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Du sang sur Rome

Du sang sur Rome

Titel: Du sang sur Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Saylor
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ouvert,
sans limites. Enfin le soleil se leva à l’horizon, dissipant les dernières
vapeurs. Le temps d’arriver à la grande boucle du Tibre, le ciel était bleu,
dur comme du cristal, et réverbérait la chaleur.

 
     
     
     
     
     
     

Deuxième partie
Menaces

1
    Quand ils vont de la ville à la campagne, les riches ont une
escorte de gladiateurs et de gardes du corps. Les pauvres errent en bande. Les
acteurs voyagent en troupe. Quand un fermier conduit ses moutons au marché, il
s’entoure de bergers. Mais l’homme qui voyage seul – comme dit le
vieux proverbe étrusque – n’a qu’un fou pour compagnon.
    Nulle part l’homme n’est plus en danger qu’en pleine nature,
surtout qu’il se hâte et ne s’arrête pour personne ! Cette vieille femme
qui geint au bord de la route, abandonnée de tous, n’est sans doute ni seule, ni
malade, ni même une femme, mais un jeune bandit embusqué. Pour l’imprudent, un
voyage d’une dizaine de milles risque de se terminer sur un marché d’esclaves,
de l’autre côté de l’océan. Alors, ne te gêne pas pour crier au secours, sois
préparé à fuir dans la seconde même, ou à tuer s’il le faut.
    Grâce à ces avertissements, ma chevauchée se déroula sans
incident. Pour couvrir une telle distance, je pris le bon rythme dès le début
sans jamais ralentir. Pas un cavalier ne me dépassa de la journée. Je doublai
les voyageurs l’un après l’autre, comme autant de tortues sur lé bas-côté.
    La voie Flaminia passe par l’Étrurie et traverse deux fois
le Tibre. Elle continue jusqu’au Nar, un affluent venu de l’est. Passé le pont
de la ville de Narnia, on pénètre dans l’extrême sud de l’Ombrie. À quelques
milles, un embranchement vous ramène vers l’ouest. La route escalade des
collines escarpées, puis redescend dans une vallée de vignobles et de
pâturages. Là, nichée dans un croissant de terre entre le Tibre et le Nar, se
trouve la ville d’Ameria.
    Cela faisait des années que je n’avais pas visité le Nord.
Mes affaires me mènent généralement à l’ouest, vers le port d’Ostie, ou au sud,
le long de la voie Appienne, dans cette région de riches villas qui se termine
sur la côte avec Baia et Pompéi. A l’occasion, j’ai poussé à l’est, dans les
territoires rebelles qui ont combattu Rome lors de la Guerre sociale. Partout,
j’avais constaté les ravages de dix années de guerre – fermes en
ruine, routes détruites, tas de cadavres à l’abandon, qui se transformaient
lentement en montagnes d’ossements.
    Je m’attendais au même spectacle, mais la campagne avait été
épargnée. Les habitants de cette région avaient montré une prudence qui
confinait à la lâcheté. Durant la Guerre sociale, ils avaient attendu que Rome
fasse appel à eux et leur octroie le droit de cité en échange de leur aide
contre les alliés. Durant les guerres civiles, ils n’avaient pas pris
clairement parti pour Marius ou Sylla, pour Sylla ou Cinna, jusqu’à ce que
quelqu’un l’emporte. Le vieux Sextus Roscius avait été un partisan déclaré de
notre dictateur.
    Bois et collines moutonnantes n’avaient pas changé. Pas de
populations déplacées. On éprouvait en Étrurie et en Ombrie un sentiment de
monotonie, de permanence, presque de stagnation. Les gens ne montraient aucune
curiosité envers moi. Des paysans levaient la tête à mon passage, l’œil vide,
et reprenaient leur tâche. Le printemps trop sec était avare de couleurs.
    J’eus tout le temps de réfléchir. Le paysage qui défilait
libérait mon esprit des entrelacs de Rome. Pourtant, le mystère de l’attaque de
ma maison s’épaississait. Depuis que l’enquête avait commencé, j’étais menacé
de toutes parts : l’épicier et sa femme, la veuve, la prostituée, n’importe
qui avait pu prendre langue avec mes ennemis. Je passai en revue ceux qui
connaissaient ma mission dès le départ : Cicéron bien entendu, et Tiron ;
Cæcilia Metella ; Sextus Roscius ; Rufus Messalla ; Bethesda. À
moins que le complot soit plus tortueux que je ne pouvais l’imaginer, aucun de
ces personnages n’avait intérêt à faire obstacle à mon enquête. Il y avait
toujours la possibilité qu’un serviteur indiscret ait transmis des informations
aux ennemis de Sextus Roscius ; mais étant donné la loyauté de la
domesticité de Cicéron, et la rigueur du châtiment chez les Metellus, c’était
peu probable. Restait que quelqu’un avait

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