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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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reste, délaissant les miens, abandonnant devant l’autel celle qui devait être mon épouse, j’ai traversé les mers. Je méprisais les tentations du monde, il me semblait que l’esprit du mort me parlait à l’oreille, appelant le châtiment du coupable, les soulagements de la vengeance ! Je suis allé jusqu’en Terre Sainte retrouver ce meurtrier. Là je touchais enfin au but, après avoir mis mes pas dans ses empreintes, je voulus le surprendre, tuer à sa manière, comme un reître, dans les ténèbres. Il faisait nuit, j’ai porté mon coup. Mais l’homme agonisant, rampant, vivait encore. Alors, j’ai ôté mes gants et je l’ai étranglé de mes propres mains. Ce pèlerin était venu en Palestine expier ses fautes. Une maladie terrible le rongeait : la lèpre. Je suis devenu pareil à lui et depuis je traîne ma chaîne, songez-y, messieurs ! Songez-y !
    Don Juan de Tolède jette sa bourse à ce mendiant, qui attrape la somme et se retire.
    Edmond de Villefranche baisse son arme. Mais il n’est pas dupe.
    — Votre mendiant a la main bien leste, dit-il. Une main de vingt ans. Du reste, vous l’avez payé comme il le méritait, car ce comédien a du talent, je ne le nie pas. Et j’avoue que son histoire n’est pas dénuée d’enseignement. Comment se nomme-t-il ? Le connaît-on ?
    — Maintenant que vous le dites, répond don Juan de Tolède, le visage de cet inconnu qui a levé un front un court instant, me dit en effet quelque chose. Je crois bien avoir reconnu cet impossible Molière. Que voulez-vous, la rue est décidément son théâtre.
    — Bien. Puisque l’entracte est achevé… si nous reprenions ? propose Edmond en relevant son arme.
    Le sort en décidera
    Cette fois encore, je ne peux rester les bras croisés.
    Je m’avance.
    — Bas les armes, messieurs !
    — Mais combien en avez-vous sous la main ? demande Edmond à son adversaire.
    — Je crois que celui-ci, répond le don Juan en me désignant, vient de son propre chef, en dépit de mes avertissements, n’est-ce pas, monsieur Amadieu ?
    Personne ne vient, nul ne nous entend. Nous sommes seuls, la rue est déserte. Je me découvre.
    — D’Artagnan ! dit Edmond de Villefranche. Ainsi, vous aussi vous saviez ! Cet espion, dit-il en désignant don Juan, vous a tout raconté !
    — Cet espion, en dépit des méthodes qui peuvent vous sembler…
    — Déplacées ? demande le gentilhomme.
    — Peut-être, oui, dis-je,… joue pourtant franc-jeu. Il vous a avoué quel rôle il avait tenu hier soir, il aurait pu le taire. En revanche, les ennemis du cardinal, eux, sont tout autres, ils entendent bien se servir de votre précédent, de votre cœur, pour triompher des alliés de Son Éminence. S’ils ignorent que don Juan de Tolède est l’agent du cardinal, ils n’aiment guère vous voir mettre le nez dans leurs affaires. Ils veulent votre silence. Ils parrainent ce duel que vous voulez engager, en espérant que vous en sortirezles pieds outre ! Nous manquons de temps pour en dire davantage. Songez, en votre âme, quelles conséquences entraîneront cette lutte jusqu’au dernier sang !
     
    Voyant qu’Edmond hésite encore sur le parti à prendre, don Juan lui force la main.
    Il sort une pièce de son gousset.
    — Face, ne remettons pas au lendemain ce que nous pouvons solder par les armes aujourd’hui même, pile, nous différons la rencontre.
    L’aventurier jette la pièce dans les airs, mais avant qu’elle ne retombe dans la main de son propriétaire, Edmond la saisit au vol.
    — Soit, dit-il. Nous terminons ce que nous avons commencé, nous mettons en déroute cette Cabale en joignant nos forces, je fais tomber monsieur de Gaillusac, je prends sa tête, je retrouve ma dignité et mes biens, et enfin pour achever de restaurer mon honneur, une fois nos ennemis derrière les barreaux ou sur l’échafaud, je vous donne rendez-vous sur le pré. Là, nos routes se sépareront tout de bon. L’un poursuivra la sienne ici-bas, et l’autre se présentera genoux en terre, à la porte du Grand Tribunal.
    Le début et la fin
    Edmond se tourne vers moi :
    — Je venais, en partant de l’hostellerie du Soleil d’or , de vous faire parvenir un billet. Puisque vous êtes là et que le temps presse, je puis vous l’apprendre de vive voix : les conspirateurs iront aux deux heures de l’après-midi, retrouver Lanteaume et sa bande sur ces terres qui furent les siennes.
    Après avoir complimenté Edmond pour cette information qui lui

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