Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
Vom Netzwerk:
leva la main.
    « Ne la caressez pas, monsieur… Elle est couverte de
lentes. Et elle n’arrête pas de tousser. C’est le froid. On en a déjà perdu un.
Calme-toi, Craint-Dieu.
    — Elle a un nom étrange.
    — Notre pasteur est un ardent réformateur. C’est lui qui
les a tous nommés. Il a dit que ça nous aiderait à faire notre chemin dans le
monde d’aujourd’hui que nos enfants portent ces noms. Allez les gosses, levez-vous ! »
Les trois autres enfants se dressèrent sur leurs frêles petites jambes, révélant
des ventres gonflés, infestés de vers. Leur père les désigna l’un après l’autre.
« Zélé, Persévérance, Devoir. »
    Je hochai la tête.
    « Chacun d’entre eux aura six pence. Et voici trois
shillings pour vous remercier de votre aide. » Je tirai l’argent de ma
bourse. Les enfants saisirent prestement les pièces. Les parents semblaient ne
pas parvenir à croire à leur bonne fortune. Bouleversé, je les quittai
brusquement, me mis en selle et m’éloignai en toute hâte.
    **
    Cette pénible scène hantait mon esprit. Pour l’oublier, je
tournai mes pensées vers ce que j’avais découvert. Cela n’avait aucun sens. La
personne qui avait hérité de l’épée, le seul être ayant un motif familial de
vengeance, une vieille femme ? Il n’y avait aucune femme âgée de plus de
cinquante ans au monastère, à part deux servantes, deux grandes vieilles
efflanquées ne correspondant pas au portrait brossé par le jeune homme. Dame
Stumpe était la seule que j’avais rencontrée depuis mon arrivée à Scarnsea
susceptible d’y répondre. Or une vieille femme de courte taille ne pouvait avoir
assené un tel coup. Pourtant, les documents de Singleton étaient catégoriques :
aucun parent de sexe mâle. Je secouai la tête.
    Perdu dans mes pensées, j’avais permis à la jument d’aller à
sa guise et elle se dirigeait vers le fleuve. N’ayant pas envie de rentrer tout
de suite, je lui laissai la bride sur le cou. Je humai l’air. Était-ce mon
imagination ou commençait-il vraiment à faire enfin plus chaud ?
    Je passai devant un campement installé sur un terrain vague
couvert de neige où des hommes au chômage s’étaient regroupés. Ils étaient sans
doute venus ici dans l’espoir de trouver quelque travail temporaire sur les
quais et avaient construit un appentis à l’aide de toile de sac et de bouts de
bois échoués sur la rive. Ils étaient assis tout près les uns des autres. Ils
me lancèrent des regards hostiles, tandis qu’un maigre roquet jaune sortait du
campement pour aboyer contre ma haridelle, qui secoua la tête et hennit. L’un
des hommes rappela le chien. Je m’éloignai vivement, tapotant l’encolure de la
jument jusqu’à ce qu’elle se calme.
    Nous avions atteint la berge où étaient amarrés des bateaux
que des hommes déchargeaient. Deux ou trois avaient le teint aussi sombre que
le frère Guy. J’arrêtai ma monture. Juste en face de moi, un énorme galion
était à quai, sa proue carrée ornée d’une sirène nue au sourire obscène. Des
débardeurs remontaient de la cale des cageots et des caisses. De quel coin
éloigné du globe venait-il ? Levant les yeux vers les hauts mâts et l’enchevêtrement
du gréement, je fus surpris de voir une brume s’enrouler autour du nid-de-pie
et des guirlandes de brouillard approcher au-dessus du fleuve. Je sentais
nettement que l’atmosphère se réchauffait.
    La rosse montrant de nouveaux signes d’inquiétude, je décidai
de regagner la Cité par une rue bordée d’entrepôts. Je fis bientôt halte. Un
incroyable charivari venait d’une des constructions de bois… Cris, hurlements, divers
propos en langues exotiques. C’était inquiétant d’entendre ces sons bizarres
dans l’atmosphère brumeuse. Poussé par la curiosité, j’attachai la jument à un
poteau et me dirigeai vers l’entrepôt, d’où émanait une âcre odeur.
    La porte ouverte laissait voir un affreux spectacle. L’endroit
était plein d’oiseaux placés dans trois grandes cages de métal aussi hautes qu’un
homme. C’étaient les mêmes oiseaux que celui de la vieille commère dont Pepper
m’avait reparlé. Il y en avait des centaines, de toutes les tailles et de
toutes les couleurs : rouge et vert, doré, bleu et jaune. Mais ils étaient
fort mal en point… Tous avaient les ailes coupées, certains jusqu’à l’os et n’importe
comment, si bien que les extrémités mutilées montraient des

Weitere Kostenlose Bücher