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Duel de dames

Duel de dames

Titel: Duel de dames Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Chantal Touzet
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pendant toutes ces années.
Je t’attendrais encore puisqu’il le faut. Je ne te chercherai plus, parce que
je sais que tu me reviendras.
    Il la laissa à sa solitude, elle aurait voulu qu’il
la presse, qu’il supplie, qu’il la force. Mais il l’avait quittée sans combat. Un
vide terrible la terrassa.
    *
    Bientôt, à tous les carrefours de Paris, on
entendait cette chanson :
     
    La Couleuvre milanaise,
    Fait poisons et sortilèges,
    Mais le roi a survécu.
    Voulu le manger tout cru,
    Comme serpent fait sur son écu.
    Mais par le Dieu qui la vit faire,
    Elle s’en étrangla Trala lalaire,
    Elle s’en étrangla.
     
    Les libelles circulaient, faisant découvrir aux
Parisiens les éloquentes et parlantes armoiries des Visconti. Ils grondèrent
contre la Milanaise. Mais bientôt, une autre rumeur circula, qui disait les
étreintes de la reine vénéneuses. Le clan italien rendait les coups. Les
Bavarois firent circuler le bruit que la duchesse d’Orléans, trop souvent au
château de Creil, était la maîtresse de Charles VI qu’elle empoisonnait
tout à loisir. Les Parisiens grondèrent de plus belle. Valentine dut espacer
ses visites à Creil, malgré les suppliques de Charles : « Demeurez, chère
sœur, vous seule m’apportez soulagement. »
    Quant au gouvernement, il avait adopté les mesures
d’assainissement du royaume sans mesure.
    Les juifs furent traqués, massacrés, certains
chassés hors du royaume, d’autres condamnés au bûcher. La reine mit toute son
opiniâtreté à s’y opposer. Le roi eut alors trois bons jours et signa la grâce
des condamnés, avant de sombrer de nouveau dans ses ténèbres. Les malheureux
juifs furent condamnés à recevoir le fouet dans les rues, nus, tous les samedis.
Ils finirent par payer une fortune pour être quittes de leurs tortures
hebdomadaires, et fuirent le pays.
    Isabelle, cependant, était horrifiée de savoir qu’on
allumait un peu partout des bûchers, car la chasse aux sorcières était ouverte.
Un vent de mysticisme soufflait sur le royaume. Il se disait qu’en Languedoc, un
colossal homme de cuivre était apparu dans le ciel et qu’il s’était battu avec
une grosse étoile avant de disparaître. Des vents violents se déchaînèrent, arrachant
arbres et toits. Du moindre orage à une statue qui se brisait, tout était la
manifestation de la colère de Dieu. Les flagellants allaient en cortège, gémissants
et saignants par les chemins. On sortait les châsses contenant toutes sortes de
reliques des églises et des abbayes, et les villageois processionnaient à n’en
plus finir. Il en était de même à Paris, on brûlait, pendait, écartelait tous
les supposés sorciers et sorcières, pour la guérison du roi. Sur toutes les
places, des prédicateurs sortis de nulle part haranguaient et terrorisaient les
chalands. Et Pierre de Foissy, confesseur du roi, en était. Il vitupérait
et désignait nommément frère Jean la Grâce, aumônier de la reine, comme un
suppôt de Satan.
    La reine s’en inquiéta et recommanda à son
confesseur de se tenir coi, et même de partir pendant quelque temps pour se
faire oublier.
    — Bah ! lui répondit-il, si un bûcher m’attend,
il me trouvera où que je sois. Et ce n’est pas ce fanatique de Pierre de Foissy
qui me fera taire.
    Elle vit bien qu’elle n’en viendrait pas à bout, et
garda ses craintes pour elle.
    Malgré la chasse aux sorcières et la contrition du
peuple, le roi ne se portait pas mieux, la crise durait. La reine reçut un
certain Arnaud Guilhem. Il détenait un livre aux pouvoirs miraculeux, appelé Smagorad, et prétendait qu’il avait appartenu à Adam. Les princes le convoquèrent. Cet
homme allégua toutes sortes de choses, et même qu’il commandait aux astres. Il
affirma que, sur un seul mot magique de lui, le roi serait guéri. On le
conduisit à Creil, où il prononça un mot inconnu, rien ne se passa. On l’en
blâma. « Mais je n’ai pas dit quand ! » rétorqua ce mauvais
homme. Il fut alors chassé après une bastonnade. Cependant, on abandonna le roi
à deux moines qui s’étaient engagés, eux aussi, à le guérir, sous peine de mort
s’ils échouaient. Ils lui firent boire toutes sortes de breuvages ignobles, lui
firent des scarifications dans la tête qui éprouvèrent Charles, hurlant de
douleur, et l’épuisèrent d’opérations occultes qui restèrent sans effet.
    Or donc, suivant ce qu’ils avaient dit, ils furent
décapités à la hache et

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