Douze
Iouda, répondis-je.
Pour ma part, je n’étais pas certain de l’option la plus probable. Vadim était un peu plus âgé que nous, et ses compétences dans ce type de travail n’avaient jamais été tout à fait au niveau des capacités dont Dimitri, Max ou moi faisions preuve. Max y avait toujours excellé : aussi bien à traquer qu’à éviter de l’être. Nul ne pouvait s’approcher de lui à moins qu’il l’ait souhaité – à moins qu’il leur fasse confiance. Je me repris. Je ne voulais pas pousser ce raisonnement plus loin.
Iouda avait atteint les marches de la maison. Après un rapide coup d’œil à la ronde, il y entra.
— J’espère que tu ne veux pas le suivre lui aussi et vérifier où il va, Alexeï ? dit Dimitri.
Je souris.
— Non, je pense que nous pouvons le deviner.
Nous descendîmes du toit et remontâmes la rue.
— Eh bien, dit Dimitri, si Vadim est quelque part dans le coin, nous ne pourrons pas le rater, maintenant.
Mais de Vadim, il n’y avait pas la moindre trace.
— Iouda a dû le semer, dis-je.
Le soleil commençait tout juste à pointer à l’horizon lorsque nous tournâmes au coin de la rue suivante. Iouda avait repoussé son retour jusqu’à la toute dernière minute.
— Et si nous allions petit-déjeuner ? demanda Dimitri d’une façon si désinvolte que l’on aurait pu croire que les mystères de ces derniers jours n’avaient jamais eu lieu.
— Non, dis-je. Je suis fatigué. Je te reverrai ce soir.
Sur ce, je le quittai, choisissant au hasard une direction opposée à la sienne.
J’errai dans les rues de la ville pendant une heure environ. J’avais toute la journée pour revenir et détruire les créatures qui dormaient dans cette cave, mais je me sentirais mieux si j’en finissais au plus tôt. Faisant demi-tour en direction des pâtés de maisons situés à l’est de la Place Rouge, j’aperçus la lueur désormais bien trop familière des flammes. La plupart des incendies, grâce à la pluie de la nuit précédente, étaient en train de mourir. Mais la pluie avait maintenant cessé et il y avait encore à Moscou des quartiers qui étaient restés épargnés par les flammes et étaient donc encore prêts à être consumés.
Je me mis à courir pour revenir où Ioann et Iouda reposaient. Bien que j’aie légèrement moins envie de tuer Iouda que les autres, je savais néanmoins que cela devait être fait. L’incendie dans ce quartier, toutefois, rendrait mon travail beaucoup plus simple. Même ainsi, je devais m’assurer que les vampires ne trouvent pas la moindre échappatoire.
Quand j’arrivai, la moitié du pâté de maisons sous lequel se trouvaient les deux Opritchniki était déjà en feu. D’ici cinq minutes, leur cave serait elle aussi un brasier. Je ne pouvais pas me rappeler les contes populaires en détail, mais je me souvins de la légère peur dont Foma avait fait preuve lorsque j’avais mentionné les incendies devant lui. Je me doutais que le feu était l’une des méthodes par lesquelles un vampire pouvait être détruit. Même s’ils tentaient d’échapper au feu, ils devraient pour cela quitter la sécurité de leur cave. Si les flammes ne les achevaient pas, lorsqu’ils atteindraient la rue, la lumière du soleil s’en chargerait.
Toutefois, cela ne suffisait pas. Leur cave se situait sous une vaste étendue de bâtiments. Il était concevable que, avec un peu de chance, ils trouvent un chemin pour se mettre en sécurité sans jamais devoir s’exposer à la lumière du jour. Je ne voulais pas prendre ce risque.
Je me précipitai dans la maison et descendis l’escalier de la cave sans éprouver l’inquiétude qui m’avait saisi au cours de la nuit. Les portes derrière lesquelles se trouvaient les deux cercueils étaient fermées. Je pouvais déjà sentir la fumée se glissant depuis les maisons voisines. Je regardai tout autour de moi. Dans la cave effondrée qui me faisait face, je vis une petite poutre de bois. C’était parfait. Les portes de la cave possédaient deux larges poignées à travers lesquelles la poutrelle passerait idéalement, bloquant ainsi la porte de façon sûre.
Je me retournai et soulevai la poutrelle de bois. Lorsque je revins, je constatai que les portes avaient commencé à bouger. Quelqu’un tentait de les pousser de l’intérieur. Les vampires s’étaient éveillés et étaient sur le point de tenter le tout pour le tout afin de se libérer. J’appuyai de tout mon poids
Weitere Kostenlose Bücher