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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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perd sa fleur. Tu as mal, tu saignes…
    Il se tourne vers l’un de ses compagnons, et lui dit :
    — Mille pistoles pour ce drôle.
    L’autre se rebelle.
    — Tu plaisantes ?
    — Exauce mes désirs et ne discute pas.
    La somme demandée est lancée de loin. L’homme l’attrape au vol, se retourne et me la tend :
    — Voici de quoi te guérir, panser tes plaies, connaître le plaisir, y prendre goût jusqu’à rendre l’âme… Prends, insiste-t-il, prends et monte. Monte dans l’une de ces chambres, je t’invite à découvrir cette senteur animale qui va désormais te coller à la peau : l’odeur d’une femme.
    Il me lance la bourse, je l’attrape. Puis il reprend :
    — Dieu m’aime. Je viens de toucher un héritage. Papa est mort. Je n’y croyais plus. Me voici riche comme le pape. Alors ? C’est entendu ? Sans rancune ?
     
    Je passe la bourse sous mon pourpoint. L’autre se méprend.
    — À la bonne heure, me dit-il. Maintenant, range cette épée et suis-moi. Il n’est pas impossible que nous devenions les meilleurs amis du monde. Les grandes amitiés, le sais-tu, partent souvent du mauvais pied. Dans un an, on en rira, et c’est toi qui raconteras l’histoire.
    Mais l’épée reste à sa place.
    — Eh bien, que fais-tu ? me demande-t-il, je crois m’être fait pardonner pourtant.
    — Avec cette bourse, dis-je, je me paye sur votre personne. Faute d’une casaque de mousquetaire aux couleurs du roi, je me ferai tailler un habit rouge et je ne répondrai qu’à la volonté de la flamme qui m’anime !
    L’autre voit bien qu’il n’y a pas à discuter.
    Il sort l’épée, se met en garde.
    — Un habit rouge… Pauvre de toi ! me dit-il en levant la main pour appeler ses complices en renfort. Nous allons en effet te coucher dans un drap de sang ! À moi Vairsac ! Duvivien ! Jolimont ! Rendons-lui les hommages par quatre lames à la fois, puisque ce drôle veut mourir dans la pourpre !
    Un carré va se former, on m’enferme de tous côtés.
    — Pas devant chez moi ! crie l’ogresse. Floralie, va chercher le guet !
    Une prostituée descend les marches.
    Monsieur Philippe a un mot :
    — Par crainte du qu’en dira-t-on – le comble chez une putain – la mère Violay vient de perdre ses meilleurs clients ainsi qu’une employée modèle ! Vairsac, coupe-lui les jambes et réglons ce différend sans plus de témoins.
    Le maraud va en effet se diriger vers la fille qui voit une pointe de rapière avancer vers elle. Je m’élance et j’interpose le fil de ma lame pour contrer l’assassin.
    En sauvant cette femme, je la laisse partir accomplir son devoir, je libère le destin.
    Il peut encore être contrarié. L’un de mes adversaires prend la relève. Il sort une dague, arme son bras et vise la fugitive qui gagne le bout de la rue, à l’instant où paraît un homme, face à elle. Cet homme, c’est Henri.
    Qui tombe, meurt
    Henri est revenu à lui, et pour la seconde fois, il m’a retrouvé.
    Avant que la dague soit projetée, qu’elle atteigne cette femme ou cet allié qui se trouvent si rapprochés, je fais voler mon épée vers le tireur. Le tranchant de ma lame ne fait qu’effleurer ma cible, mais cela suffit à dévier son arme. La dague n’atteint pas son but. Quant à moi, je suis désarmé.
    Henri laisse la fille s’échapper, et court vers moi pour me venir en aide. Il prend un coup d’épée, sous la clavicule, un coup qui m’était destiné. Mais le Lion tient debout et riposte aussitôt, en portant l’estoc au ventre de son adversaire.
    Je peux reprendre mon arme.
    Les duellistes se rassemblent dans un cercle étroit. Henri et moi sommes dos à dos. Les fers se croisent. Les couperets s’aiguisent les uns sur les autres. D’un geste hardi et prompt, Henri parvient à paralyser un faisceau de lames, à bloquer l’offensive. Il repousse l’étreinte qui se resserre, nos ennemis reprennent de la distance et nous rendent un peu d’air.
    On se remet en garde, avant de revenir à l’attaque.
    Pendant ce temps, Monsieur Philippe croit reconnaître Henri…
    — Vous, dit-il ! L’homme qui n’a qu’un bras !
    Je n’ai pas le loisir d’en apprendre davantage.
    Voyant que l’homme ne se couvre plus, qu’il baisse son arme, par l’effet de surprise, Henri saisit l’ouverture, il crée l’effroi en se fendant au plus haut. La pointe de sa rapière traverse la bouche de mon ennemi et ressort aussi sec, couverte de sang.
    — Un seul suffira ! dit-il pour

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