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En Route

Titel: En Route Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joris-Karl Huysmans
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dévisager le prieur ; ce n'était plus du tout le même homme, plus du tout la figure qu'il discernait de loin ; autant le profil était hautain, autant la face était douce ; et c'était l'oeil qui émoussait l'altière énergie des traits, un oeil familier et profond où il y avait, à la fois, de la joie placide et de la pitié triste.
    - Allons, dit-il, ne vous troublez pas, car c'est à notre-Seigneur seul qui connaît vos fautes que vous allez parler.
    Et il s'agenouilla, pria longuement et vint, ainsi que la veille, s'asseoir près du prie-dieu ; il se pencha sur Durtal et tendit l'oreille.
    Un peu rassuré, le pénitent commença sans trop d'angoisses. Il s'accusait de toutes les fautes communes aux hommes, manque de charité envers le prochain, médisance, haine, jugements téméraires, injures, mensonges, vanité, colère, etc.
    Le moine l'interrompit, un moment.
    - Vous avez déclaré, je crois, tout à l'heure, que, dans votre jeunesse vous aviez contracté des dettes ; les avez-vous payées ?
    Et sur un signe affirmatif de Durtal, il fit : Bien - et poursuivit :
    - Avez-vous fait partie d'une société secrète ? vous êtes-vous battu en duel ? - je suis obligé de poser ces questions, car ce sont des péchés réservés. - Non ? - Bien, et il se tut.
    - Envers Dieu, je m'accuse de tout, reprit Durtal ; comme je vous l'ai avoué, hier, depuis ma première communion, j'ai tout quitté, prières, messe, enfin tout ; j'ai nié Dieu, je l'ai blasphémé, j'avais entièrement perdu la Foi.
    Et Durtal s'arrêta.
    Il arrivait aux forfaits des chairs. Sa voix faiblit.
    - Ici, je ne sais plus comment m'expliquer, fit-il, en refoulant ses larmes.
    - Voyons, dit doucement le moine, vous m'avez affirmé, hier, que vous aviez commis tous les actes que comporte la malice spéciale de la Luxure.
    - Oui, mon père. - Et, tremblant, il ajouta : dois-je entrer dans des détails ?
    - Non, c'est inutile. Je me bornerai à vous demander, parce que cela change la nature du péché, s'il y a eu, dans votre cas, des fautes personnelles et des fautes commises entre personnes du même sexe ?
    - Depuis le collège, non.
    - S'il y a eu adultère ?
    - Oui.
    - Dois-je comprendre, que dans vos relations avec les femmes, aucun des excès possibles ne fut omis ?
    Durtal eut un signe affirmatif.
    - Bien, cela suffit.
    Et le moine se tut.
    Durtal étouffait de dégoût ; l'aveu de ces turpitudes lui coûtait affreusement ; et cependant, bien qu'il fût encore accablé de honte, il commençait déjà à respirer quand, tout à coup, il se replongea la tête dans ses mains.
    Le souvenir du sacrilège, auquel Mme Chantelouve l'avait fait participer, lui revenait.
    Il raconta, en balbutiant, qu'il avait assisté, par curiosité, à une messe noire et qu'après, sans le vouloir, il avait souillé une hostie que cette femme, saturée de satanisme, cachait en elle.
    Le prieur écoutait sans broncher.
    - Avez-vous continué à fréquenter cette femme après ?
    - Non, cela m'avait fait horreur.
    Le trappiste réfléchit et :
    - C'est tout ?
    - Je crois avoir tout avoué, répondit Durtal.
    Le confesseur garda le silence pendant quelques minutes, puis d'une voix pensive, il murmura :
    - Je suis plus qu'hier encore frappé par l'étonnant miracle que le ciel a opéré en vous.
    Vous étiez malade, si malade que vraiment l'on pouvait dire de votre âme ce que Marthe disait du corps de Lazare : Jam foetet! - et le Christ vous a, en quelque sorte, ressuscité. Seulement, ne vous y trompez pas, la conversion du pécheur n'est pas sa guérison, mais seulement sa convalescence ; et cette convalescence dure quelquefois plusieurs années, est souvent longue.
    Il convient donc que vous vous déterminiez, dès à présent, à vous prémunir contre les rechutes, à tenter ce qui dépendra de vous pour vous rétablir. Ce traitement préventif se compose de la prière, du sacrement de pénitence, de la sainte communion.
    La prière ? - vous la connaissez, car, après une vie agitée telle que fut la vôtre, vous n'avez pu vous décider à émigrer ici, sans avoir auparavant beaucoup prié.
    - Ah ! si mal !
    - Peu importe, puisque votre désir était de prier bien ! - La confession ? - Elle vous fut pénible ; elle le sera moins maintenant que vous n'aurez plus à avouer des années accumulées de fautes. La communion m' inquiète davantage ; l'on pourrait en effet craindre que dans le cas où vous triompheriez de la chair, le démon

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