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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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Richelieu, apprenant les faits, préféra les taire au grand public. La raison de cette omission est purement politique. Mieux valait punir un gentilhomme ayant défié les interdits, et donc son autorité, qu’un malheureux soldat tenu en disgrâce, poussé par l’indifférence de ses gouverneurs, de ceux qu’il s’était juré de servir jusqu’à la mort, à vendre son épée pour gagner son pain, nourrir les siens.
    Origine de l’Alouette. Dans le bleu du ciel
    “Comprenez ma stupeur, chevalier, me dit don Juan en terminant ce récit, il faut que ce soit Lanteaume qui me confesse la vérité, dans ce lieu qui n’a rien d’une église, si ce n’est la froideur des pierres. Mais il est vrai que j’ai l’habit, que je porte la croix.
    Henri est mort, pour ceci et pour cela. Je ne suis plus seul sur le banc des accusés. Tous les étages de la société y sont désormais rassemblés. Du premier jusqu’au dernier degré. En haut l’État, cette grande machine de guerre, en bas le rejeton d’une lignée d’exécuteurs, ici la tête, là le bras… et au milieu, le corps, un homme pris dans la tourmente, mi-partie d’ombre et de lumière, un profil romain et son revers, l’honneur d’un côté, la honte de l’autre.
    Je serais bien en peine, aujourd’hui, de vous dire ce qu’est le destin. L’ouvrage d’une vie, fabriqué à la force des mains ? Une ébauche que l’on parfait ? Ou bien une poutre tombée du toit, à l’instant où vous passiez justement sous la charpente.
    Mais toutes ces réponses obtenues, me dit l’aventurier, ne résolvent pas notre situation présente. Il faut sortir, je veux emmener Lanteaume avec moi, bien que je puisse encore faire machinearrière. Mais le brigand refuse pour une simple raison, ses hommes, eux, croupissant aux étages inférieurs, sans doute promis pour certains à la corde, ne pourraient nous suivre. Je manque de temps, et je ne suis pas venu chercher une troupe mais une tête. Lanteaume est catégorique, S’ils restent, je demeure . Je ne trouve qu’un moyen de le convaincre : C’est Main-gauche, ton fidèle lieutenant qui t’a trahi . Le regard de Lanteaume s’enténèbre. Une illusion de plus vient de le quitter, une autre flamme vient de s’éteindre.
    Pour rallumer ce foyer intérieur qui meurt en silence, car l’homme reste immobile, je décide d’attiser le feu de la colère. Et Main-gauche a fait bien davantage, il a violé ta fille. Il l’a prise de force.
    Cette fois, Lanteaume se jette sur moi, ses mains à mon cou. Tu mens, me dit-il, tu mens ! Entendant ce mouvement de révolte, le capitaine des portes s’approche, je le renvoie encore, Tout va bien, dis-je après m’être dégagé de l’étreinte, avoir repoussé le prisonnier au fond de son cachot.
    — Venge-la, lui dis-je, tue-le, sortons. Je lui tends la main.
    Mais Lanteaume reste hagard.
    — L’Alouette, me dit-il, je l’ai perdue. Je suis né au milieu des ombres, le châtiment abattant la maison de mon père arma mon bras et ma colère. Je meurs en constatant la ruine de mes espérances, mais puisse Margaux connaître par la main d’un autre ce bonheur que je n’aurais pu lui offrir. Quand je la pris avec moi, dans ce couvent en flammes, tandis que l’aurore éclairait un territoire dévasté, encombré de morts, de femmes percées après avoir été outragées, la petite, serrée contre moi, entendit une alouette chanter dans les arbres. C’est la voix du bon Dieu, me dit-elle. Elle avait un visage d’ange, je lui ai donné ce nom et la voici qui s’envole.
    Ces mots dits, Lanteaume s’est redressé, l’œil brûlant de nouveau. Il était prêt à me suivre. C’est alors que vous êtes arrivé. Puisque ses chances étaient condamnées, j’ai voulu lui rendre un peu de liberté, le dégager de cette prison où il n’avait pas sa place, lui faire respirer l’air des hauteurs.
    Lanteaume ne devait pas mourir sur une estrade, au milieu de la foule ingrate, retournée contre lui, mais seul, dans le bleu du ciel.”

Chapitre cinq
    Le testament de François de Lyon

Acta est fabula
    « Majesté, dit d’Artagnan en posant la main sur le bras de l’enfant, nous devons laisser là notre ami don Juan de Tolède, et revenir au monde.
     
    Du côté de la rue Saint-Sauveur bien des choses se sont passées pendant mon absence. À mon retour , Acta est fabula , la pièce est jouée, le rideau est tombé. Les spectateurs sont tous repartis chez eux, l’âme

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