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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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cheval et saute au cou d’Hercule qu’il entraîne à la chute.
    Main-gauche vient de lui griffer le visage. Hercule est marqué, il se débat, porte la main à la gorge de son adversaire. Je vais rejoindre don Juan de Tolède sur l’échafaud, pour libérer le page. Mais devant moi, Bastoche grimpe le premier. Je veux le retenir… Hélas, je ne parviens pas à lui saisir le bras, il est déjà monté. Je peste, car son intervention risque de lui coûter la vie. Repoussépar don Juan de Tolède, Main-gauche roule sur l’échafaud. Quand il se relève, l’épée de justice est à portée de main, de son unique main, mais cette main, il l’a dit, et cela est vrai, est forte pour deux. Ce poids, elle le relève sans peine et le brandit comme si elle soulevait un simple bâton. D’un même élan, sa griffe de fer se referme autour du cou du précieux informateur. L’enfant est soulevé de terre et conduit sur le billot.
    — Lâchez tous vos armes ! ordonne l’ancien second de Lanteaume, ou je lui tranche la main.
    En effet, un des hommes de Main-gauche tient le bras de l’enfant, l’obligeant à garder la main ouverte sur le socle de bois. Bastoche ne peut rien faire. Au-dessus de lui, le couperet retenu par Lamortdieu menace de tomber. Sa sentence est la suivante :
    — Toi, dit-il à Hercule, prends une arme et tue cet homme que tu as si vaillamment défendu, ce don Juan de Tolède qui cache si bien son nom et son vrai visage.
    Hercule est paralysé. Amadéor s’approche. Il est résolu. Il tend un pistolet à son fils. Fais-le, dit-il.
    — Oui, fais-le, dit encore Main-gauche, ou je tranche la main de cet enfant pour m’avoir volé ma vengeance. Choisis, mais choisis vite.
    Hercule arme le chien, la main tremblante, le visage sanglant.
    Main-gauche ! crie une voix à quelque pas.
    Le brigand tourne la tête pour voir qui l’appelle, cette voix, il la reconnaît.
    La dernière image qu’il emporte avec lui est celle de cette jeune femme qu’il a aimée puis haïe, par dépit. Un couteau a sifflé dans l’air, la lame a frappé au front, pénétrant de plein fouet ce fameux point vulnérable indiqué par le maître don Juan de Tolède. Main-gauche lâche son arme avant de s’effondrer à son tour, mort sur le coup.
    Quia nominor leo…
    Une compagnie d’archers arrive au loin. Pour ne rien vous cacher, Sire, je suis prêt à désobéir à mon devoir, à leur fausser compagnie, et à mener don Juan de Tolède en sûreté loin de cette place ensanglantée, ou du moins à l’accompagner dans son échappée, car Margaux, notre frondeuse passe devant moi, entenant les rênes d’un autre cheval qu’elle va pouvoir offrir à l’aventurier. Je la suis.
    Nous approchons de l’échafaud. Mais alors que plus rien ne semble pouvoir désormais empêcher la délivrance du condamné, tout bascule. Ce bourreau auquel on ne prêtait plus attention s’est relevé, il saisit entre ses deux bras de fer le corps de son frère. Au même moment surgissent d’autres cavaliers, venus à la traverse. Ils sortent des pistolets de leurs fontes et tiennent la fille de Son Éminence en otage… pour la seconde fois.
    Les archers se rapprochent. Cependant, les cavaliers s’arrêtent. Ils ont des ordres. La prisonnière est remise à celui qui semble être le chef de cette nouvelle troupe.
    Ce chef au demeurant a pris son initiative sur le vif, comme il a rassemblé ces troupes sur le chemin de la déroute. N’espérant plus être payés par Main-gauche qui venait de tomber, les poches percées, ils acceptèrent de bon gré de servir un autre maître tout aussi riche que le précédent et non moins audacieux.
    Oui, ce jeune chef nous toise, en tenant serré contre lui, un pistolet à la main, le corps de cette captive. Faute d’un bouffon que j’aurais couvert d’or et que j’ai laissé s’enfuir, je réquisitionne cette beauté du diable . Puis, sans craindre l’approche du guet, l’arrogant dompte sa prisonnière en la prenant par les cheveux et en lui disant : Tout doux, ma reine, toi tu auras davantage, l’or et les baisers, des terres, des châteaux, je ferai de toi ma préférée, ma sultane, mon caprice !
    Mais c’est folie de tant parler, et la rebelle ne l’entend pas de cette oreille. Profitant que son ravisseur la tient serrée contre lui, elle lui donne un violent coup de tête, par l’arrière, et elle se jette au sol, pour rouler à terre.
    Le cavalier, blessé dans son amour propre, comme dans

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