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Eclose entre les lys

Eclose entre les lys

Titel: Eclose entre les lys Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Chantal Touzet
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vouloir les retenir
de toutes ses griffes.
     
    Bois-Bourdon et ses hommes, ainsi qu’Ozanne qui
avait changé de cheval, pénétrèrent la forêt de Vincennes par l’allée du roi.
    — Comment pourrons-nous les y retrouver ?
hurla la demoiselle de Louvain. Où aller ?
    — Dieu y pourvoira ! répondit
farouchement le sire de Graville qui ne croyait qu’au Diable.
    C’est alors qu’ils distinguèrent l’écho de la
corne dans les profondeurs végétales.
    — Dieu vous a entendu, messire ! hurla
Ozanne.
    Et tous éperonnèrent leurs montures.
     
    Isabelle et Louis se libérèrent enfin du roncier, les
jambes et les bras en sang, les vêtements déchirés. Ils déboulèrent avec un
soulagement indicible sur l’avenue d’où mugissait l’appel. Non loin, ils
aperçurent deux silhouettes à cheval. La corne se tut.
    — Qui va là ? demanda une voix.
    — Duc d’Orléans, prince de France, et votre
reine bien-aimée !
    — C’est ce que nous demandons ! répondit
une autre voix.
    Les deux cavaliers inconnus se mirent au galop, venant
à leur rencontre. Louis et Isabelle ne comprirent pas tout de suite. Ils
reprenaient leur souffle en les laissant venir. Mais comme ils approchaient, ils
distinguèrent mieux. Isabelle poussa un cri : les hommes, tout de noir
cuirassés, venaient de tirer leur épée. Ils chargeaient.
    Louis aussi avait vu. Il tira la sienne alors qu’il
venait à peine de la remettre au fourreau, mais il était encore incrédule.
    — Nommez-vous, messires ! hurla-t-il.
    — Nous sommes à Geoffroy Tête-Noire ! lui
fit-on accroire.
    Isabelle avait déjà talonné Alezane qui piétina
dans une volte nerveuse avant de prendre le galop. Louis tourna bride également,
forçant désespérément son cheval. Il savait qu’il n’était pas de taille. Il ne
pouvait que fuir à corps perdu avec la reine. Derrière, les poursuivants
étaient tout proches. Pourtant, il semblait qu’ils retenaient leur monture.
     
    Immobile au milieu d’une sente, Bois-Bourdon
écoutait avec anxiété :
    — La corne s’est tue, nous en étions si proches.
    Ozanne et les hommes d’armes écoutaient aussi. L’un
deux s’exclama, pointant son doigt dans une direction à travers la futaie :
    — Par là, le bruit d’une galopade !
    — Ya ! hurla Bois-Bourdon en lançant son
cheval.
     
    Isabelle se retourna un bref instant, Louis la
suivait de près. Plus loin, leurs assaillants se rapprochaient. Elle ne vit pas
surgir un troisième cavalier qui déboulait au détour de l’allée. Elle hurla
alors qu’il la croisait à plein galop en faisant tournoyer au-dessus de sa tête
le fouet de sa masse d’arme.
    — Fuyez, messeigneurs ! Fuyez, je vous
garde ! beugla-t-il en passant.
    Alezane se cabra. Isabelle vida les étriers. Elle
eut le temps de réaliser que le nouvel arrivant était à ses couleurs avant de
rouler dans le fossé.
    Le garde de la reine fonçait droit sur les deux
poursuivants en vociférant des menaces. Rien ne semblait pouvoir l’arrêter, comme
une machine à tuer. Il n’eut pas à les atteindre, les Têtes-Noires tournèrent
bride et s’enfuirent, sans chercher le combat. Le garde leur lança des injures
à pleine voix en ralentissant sa monture, abaissant son fléau d’arme :
    — Maudits Têtes-Noires ! Lâches ! Fuyards !
Couards !…
    Et il éclata d’un rire sonore. Il s’amusait comme
un fou, le plan du cardinal de Laon se déroulait parfaitement.
    Il fit demi-tour, il était temps de s’occuper des
royales victimes. Alors son rire s’étrangla dans sa gorge : un puissant
cavalier se tenait planté au milieu de l’allée. Il était totalement harnaché de
noir, jusqu’à son cheval. Son heaume était surmonté d’une crête de plumes d’autruche
couleur de nuit. Il était comme un géant de l’enfer surgi des entrailles de la
terre. Le faux garde de la reine en resta cloué sur place. Cette apparition
infernale ne faisait pas partie de la stratégie du cardinal de Laon.
    Il embrassa d’un seul coup la nouvelle situation :
plus haut, le prince ferraillait désespérément, environné de sombres cavaliers
qui lui avaient coupé la route, le forçant au combat. La reine grimpait le
fossé à quatre pattes, et rampa dans un bosquet. Un homme la coursait. D’où
sortaient-ils tous ceux-là ?
    — Qui va ? demanda-t-il à celui qui lui
faisait face.
    — Geoffroy Tête-Noire en personne, pour vous
servir, gentilhomme ! dit ce dernier

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