme employé par dame Stumpe pour
décrire le prieur Mortimus.
    Les cloches retentirent une fois de plus. Les moines
assisteraient à l’office durant une heure entière. En tout cas, me dis-je, cela
me fournissait l’occasion d’imiter Singleton et de faire ce que j’aurais dû
déjà faire : fouiller le bureau de la comptabilité pendant que le frère
Edwig était occupé ailleurs. Malgré ma grande fatigue et l’angoisse qui m’étreignait,
je me rendis compte qu’en fait je me sentais mieux, que mon cerveau était moins
paresseux. Je pris une autre dose de la potion du frère Guy.
    J’avançai sans bruit le long de la nef peu éclairée, invisible
pour ceux qui chantaient derrière le jubé. J’appuyai l’œil contre l’une des
fentes décorées pratiquées dans la pierre pour permettre aux fidèles laïques d’apercevoir
le fascinant mystère de la messe célébrée de l’autre côté du jubé.
    Le frère Gabriel dirigeait, apparemment absorbé par la
musique. J’étais bien obligé d’admirer l’habileté avec laquelle il conduisait
les moines chantant les psaumes, leurs voix montant et descendant en parfait
accord, tandis que leurs yeux allaient de ses mains guidant le chant aux livres
d’offices posés sur leur lutrin. L’abbé était présent, le visage sombre dans la
lumière des cierges. Je me rappelai le dernier mot qu’il avait chuchoté d’un
ton désespéré : « Dissolution ». Passant les moines en revue, j’aperçus
Guy et, à ma grande surprise, Jérôme assis à côté de lui, sa soutane blanche de
chartreux se détachant sur le noir des bénédictins. On devait le laisser sortir
pour assister aux offices. Le frère Guy se pencha et tourna la page pour le
chartreux infirme. Il souriait et le frère Jérôme le remercia d’un signe de
tête. Je me dis que, pour son austérité et sa ferveur, l’infirmier était
peut-être l’un des rares moines de Scarnsea que Jérôme appréciait. Étaient-ils
très proches

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