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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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bonne humeur, sa franche gaieté. Il voit Fortunio et l’interroge :
    — Où en sont les paris ?
    — Ils ne cessent de monter, vous crevez le plafond.
    — J’adore cette garce ! dit-il.
    La frondeuse a dévalé les marches.
    Contre toute attente, don Juan marche désormais sur elle. Elle porte une attaque, puis deux, puis trois, elles sont toutes parées. La belle doit reculer, puis se trouver dos au mur, sa lame bloquée. L’aventurier semble la tenir à sa merci.
    — … S’il s’embrase quand sonne le tocsin, ce feu intérieur, je devine pourtant ce qu’il peut être quand la colère ne le fait plus rougir.
    — Ah oui ?
    La frondeuse ne laisse rien paraître, mais son rival commence à avoir le dessus.
    Pour ne pas se trahir, la belle reste agressive. Elle force la résistance qu’on lui oppose, en prenant appui sur sa butée. La furie sort de sa cage, toutes griffes dehors.
    Mais au lieu de reculer encore, don Juan décide de faire barrage. D’une main, on croise le fer, de l’autre, on frappe. Notre aventurier reçoit une gifle, un coup de coude, il riposte avec une égale brutalité, au mépris des usages. La frondeuse est bousculée, elle va tomber, mais l’aventurier la retient. La belle se redresse, on s’empoigne, don Juan de Tolède finit par faire sauter son arme. Il la tient à distance, du bout de son épée, et termine ce qu’il avait à dire :
    — Une clarté pour les affligés…
    Il baisse son épée, se rapproche, s’apprête à prendre son dû.
    La jeune femme semble résolue à se laisser faire.
    Ces derniers mots vont sans doute la faire succomber :
    — … Un foyer pour l’amour.
     
    Mais quand il peut enfin embrasser ces lèvres, don Juan s’écarte.
     
    Il reprend son chapeau, le remet à sa place, et dit encore :
    — Vous avez raison, un baiser ne vaut rien quand il est volé.
    Puis, d’un geste, il tranche le lien retenant l’une des deux bourses à la ceinture de la jeune frondeuse. Il saisit ce butin et s’explique :
    — Le prix de votre résistance.
    — Mauvais choix, répond la jeune femme en se dégageant.
    Échappée belle
    Elle s’en va, la tête haute. Au passage, on la salue avec respect. Elle reprend également son chapeau ainsi que son pistolet tombé dans l’auberge, qu’un admirateur lui a rapporté… Elle cherche, dans l’assemblée, le propriétaire de l’épée. Elle l’aperçoit plus loin, à l’écart de la tribune, elle se porte vers lui.
    Je m’adresse à Bastoche, discrètement :
    — Suis-la, je veux savoir où elle va et retrouve-moi discrètement à l’hôtel de Bourgogne.
    Je lui verse quelques deniers supplémentaires pour son entrée.
    — Nous n’irons pas aux loges ? me demande-t-il avec le sourire.
    — Rien ne vaut le parterre. Tu iras de ton côté et moi du mien. Une fois sur place, vois tout ce qui intrigue, tu me feras ton rapport ensuite.
    Mon informateur s’éclipse. Je rejoins don Juan de Tolède.
    Tous ces paris lui ont réussi, il reçoit sa part.
    Une part qu’il divise aussitôt, certain d’être plus riche qu’il n’en a besoin. Molière et sa troupe sont ainsi payés de sa main pour ce menteur qui avorta de son dénouement, un peu par sa faute. Ces comédiens lui sont désormais dévoués corps et âme, il vient de se les attacher à jamais. Mais après cette distribution qui lui fait honneur et lui assure des amitiés dans les sentiers ténébreux de Paris, notre aventurier se voit revenu à la case départ. Lui etFortunio ont beau chercher, cette lourde bourse qui pendait à sa ceinture s’est envolée.
    — La garce ! s’exclame don Juan de Tolède en riant. Pendant que je prélevais ouvertement une grappe d’écus à sa taille, elle me dérobait sournoisement le plus gros de notre fortune.
    — Toute notre fortune ! corrige Fortunio, qui présente à son ami la bourse qu’il vient d’arracher à la pointe de l’épée. Nous n’avons pas même de quoi nous payer un lit…
     
    — Diable, soupire l’aventurier en ouvrant la bourse, et en voyant ce qu’elle contient, et l’aubergiste à qui je dois encore ! Fortunio, il faut reprendre la route. Monsieur d’Artagnan, ouvrez la marche, nous vous suivons ! Tous à l’hôtel de Bourgogne !
    — Mais pour nos places, s’inquiète le troubadour, comment les payer ? Misère, faudra-t-il encore glisser sa main aux côtés des pourpoints ?
    — Il faudra s’en remettre à la Providence et aviser sur place.
    — Allons, messieurs, dis-je, ce qui

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