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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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parfaitement silencieux. C’est un riche appartement. Le parquet grince sous les pas du visiteur. Celui-ci ne prend pas la peine de frapper pour se faire annoncer, après tout il est attendu, il ouvre donc la porte. Monsieur de La Veyre est assis devant une cheminée qui ne fume plus. Il pose ce livre qu’il tenait à la main, et sans un mot, prie l’arrivant, qu’il vient de reconnaître, de bien vouloir s’asseoir en face de lui. Fargis prend ses aises, il pose son chapeau, enlève ses gants qu’il garde dans une main, replie sa cape sur son épaule, et attend patiemment qu’on lui serve à boire. Monsieur de La Veyre va en effet répondre aux devoirs élémentaires de l’hospitalité et lui verser un doigt de porto. Cette formalité remplie, il faut maintenant en venir aux faits.
    — À grands seigneurs, peu de paroles. Quel sujet vous amène, monsieur Fargis ?
    — Une affaire qui peut rapporter beaucoup.
    — … S’il s’agit d’une partie gagnante, vous tombez mal. Je suis dans une mauvaise passe. Hélas, mon père que vous avez bien connu, je crois…
    — En effet…
    — Mon père peut se retourner dans son cercueil. L’héritage qu’il m’a laissé est parti en fumée. J’ai beaucoup perdu à cette table de jeu où vous m’avez reconnu hier au soir. Avez-vous été heureux de votre côté ? Je vous ai quitté un peu vite, j’espère que vous ne m’en voulez pas ?
    — Mais vous n’avez pas à vous excuser. Non, je n’ai pas été en veine, et pour moi non plus ce n’était pas un bon soir. Cependant, je suis aujourd’hui en possession d’une information qui, bien utilisée, pourrait effacer toutes les erreurs d’hier et nous remettre au plus haut de la roue.
    — Vous m’intéressez. Mais, je vous le répète, je n’ai plus les moyens de mener la grande vie, ni d’engager de folles dépenses.
    — Je le sais bien. En vérité, je me suis un peu renseigné à votre sujet.
    — Ah…
    — Je sais qu’il vous reste un petit château, en Anjou, le reste…
    — … Est passé en d’autres mains, par la faute des cartes. La nature m’a comblé, mais la fièvre du jeu m’a tout repris.
    — Rien n’est tout à fait perdu, il y a toujours moyen de se refaire. Voici la chose. Vous savez peut-être que je travaille depuis quelques années maintenant pour monsieur Henri de Gaillusac.
    — On dit même que vous n’êtes rien moins que son ombre.
    — C’est cela. Évidemment, tout ce que je vais vous dire ne doit pas sortir de cette pièce, je parle sous le sceau de la confession.
    — Bien entendu.
    — Monsieur de Gaillusac est également joueur, à sa manière. Il vient de miser sa tête et sa fortune récemment restaurée sur une histoire de conspiration.
    — Diable… votre affaire sent donc la poudre ?
    — La poudre d’or. Mon maître est désormais l’ambassadeur d’une cabale qui entend…
    — Qui entend ?
    — Disons le mot et la chose : mettre à mort Son Éminence le cardinal de Mazarin.
    — Eh bien !
    — Et cela est tout à fait sérieux. Je n’ai pas besoin de vous donner les noms des Intrigants, mais sachez qu’ils sont aussi puissants que fortunés.
    — Bien sûr. J’imagine que ce sont toujours les mêmes, et sinon les mêmes, leurs descendants. La folie des complots est une maladie du sang qui ne frappe que les Grands.
    — En l’occurrence, deux moyens avaient été retenus : le poison ou l’attentat.
    — Rien de nouveau.
    — C’est un grand classique en effet. Le poison n’est plus à l’ordre du jour. Disons que l’actrice en titre – une femme – quitte la scène… Je vous en apprendrai davantage ensuite. Pour l’attentat, les pourparlers avec les mercenaires auront lieu dans les prochains jours. L’exécuteur chargé des hostilités sera comblé de richesse, en cas de réussite.
    — Mais encore ?
    — Eh bien, j’imaginais que ces richesses pourraient justement tomber dans les caisses de gens vertueux plutôt que dans le gousset d’un chef de bande.
    — Par quels moyens ?
    — Je vous l’ai dit, les Conspirateurs payeront sans compter celui qui aura la bonté de jeter pour eux le cadavre de monsieur de Mazarin dans un trou en terre.
    — En quoi cela nous concerne-t-il ?
    — C’est fort simple. Il suffirait de devancer l’attentat, de revendiquer l’action, et d’empocher la somme. Au fond, peu leur importe l’art ou la manière pourvu que le Diable rouge disparaisse.
    — Je vois. Vous avez donc songé à un autre plan, de

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