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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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un
claquement sec suivi d’un cri.

30
    L es
vents me furent favorables au cours du voyage de retour.
    Une fois en mer la brume s’estompa et le bateau fut poussé
dans la Manche par un léger vent de sud-est. La température était montée de
plusieurs degrés et, après le froid glacial de la semaine précédente, on
éprouvait presque une sensation de chaleur. Le patron, qui rapportait une
cargaison d’étoffes et d’outils en acier, était de plus joyeuse humeur.
    Comme nous approchions de la terre, le soir du second jour, j’aperçus
la côte enveloppée d’une légère brume. Mon cœur battit plus vite : nous
étions presque arrivés. J’avais passé une grande partie du voyage à réfléchir. Mes
décisions dépendraient de l’arrivée du messager. Et il était temps d’avoir un
nouvel entretien avec Jérôme. Soudain, une pensée que j’avais tenté d’étouffer
ces deux derniers jours s’imposa à mon esprit. Mark et Alice étaient-ils
toujours en sécurité ?
    La brume rendait la navigation difficile dans le chenal
traversant les marais jusqu’au quai de Scarnsea. Le patron me demanda en
hésitant si je pouvais prendre une perche pour écarter le bateau du bord si on
approchait trop près. J’acquiesçai. Une fois ou deux, elle faillit rester prise
dans la boue épaisse et gluante sillonnée par de petits ruisseaux de neige
fondue. Je fus ravi d’atteindre enfin l’embarcadère. Le patron m’aida à
remettre le pied sur la terre ferme en me remerciant de mon
aide. Il avait peut-être fini par mieux considérer un hérétique réformateur au
moins.
    **
    Je me dirigeai tout de suite vers la demeure de Copynger. Il
s’installait pour dîner en compagnie de son épouse et de ses enfants. Il m’invita
à me joindre à eux, mais je lui dis que je devais rentrer. Il me conduisit
alors à son confortable cabinet de travail.
    « Y a-t-il eu d’autres événements au monastère ? lui
demandai-je dès que la porte fut refermée.
    — Non, monsieur.
    — Tout le monde va-t-il bien ?
    — Oui, autant que je sache. J’ai des nouvelles
concernant ces ventes de terres, cependant. » Il ouvrit un tiroir de son
bureau et y prit un document de cession de propriété. J’en étudiai la calligraphie
ornée, le sceau du monastère de cire rouge apposé nettement au bas du parchemin.
Le contrat translatif cédait à sir Edward Wentworth, pour la somme de cent
livres, un grand terrain cultivable de l’autre côté des Downs.
    « C’est bon marché, commenta Copynger. C’est une belle
terre.
    — Cette vente n’a pas été notée dans les registres
officiels que j’ai consultés.
    — Alors, voilà les filous, monsieur ! fit-il en
souriant. Finalement je me suis rendu moi-même chez sir Edward accompagné de l’officier
de paix. Ça lui a fait peur, car, malgré son arrogance, il s’est alors souvenu
que j’ai le pouvoir de procéder à une arrestation. Moins d’une demi-heure plus
tard il a remis l’acte en gémissant qu’il avait acquis le bien de bonne foi.
    — Avec qui a-t-il négocié au monastère ?
    — Son intendant a traité avec l’économe, il me semble. Vous
savez qu’Edwig a la haute main sur tout ce qui concerne les finances du
monastère.
    — Mais l’abbé devait apposer le sceau sur le document. Ou
quelqu’un d’autre l’a fait à sa place.
    — En effet. Et, monsieur, l’accord stipulait que la
vente restât secrète quelque temps, les métayers payant comme d’habitude leur
loyer à l’intendant du monastère qui le remettrait à sir Edward.
    — Les cessions secrètes ne sont pas illégales en elles-mêmes,
dans la mesure où on ne les cache pas aux inspecteurs du roi. » Je roulai
le document et le rangeai dans ma sacoche. « Vous avez bien agi et je vous
en suis reconnaissant. Continuez votre enquête sans rien révéler pour le moment.
    — J’ai enjoint à Wentworth de garder secrète ma visite, sous
peine de s’attirer les foudres des services de lord Cromwell. Il ne dira rien.
    — Fort bien. Je vais agir au plus vite, mais j’attends d’abord
des renseignements en provenance de Londres. »
    Il toussota.
    « Pendant que vous êtes là, monsieur… La mère Stumpe a
demandé à vous voir. Je lui ai dit que vous deviez revenir cet après-midi et
elle s’est postée dans ma cuisine. Elle ne va pas déguerpir avant de vous avoir
parlé.
    — Fort bien. Je peux lui accorder quelques minutes. Au
fait, de quelles forces pouvez-vous disposer

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