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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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réalité. On dit qu’il a
un fort caractère, malgré ses origines modestes.
    —  En effet, monsieur le juge, c’est
un homme qui parle et agit avec force. Ah ! voici votre valet qui apporte
nos manteaux », m’écriai-je soudain, en ayant assez de son ton mielleux et
de ses flatteries.
    **
    L’asile des pauvres, long bâtiment peu élevé et fort délabré,
était situé à la lisière de la ville. Sur le chemin, nous passâmes devant un
petit groupe d’hommes en train de déneiger la rue sous l’œil d’un surveillant. Ils
portaient des blouses grises, bien trop minces pour un pareil temps, sur
lesquelles étaient cousues les armes de la ville. Ils s’inclinèrent au passage
de Copynger.
    « Des mendiants patentés, commenta le juge. Le chef
gardien sait très bien les employer à un travail honnête. »
    Nous entrâmes dans le bâtiment, non chauffé et si humide que
le plâtre des murs s’effritait en plusieurs endroits. Assises autour de la
salle, plusieurs femmes étaient occupées à coudre ou à filer devant un rouet, tandis
que dans un coin une rondelette matrone d’un certain âge fouillait dans un gros
tas de hardes malodorantes, aidée par un groupe d’enfants très maigres. Copynger
se dirigea vers elle pour lui parler. Elle nous conduisit à un petit réduit
propret où elle se présenta comme Joan Stumpe, la gouvernante chargée des
enfants.
    « En quoi puis-je vous aider, messieurs ? » Le
visage ridé était accueillant malgré les yeux marron perçants.
    « Messire Shardlake fait en ce moment une enquête sur
certains aspects du monastère, lui dit Copynger. Il s’intéresse au sort de la
jeune Orpheline Stonegarden.
    — Notre pauvre Orpheline ! soupira-t-elle.
    — Vous la connaissiez ? demandai-je.
    — C’est moi qui l’ai élevée. C’était une enfant trouvée.
Elle avait été abandonnée dans la cour de ce même bâtiment, voilà dix-neuf ans.
Un bébé qui venait de naître. La pauvre Orpheline ! répéta-t-elle.
    — Comment s’appelait-elle ?
    — Elle s’appelait vraiment Orpheline, monsieur. C’est un
nom qu’on donne souvent aux enfants trouvés. Nous n’avons jamais appris qui
étaient ses parents. Comme on l’avait découverte dans la cour on lui a donné
Stonegarden [3] comme nom de famille.
    — Je comprends. Et elle a grandi auprès de vous ?
    — Je m’occupe de tous les enfants. Un grand nombre d’entre
eux meurent en bas âge, mais Orpheline était robuste et elle a bien grandi… »
Elle détourna brusquement la tête.
    « Continuez, la mère ! s’exclama Copynger avec
impatience. Je vous l’ai déjà dit, vous êtes trop gentille avec ces gamins.
    — Leur séjour sur terre est souvent très bref, répondit-elle
avec vivacité. Pourquoi n’en jouiraient-ils pas un peu ?
    — Mieux vaut gagner le ciel en morceaux qu’aller intact
en enfer, rétorqua brutalement Copynger. La plupart de ceux qui survivent
deviennent voleurs ou mendiants. Poursuivez !
    — Quand Orpheline a eu seize ans, les chefs gardiens ont
dit qu’elle devait partir travailler. C’était triste parce qu’elle avait pour
amoureux le fils du meunier, et si on avait laissé la relation suivre son cours
ils se seraient mariés.
    — Elle était donc jolie ?
    — Oui, monsieur. Petite, blonde, avec un charmant et
doux minois. L’un des plus jolis visages que j’aie jamais vus. Mais le chef
gardien des hommes a un frère qui travaille pour les moines. Il a dit que l’infirmier
avait besoin d’une aide et on l’a envoyée là-bas.
    — Et cela s’est passé quand, dame Stumpe ?
    — Il y a deux ans. Elle revenait me voir pendant son
jour de congé, chaque vendredi, sans exception. Elle m’aimait autant que moi je
l’aimais. Elle n’était pas heureuse au monastère, monsieur.
    — Pourquoi donc ?
    — Elle ne voulait pas le dire. J’apprends aux enfants à
ne jamais critiquer leurs supérieurs, sous peine de tout perdre. Mais je voyais
bien qu’elle avait peur.
    — De quoi ?
    — Je n’en sais rien. J’ai essayé de le lui faire dire
mais elle a refusé. Elle a d’abord travaillé pour le vieux frère Alexandre et
lorsqu’il est mort le frère Guy a pris sa suite. Il l’effrayait, à cause de son
aspect bizarre. L’ennui c’est qu’elle avait cessé de fréquenter Adam, le fils
du meunier. Il venait la voir, mais elle me disait de le renvoyer. » Elle
fixa sur moi un regard pénétrant. « Et quand une femme se comporte

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