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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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alors pas
d-du tout. Je l’ai chargé de rechercher les registres que vous avez réc-clamés
et vous d-devriez les recevoir très b-bientôt. » Il faillit glisser et je
le rattrapai par le bras.
    « Merci, monsieur. Sainte Vierge Marie, quelle neige ! »
    **
    Durant le reste du trajet, il fît surtout attention à l’endroit
où il posait le pied et nous ne dîmes pas grand-chose de plus jusqu’aux
bâtiments du monastère. Nous nous séparâmes dans la cour. Le frère Edwig
retourna à sa comptabilité et je pris le chemin de l’infirmerie. J’avais besoin
de manger quelque chose. Je pensai à l’économe : un scribe obsédé sans
doute par ses responsabilités financières, à l’exclusion de toute autre
préoccupation. Mais dévoué au monastère également. Serait-il capable de couvrir
une malhonnêteté pour le défendre, ou cela signifierait-il pour lui franchir la
frontière entre le blanc et le noir ? Ce n’était guère un homme plaisant
mais, comme je l’avais dit à Mark la veille, cela ne faisait pas davantage de
lui un assassin que la sympathie que j’éprouvais pour le frère Gabriel n’innocentait
celui-ci. Je soupirai. Qu’il était difficile de rester objectif au milieu de ce
genre de personnes !
    Tout semblait calme au moment où j’ouvris la porte de l’infirmerie.
La salle était quasiment déserte. Le vieux malade était tranquillement couché, le
frère aveugle dormait dans son fauteuil et le lit du gros moine était vide. Peut-être
le frère Guy avait-il réussi à le persuader qu’il était temps de partir. Un feu
pétillait agréablement dans l’âtre et je m’en approchai pour me réchauffer un
petit moment.
    Alors que je regardais la vapeur émaner de mes chausses
mouillées, j’entendis des bruits venant de l’intérieur. Sons confus, éclats de
voix, cris, ainsi qu’un fracas de vaisselle brisée. Les bruits se rapprochèrent.
Je regardai avec stupéfaction la porte s’ouvrir brusquement et un groupe de
trois personnes se démenant tant et plus débouler dans la chambre des malades… Alice,
Mark et le frère Guy entouraient une mince silhouette en chemise de nuit qui, se
dégageant de leur emprise, s’éloigna en titubant. Je reconnus Simon Whelplay, mais
ce n’était plus le moribond fantomatique que j’avais vu la veille. Il avait le
visage violacé, les yeux hagards et exorbités, une mousse de salive perlant aux
commissures des lèvres. Il semblait vouloir parler mais ne parvenait qu’à
haleter et éructer.
    « Sangdieu ! que se passe-t-il ? demandai-je à
Mark.
    — Il est devenu complètement fou, monsieur !
    — Cernez-le ! Attrapez-le ! » cria le
frère Guy. Les traits crispés, il fit un signe de tête à Alice qui passa d’un
côté en étendant les bras. Suivant son exemple, Mark et le frère Guy
entourèrent le novice qui s’était immobilisé et lançait des regards fous dans
toute la pièce. Le moine aveugle s’était réveillé et tournait la tête de tous
côtés d’un air inquiet.
    « Que se passe-t-il ? demandait-il d’une voix
tremblante. Frère Guy ? »
    Puis quelque chose d’atroce se produisit. J’eus l’impression
que, m’ayant aperçu, Whelplay se courbait immédiatement afin d’imiter mon corps
contrefait. Pour couronner le tout comme pour me narguer, il étendit les bras
et se mit à les agiter tout en remuant les doigts. Selon les gens qui m’ont vu
au tribunal, c’est, paraît-il, l’un de mes tics lorsque je suis surexcité. Mais
comment Whelplay aurait-il pu être au courant de cette manie ? Je revivais
une nouvelle fois mes années d’école, l’époque où des gamins cruels singeaient
mon allure, et j’avoue qu’en voyant le novice tituber en gesticulant, le dos
voûté, je sentis se hérisser les poils de ma nuque.
    Un cri poussé par Mark me ramena à la réalité.
    « Aidez-nous ! Par pitié, monsieur, attrapez-le, ou
il va s’échapper ! » Le cœur battant, j’étendis moi aussi les bras et
m’approchai du novice. Tout en avançant, je fixai ses yeux qui faisaient peur à
voir, égarés, leurs pupilles ayant doublé de taille, incapables de reconnaître
quiconque malgré la pantomime burlesque. Les paroles du frère Gabriel évoquant
des forces sataniques me revinrent à l’esprit et, saisi de terreur, je me dis
que le garçon était possédé du diable.
    Comme nous le cernions de plus en plus près tous les quatre, il
fit un brusque écart de côté et disparut par la porte à

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