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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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volontiers pour imposer le silence dans la salle, à croire que la mort, dis-je, veuille surprendre le public d’une tout autre manière, en se refusant le droit absolu d’avoir le dernier mot.
Les duellistes eux-mêmes en semblent convaincus.
    Aussi leurs épées se baissent-elles de concert.
    Tout ce qu’il y a de bon
    — Diable, dit don Juan, votre attaque était bien menée. À dire vrai, je croyais être le seul à la maîtriser si parfaitement.
    — C’est pourquoi, répond Edmond, vous êtes parvenu à la contrer… ce qui m’a fort surpris. Au vrai, j’étais pourtant convaincu de vous tuer, car jusqu’à présent, personne ne s’en était jamais relevé.
    — C’est tout pareil pour moi. Je me suis aussitôt dit après vous, si ce n’est point mon tour, c’est donc le sien, terminons l’assaut par une victoire, si pénible soit-elle. Mais alors vous avez réussi là où tout autre aurait échoué, vous êtes parvenu à rester debout, à garder votre lame, à conserver votre âme.
    — Nous parlons la même langue.
    — Nous venons du même pays ou nous avons eu le même précepteur.
    — C’est au fond assez simple à comprendre, dit Edmond. Mon père a fait ses armes aux côtés d’Henri de Maisonneuve.
    — C’est ainsi, je suppose, que vous avez fait la connaissance d’Hercule.
    — Oui, en effet, d’Hercule…
    Le gentilhomme semble vouloir en dire davantage, mais il en reste là.
    — Henri fut mon maître. Je lui dois tout. Tout ce qu’il y a de bon, conclut l’aventurier avant de se remettre en garde.
     
    Cette fois, c’est à moi de prendre la parole.
— S’il y a trop de sang entre vous pour que vous puissiez vous embrasser comme deux frères, ne croyez-vous pas, Edmond, que toutes ces âmes que vous évoquez l’un l’autre, chers pour l’un, chers pour l’autre, chair de l’un, chair de l’autre, s’interposent sans cesse, réclamant la fin des procès ?
     
    — Mais je vous remercie, d’Artagnan, dit le gentilhomme en baissant son arme, d’exprimer le fond de ma pensée. Je répugnais à ce combat que je n’acceptai de livrer qu’à mon corps défendant. Eh bien, monsieur de Tolède, brisons là sur ce chapitre et puisqu’il nous est impossible de croiser le fer sans toucher le cœur de quelque proche, vivant ou mort, car les morts continuent d’aimer comme les vivants ne cessent de mourir, eh bien, serrons-nous la main.

Un oiseau de paradis
    La pluie a cessé, la paix est revenue. Mais notre départ est encore retardé.
    — Attendez-moi, dit don Juan, c’est l’affaire d’une minute.
    — Mais enfin, où allez-vous ? dis-je.
    — Nous avons l’essentiel, dit don Juan, la moitié de ce parchemin qui sans cesse se dérobe ainsi que la jeune et adorable Margaux, fille de notre chère Éminence, mais il nous manque encore des éléments de première nécessité sans lesquels nous ne pourrions mener à bien notre mission.
    — Eh bien, si cela est si décisif, laissez-moi vous accompagner. Je marche avec vous, que vous le vouliez ou non.
    — Dans ce cas, dit Amadéor, baissez la tête et remontez le col de votre cape, car là où nous allons, certains vous connaissent.
    — Diable, nous retournons là-bas ?
    — Vous m’avez bien compris. Mais ne faisons pas attendre les autres.
     
    Une fois encore, à force d’audace et de désinvolture, don Juan s’attire les faveurs de la Chance, sa bonne amie. Si elle lui avait fait défaut au commencement de son existence, jalonnant sa route d’épreuves et d’obstacles infranchissables, je crois qu’elle voulut ensuite se faire pardonner de l’avoir tant fait souffrir.
Nous ne rencontrâmes aucune difficulté, nous n’eûmes point à tirer l’épée, tout juste fallut-il encore donner le mot de passe pour abaisser les hallebardes et déjouer la vigilance des sentinelles. Pour le reste, ce fut une affaire rondement menée, à l’emporte-pièce. Nous sommes entrés, nous avons choisi, nous nous sommes servi et nous sommes repartis, pas un coup de feu, pas un cri d’alarme.
    Personne ne s’effaroucha, ni ne songea à lancer des cavaliers à notre poursuite.
    — Les gens osent si peu, me dit don Juan, mais qu’ont-ils donc à perdre de si important ? Le fil de leur vie ne leur appartient pas et le reste file entre les doigts. Qui n’a rien à perdre peut tout obtenir.
     
    Le plus gros danger que nous courûmes dans cette mésaventure, nous le rencontrâmes en retrouvant les nôtres.
    Cette fois, il

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