Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi
qu’on tienne la prisonnière à l’écart, qu’on la lui garde, il donne une épée à ce jeune homme, pour qu’il puisse se défendre. Le cavalier met pied à terre et sort sa rapière.
Diego refuse de se battre. Il veut s’expliquer, dire que tout ceci est un malentendu tragique, mais Malavida ira jusqu’au bout.
— Je peux t’apprendre quelque chose qui te donnera du courage et l’envie de vaincre. Avant de venir sur les lieux de l’exécution, de t’enlever à la mort, je suis allé chez toi, et j’ai serré le cou de ta mère entre mes mains, je l’ai étranglée. Elle est morte.
Diego croit devenir fou.
Il se jette sur son ennemi.
Le combat est âpre.
Diego est blessé à l’épaule. Il perd du sang. Il est désarmé. Malavida va en finir. Mais à cet instant, Francisco, tenu entre deux hommes, est parvenu à s’échapper, il ramasse l’épée de Diego, il s’interpose devant le coup de grâce en portant le sien. Coup fourré. Il est blessé à mort, tandis que Malavida s’écroule, terrassé.
Diego relève la tête de son ami, qui implore le pardon… et meurt le sourire sur les lèvres.
En constatant l’issue du combat, les hommes de Malavida relâchent la prisonnière.
Diego peut la serrer dans ses bras, mais après l’avoir embrassée, il perd connaissance.
Adieu, mon amour
Quand il ouvre les yeux, Diego est couché sur un lit.
Gabriela est à ses côtés, elle l’a soigné.
Elle caresse son visage.
Où sont-ils ?
Près du port.
Un navire attend.
Diego se redresse. Il a retrouvé un semblant de santé, mais Gabriela, elle, est bien pâle. Comme si le sang se retirait lentement de son visage.
— J’ai appris la vérité, dit-elle, pendant que tu dormais. La nuit dernière, je suis sortie, en cachant mon visage, car tout le monde nous cherche. Je suis allé trouver Roberto. Il m’a assurée que ta mère vivait toujours. Ce Malavida avait menti pour te pousser à bout.
Gabriela montre un petit sac posé sur une table.
— Il y a là des pierres précieuses, une fortune, elle est à toi. J’ai payé le silence d’un capitaine. Tu pourras partir, commencer ailleurs cette nouvelle vie dont tu rêvais, tu es si jeune…
— Mais c’est avec toi, toi ma femme, puisque nous voilà mariés, unis devant Dieu, même si cela fut si soudain, c’est avec toi que je partirai ! Nous ne nous quitterons plus. Je ne suis pas ton ennemi. J’ai appris la vérité sur don Ruis, et cet homme qui se fit passer pour mon père avait assassiné le mien. Nous sommes libres, aucun glaive ne peut nous séparer, aucune main ne peut étouffer notre amour, l’avenir nous appartient.
— Hélas, il est trop tard.
— Trop tard, mais pourquoi ?
— Ce soir-là, quand don Ruis est mort, quelqu’un d’autre fut empoisonné.
— Quelqu’un d’autre ? Qui ?
— Moi.
— Impossible…
— Hélas, je croyais que tout était perdu entre nous, qu’en accomplissant mon devoir de fille, j’allais faire mourir mon cœur de femme. Comprends-tu ? Et je ne voulais plus vivre. Plus vivre sans toi. Je ne voulais pas périr dans les flammes. J’ai bu un poison qui grimpe lentement dans mon corps. Il est en retard, il m’a laissé la joie de te revoir, de te soigner… de préparer mon départ. Le mien est imminent.
Diego, à son tour, veut boire à la coupe fatale, mais Gabriela le lui interdit.
— La vengeance, dit-elle, n’est que poison, l’amour, lui, doit être source de vie, rien ne doit l’éteindre, pas même la séparation…
Diego doit jurer qu’il continuera de vivre, qu’il continuera d’aimer.
— Un grand destin t’attend, dit Gabriela, alors que le souffle lui manque. Je l’ai vu, je l’ai toujours su, accomplis ta mission, sois grand, généreux, pardonne et souviens-toi de moi. »
Adhésion
Dans la chambre du roi comme dans celle de ce modeste hôtel où séjourne le mystérieux François de Lyon, le silence accompagne les derniers mots de l’orateur. Ce silence, c’est le triomphe de l’émotion.
Ce silence, c’est la communion des âmes. Le théâtre est une messe.
D’Artagnan doit pourtant reprendre ses aventures. Ses aventures qui sont celles de tout un groupe.
« — Eh bien, qu’en pensez-vous ? demande Hercule au poète François de Lyon, quand tous attendent sa réaction.
Celui-ci se contente de lever ce verre auquel il n’a pas touché, de respirer l’arôme du nectar, de le porter en bouche, et de l’avaler en fermant les
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