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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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premier jour, avant l’arrivée de
la neige. L’odeur de leur urine empestait la pièce. Ils se redressèrent
lentement et deux d’entre eux s’approchèrent en grognant, les poils hérissés, les
babines frémissantes et retroussées sur des crocs jaunâtres. Mark dégaina
lentement son épée et j’empoignai mon bâton.
    Entendant des bruits derrière une porte, je faillis appeler à
grands cris mais, ayant été élevé dans une ferme, je savais que cela ne ferait
qu’inquiéter les chiens, qui risqueraient de se jeter sur nous. Je serrai les
dents. Nous n’allions pas en sortir indemnes. De ma main libre je saisis le
bras de Mark. Je lui avais infligé les horreurs de l’étang, et maintenant
celles-ci.
    Il y eut un grincement et nous pivotâmes sur nos talons au
moment où la porte intérieure s’ouvrit. Le frère Hugh apparut, une bassine d’abats
entre ses mains grassouillettes. Il resta bouche bée en nous apercevant. Nous
le fixâmes d’un air désemparé et, se reprenant, il appela les chiens.
    « Brutus, Augustus ! Ici ! Tout de suite ! »
Il jeta sur le sol des morceaux de viande. Le regard des chiens passa de lui à
nous, puis ils se traînèrent l’un après l’autre vers la nourriture. Le chef de
la meute resta quelques secondes de plus à grogner avant de se détourner et de
rejoindre les autres. Encore frissonnant, je pris une profonde inspiration. Le
frère Hugh nous fit signe de nous hâter.
    « Entrez vite, monsieur, je vous prie. Tout de suite, pendant
qu’ils mangent. »
    Contournant les bêtes bavantes, nous le suivîmes dans la
pièce intérieure. Il referma la porte et abaissa le loquet. Nous nous retrouvâmes
dans la blanchisserie pleine de vapeur. Surveillés par deux moines, des
serviteurs faisaient bouillir du linge dans des chaudrons placés sur divers
feux ou pressaient des soutanes et des sous-vêtements dans des essoreuses. Ils
nous regardèrent avec curiosité ôter nos épais manteaux. Je m’étais mis à
transpirer à grosses gouttes, tout comme Mark. Il agrippa le bord de la table
et respira profondément. Il était si pâle que j’eus peur qu’il ne s’évanouisse,
mais il reprit bientôt des couleurs. Vacillant sur mes jambes, je me tournai
vers le frère Hugh, qui s’agitait tant et plus en se tordant les doigts.
    « Oh ! messieurs, seigneur commissaire, je suis
arrivé à temps, Dieu soit loué ! » Il s’inclina en prononçant le nom
du Créateur, imité par tous les présents.
    « Nous vous en sommes très reconnaissants, mon frère. Ces
dogues ne devraient pas se trouver là, cependant. Ils pourraient tuer quelqu’un.
    — Mais, monsieur, ils connaissent tout le monde. Sauf
votre respect, vous n’étiez pour eux que des intrus. L’abbé nous a enjoint de
les garder là tant qu’il neigeait. »
    J’essuyai la sueur de mon front.
    « Très bien, frère intendant. Vous êtes responsable de
la blanchisserie ?
    — En effet. En quoi puis-je vous être utile ? L’abbé
nous a demandé de vous aider autant que faire se peut. Il paraît que quelqu’un
s’est noyé dans l’étang. » Ses yeux éraillés brillaient de curiosité.
    « Le prieur va faire une déclaration à ce sujet. Je suis
venu vous poser une question, mon frère. Vous avez une table ? »
    Il nous conduisit dans un coin, loin des autres. Je fis signe
à Mark de disposer la soutane du frère Gabriel sur la table et désignai l’emblème.
    « Le frère Gabriel a signalé qu’une de ses soutanes
avait disparu il y a deux semaines. Vous vous en souvenez ? »
    J’espérais, je l’avoue, une réponse négative, mais il hocha
la tête sans hésiter.
    « Si fait, monsieur. Nous l’avons cherchée dans tous les
coins. L’économe se met en colère lorsque quelque chose disparaît. C’est pour
cela que je tiens un registre. » Il s’éclipsa dans la vapeur et revint
avec un registre. « Voici, monsieur, l’indication de son arrivée, et voilà
celle signalant sa perte. » Je notai la date. Cela s’était passé trois
jours avant l’assassinat de Singleton.
    « Où l’a-t-on trouvée, monseigneur ? demanda-t-il.
    — Peu importe. Qui aurait pu avoir l’occasion de la
voler ?
    — La journée, nous sommes toujours ici à travailler, monsieur.
La blanchisserie est verrouillée la nuit, mais…
    — Eh bien ?
    — On a égaré des clefs. Il arrive que mon assistant soit
un peu… disons, négligent, si vous voulez. » Il sourit nerveusement en
passant

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