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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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se retourna. « Ot-we-kau-tux-e (Tenez-vous prêts !) » dit-il en modoc. Puis il sortit son pistolet de son manteau et le braqua sur Canby. Il appuya sur la gâchette, sans résultat. Canby le regarda, ébahi. C’est alors que la balle partit. Le général partit à la renverse, mort. À peu près au même moment, Boston Charley abattait le révérend Thomas. Winema sauva la vie de Meacham en donnant un coup sur le pistolet de Schonchin John. Quant à Dyar et Riddle, ils profitèrent de la confusion générale pour s’échapper.
    Après avoir ôté son uniforme à Canby, Jack, suivi des Modocs, retourna dans son bastion pour attendre l’arrivée des soldats. Le principal point de désaccord – la reddition de Hooker Jim et de ses compagnons – n’avait même pas été abordé au cours de ce dernier conseil.
    Trois jours plus tard, les combats commencèrent. Des batteries de mortier pilonnèrent les lieux, que les fantassins chargèrent par vagues successives. Lorsque les soldats pénétrèrent dans le refuge des Indiens, ils le trouvèrent vide. Les Modocs s’étaient enfuis par les cavernes et les crevasses. Reculant devant la perspective de faire sortir elle-même ces Indiens acharnés de leurs cachettes, l’armée eut recours à soixante-douze mercenaires de la tribu des Teninos, venus de la réserve de Warm Springs, dans l’Oregon. Ils découvrirent l’endroit où s’étaient réfugiés les Modocs. Mais lorsque les soldats arrivèrent pour prendre la place, Captain Jack leur tendit une embuscade dans laquelle la première patrouille faillit bien périr.
    Enfin, devant la supériorité en nombre et la puissance de feu des Tuniques Bleues, les Modocs furent contraints de se disperser. Obligés d’abattre leurs chevaux pour les manger, ils se trouvèrent à court d’eau quelques jours plus tard. Lorsqu’il vit le nombre de morts augmenter parmi les siens, Hooker Jim commença à se disputer avec Captain Jack au sujet de la stratégie adoptée. Au bout de quelques jours passés à courir, à se cacher et à se battre, il finit par abandonner ce chef qui, après leur avoir offert l’asile, à ses compagnons et à lui-même, avait refusé de les livrer à Canby. Ne restaient plus avec Jack que trente-sept guerriers pour résister à plus d’un millier de soldats.
    Peu de temps après, la bande de Hooker Jim se rendit et, en échange d’une amnistie, proposa aux soldats de les aider à traquer Captain Jack. Le nouveau commandant militaire, le général Jefferson C. Davies, leur accorda la protection de l’armée et le 27 mai, Hooker Jim et trois de ses compagnons partirent avec les Tuniques Bleues à la recherche de ce chef qui avait refusé de les abandonner et qu’eux-mêmes s’apprêtaient à trahir. Ils trouvèrent Jack près de Clear Lake et, entrant en pourparlers avec lui, lui dirent qu’ils étaient chargés d’obtenir sa reddition. Les soldats rendraient justice aux Modocs, l’assurèrent-ils, et leur donneraient de la nourriture en abondance.
    « Vous ne valez pas mieux que des coyotes, leur répondit Jack. Vous venez avec des chevaux de l’armée, des fusils du gouvernement. Vous comptez acheter votre liberté en m’écrasant et en me livrant aux soldats. Vous vous rendez compte maintenant à quel point la vie est douce, mais cela, vous l’aviez oublié quand vous m’avez contraint à promettre de tuer cet homme, ce Canby. Moi, j’ai toujours su que la vie était précieuse, et c’est la raison pour laquelle je ne voulais pas me battre contre les Blancs. Je pensais que si nous devions combattre, nous serions côte à côte, et que nous tomberions sur le champ de bataille. Je vois à présent que je vais être le seul à payer de ma vie la mort de Canby, avec peut-être deux ou trois autres. Pour vous et ceux qui se sont rendus, tout va bien, vous avez beaucoup à manger, dites-vous. Oh, cœurs-de-lièvres, vous vous êtes retournés contre moi (…). »
    Pour le chef modoc, le comble, c’était que ces renégats étaient ceux-là mêmes qui avaient jeté sur ses épaules un châle de femme et l’avaient traité de poule mouillée quelques semaines auparavant, lui arrachant ainsi la promesse de tuer Canby. Ils savaient aussi bien que lui qu’il était trop tard pour se rendre ; il serait pendu pour le meurtre de Canby. Jack déclara qu’il avait décidé de mourir les armes à la main, pas la corde au cou. Après avoir ordonné à Hooker Jim et ses compagnons de

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