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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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j’étais avec l’armée du roi Henri durant la guerre contre la France.
    — Lorsque le roi espagnol l’a trompé en lui promettant
de le soutenir avant de l’abandonner. »
    Il opina du chef.
    « Et tout cela pour g-gagner la g-gloire et faire des
c-conquêtes. J’ai vu les armées se livrer au saccage en France. J’ai passé mon
enfance à regarder des rangées de soldats morts alignés dans les c-camps, monsieur,
leurs c-corps virant au gris, et des prisonniers p-pendus aux portes. J’étais
au siège de Thérouanne de 1513.
    — La guerre est une chose terrible, reconnus-je. Et
pourtant, nombreux sont ceux qui affirment qu’elle est noble. »
    Il fit de vigoureux hochements de tête.
    « Et les prêtres passaient c-constamment entre les
blessés, donnant l’extrême-onction, tentant de réparer ce que les hommes avaient
rompu. Ce fut alors que j’ai d-décidé de devenir moine et de mettre mes
compétences en comptabilité au service de l’Église. » Il sourit derechef
et cette fois-ci son sourire était plein de vie, narquois. « On dit que je
suis mesquin, n’est-ce pas ? »
    Je haussai les épaules.
    « Pour moi, reprit-il, le moindre liard qui entre dans
les c-coffres de l’Église est arraché au monde des p-pécheurs et remis à Dieu. Pouvez-vous
comprendre cela ? Cet argent sert à soutenir la p-prière et les œuvres de
charité. Sans ce que nous leur donnons les p-pauvres n’auraient rien. Notre foi
nous oblige à d-distribuer des aumônes.
    — Alors que les rois choisissent ou non de le faire, c’est
ce que vous voulez dire ?
    — Exactement. Et le paiement que nous recevons pour les
messes célébrées à l’intention des morts, monsieur. C’est une bonne chose aux
yeux de Dieu, car ces sommes aident les âmes du purgatoire et honorent le
donateur.
    — Le purgatoire, décidément… Vous y croyez ? »
    À nouveau, il opina vigoureusement du chef.
    « L’endroit existe vraiment, monsieur. Il est fort
périlleux de ne pas s’en préoccuper. Et n’est-il pas logique que Dieu pèse nos
mérites et nos p-péchés dans les deux plateaux de la balance comme moi j’équilibre
mes comptes ?
    — Par conséquent, Dieu est un comptable expert ?
    — Le plus expert de tous. Le purgatoire existe bien. Il
se trouve sous nos pieds en ce moment même. N’avez-vous pas ouï parler des
énormes volcans italiens d’où jaillissent les flammes du purgatoire ?
    — Vous le craignez ?
    — Je crois que nous devons tous le craindre », répondit-il
en hochant lentement la tête. Il se tut, puis se ressaisit tout en me regardant
avec prudence. « Pardonnez-moi, mais les “Dix articles” ne nient pas l’existence
du purgatoire.
    — En effet. Ce que vous avez dit n’est pas interdit. Et
c’est intéressant. Mais, juste avant, ne sous-entendiez-vous pas que le roi
pourrait ne pas agir de manière responsable en tant que chef de l’Église ?
    — C-comme je l’ai dit, monsieur, je p-parlais seulement
des rois en général et j’ai dit l’Église et non pas le pape. Sauf votre respect,
cette op-pinion n’est pas hérét-tique.
    — Fort bien. Dites-moi, vu votre éducation militaire, sauriez-vous
manier l’épée ?
    — Comme celle qui a tué le commissaire ? »
    Je haussai le sourcil.
    « J’ai deviné, continua-t-il, que c’était ce qui s’est
passé quand j’ai appris l’état du corps en revenant de mon inspection des
propriétés. J’ai vu assez d’hommes décapités dans ma jeunesse. Mais j’ai
renoncé à ce monde dès que j’ai atteint l’âge adulte. J’avais vu suffisamment
de sang comme ça.
    — La vie d’un moine a ses inconvénients cependant, non ?
Le vœu de chasteté, par exemple… Ce doit être pénible. »
    Il se troubla.
    « Que voulez-vous d-dire ?
    — En plus de la mort du commissaire, je dois maintenant
enquêter sur celle d’une jeune servante. » Je lui appris quel corps avait
été repêché de l’étang. « Vous avez été cité, parmi d’autres, comme quelqu’un
qui s’était mal comporté envers elle. »
    Il s’assit au bureau, courbant la tête, me cachant son visage.
    « Le célibat est dur à vivre, murmura-t-il. Ne c-croyez
pas que, c-contrairement à certains, j’apprécie les désirs qui m’assaillent. Je
hais ces p-passions diab-boliques. Elles détruisent l’édifice d’une vie sainte
construit au prix de tant d’efforts. Oui, monsieur, je d-désirais cette fille. Heureusement
que je

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