Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Duel de dames

Duel de dames

Titel: Duel de dames Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Chantal Touzet
Vom Netzwerk:
Supplie, Christine, pleure, appelles-en à Dieu, ou à la damnation
éternelle, mais il faut qu’il te donne son élixir, pour la sauveté du roi.
    — Mais, madame, lequel ? Dame Pernelle
en fabrique à foison, l’un d’eux a même sauvé du croup l’un de mes fils…
    — Allez ensemble, et faites diligence, coupa
la reine avec agacement, Maître Flamel saura ce que la reine sollicite de façon
si impérieuse. Mon frère de Bavière et ses hommes d’armes vous attendent. Le
temps presse, la vie du roi est entre vos mains.
    Isabelle se retrouva seule et son agitation tomba
d’un coup. Elle s’agenouilla sur son prie-Dieu, le visage dans les mains.
    « La liquéfaction de la Pierre philosophale, songeait-elle
avec force, l’Élixir parfait qui donne santé et jeunesse par ses vertus
régénératrices. Il faut qu’il soit alchimiste, répétait-elle en guise d’oraison.
Il faut qu’il soit alchimiste, alors tout peut encore être sauvé. »

12
Douceur automnale à Creil
    Porte d’enfer, destruction de corps,
    Langueur de mort, abrégement de vie,
    Mue en péril, haines et discordes,
    En beau semblant, trahison et envie,
    Luxure, orgueil, paresse, gloutonnerie,
    De tous péchés le château périlleux,
    Tour et retrait des hommes convoiteux,
    Mondaine cour, que fuit le douloureux.
    Eustache Deschamps [51]
    — Clisson, hurlait Bourgogne, faux, mauvais, déloyal !
Vous n’avez plus à vous embesogner des affaires de l’État, quel malheur de vous
en être mêlé. Que me parlez-vous de finances, vous qui en avez tant amassé que
vous en avez plus que moi et Berry à mettre ensemble. Sortez ! Hors de ma
vue, car en dépit de mon honneur, je vous crève l’autre œil !
    — Je suis encore le connétable de France !
tonna plus fort le Boucher borgne.
    — Je vous en démets ! Votre épée, messire !
    — Jamais, je la briserai plutôt !
    Le duc Philippe de Bourgogne venait de
licencier l’armée, et Olivier de Clisson était venu demander la solde des
soldats débandés. Les deux hommes les plus puissants de France s’affrontaient, ce
fut le Boucher borgne qui rompit. Le vent avait tourné, le connétable n’oubliait
pas que l’on avait tenté de l’assassiner il y a peu, et se doutait que Craon n’avait
pas agi seul. Sans le roi, il était à la merci des princes revanchards. En
stratège, il comprit que la fuite était son seul salut, l’air du Mans était
empoisonné des miasmes de la vengeance. Le connétable de France ne songea plus qu’à
se réfugier en sa forteresse de Josselin, aux confins du royaume. Philippe le Hardi
avait commencé le grand nettoyage.
    Au Mans, à l’hôtel des Chanoines jouxtant la
cathédrale Saint-Julien, mires, médecins et physiciens disaient Charles VI
mort sans remède. Mais dans son immobilité de gisant, il respirait encore. Aussi
Bourgogne ne perdait pas de temps.
    Certains conseillers de Charles VI, les
Marmousets, s’exilèrent comme le connétable sans attendre leur reste. D’autres,
ne s’estimant coupables que d’avoir servi le royaume, demeurèrent, et le vieux
Jean le Mercier, Bègue de Villaines et Bureau de la Rivière
furent arrêtés et embastillés.
    L’intraitable Philippe s’en prit alors à la reine.
Sous prétexte de la protéger, il diligenta une milice à la Bergerie pour s’assurer
d’elle et de son retour immédiat à l’Hôtel solennel des Grands Ébattements, où
la princesse de Bavière fut assignée à résidence sous la garde vigilante
de l’épouse du Hardi, Marguerite de Flandre, promue pour la circonstance « première
dame de confiance de la reine ». Isabelle était prisonnière de fait, et
avait interdiction de communiquer avec l’extérieur.
    Mais, pour faire place nette, restait le problème
plus épineux de se débarrasser d’Orléans. Si Charles VI mourait, seul un
fragile enfant de huit mois le séparait du trône. Le rubicond Jean de Berry
était resté jusque-là un spectateur approbateur, mais prudent, des manœuvres de
« nettoyage » du Hardi. Mais les deux frères des Lys savaient que
leur neveu d’Orléans, dont ils pouvaient devenir les vassaux, devait être
ménagé à tout prix. Et le frère du roi exigeait la régence durant l’empêchement
de Charles VI.
    — Nous sommes dans une impasse, grogna
Bourgogne à Berry.
    — C’est fâcheux, mais la régence lui revient
de droit, répondit ce dernier distraitement
    Il se tenait debout devant un lutrin, tournant
avec

Weitere Kostenlose Bücher