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Fatima

Fatima

Titel: Fatima Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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nouveaux convertis. Il fut surpris de découvrir que le jeune homme connaissait déjà par coeur beaucoup des paroles qu’il avait tenues, soir après soir, devant la Ka’bâ.
    Après la prière, Muhammad réclama un repas pour fêter le nouveau croyant. Ce fut le premier repas sans tristesse ni appréhension depuis longtemps. Et l’occasion de régler divers arrangements qui demeuraient en suspens avant le départ pour Ta’if.
    Depuis deux jours Ruqalya protestait qu’elle ne voulait pas y accompagner Muhammad.
    — Si je suis dans la montagne, répétait-elle, comment ‘Othmân pourra-t-il plier les genoux devant moi et me prendre pour épouse ?
    Comme Fatima, Ashemou craignait que Ruqalya ne vive dans l’illusion. Son imagination ne connaissait pas de bornes dès qu’il s’agissait d’hommes, d’amours et d’épousailles. Et Omm Kulthum, qui admirait tant son aînée, ne faisait que la conforter dans ses rêves.
    Abu Bakr, lui, demeuré en bons termes avec le clan de ‘Othmân, s’était informé discrètement. Quand vint la fin du repas et le moment de parler de ces choses-là, il annonça :
    — Ta fille ne rêve pas autant qu’on pourrait le croire, Messager. Cet ‘Othmân ibn Affân ne cesse de répéter à son père qu’il ne veut pas d’autre épouse que ta Ruqalya. Il dit : « Il n’est pas une femme dans Mekka qui possède une poussière de sa beauté. » Et de toi, il ne dit aussi que du bien. Que ta clairvoyance est profonde et qu’elle le remplit de respect. Que seul un Dieu Tout-Puissant peut avoir engendré un tel père et une telle fille, et qu’il n’a, en conséquence, que l’envie de se soumettre aux mots d’Allah.
    Muhammad et ses compagnons rirent : de toutes sortes étaient les voies par lesquelles le Seigneur atteignait les coeurs.
    — Les Ommayya ne se complaisent pas tous dans l’ombre d’Abu Sofyan, renchérit Tamîn. Il en est qui n’aiment pas son pouvoir sur la mâla. Et l’arrogance d’Abu Lahab leur déplaît trop souvent. Ce serait une belle alliance, si elle se faisait.
    Abu Bakr approuva :
    — Nous n’en avons pas tant que nous pourrions la négliger.
    Ainsi, pour son grand bonheur, Ruqalya obtint-elle le droit de demeurer à Mekka en compagnie de sa soeur Omm Kulthum et de quelques servantes, le temps que le reste de la maisonnée s’installe à Ta’if. Et puisque le jeune Al Arqam proposait sa demeure pour plus de sécurité, elles y emménageraient.
    Tamîn, pour sa part, annonça qu’il devait prendre la route du Nord pour son commerce. Abu Bakr et Muhammad n’ayant plus, désormais, le temps d’accompagner les caravanes au pays de Ghassan, c’était à lui de le faire. D’ailleurs, il avait là-bas des affaires en attente, lui qui y était né.
    — Si Allah le veut, Il me rendra riche, dit-il à Muhammad. D’une richesse qui sera toute tienne, car tu en auras besoin pour tenir Sa parole. Tu ne dois pas douter de moi, je suis comme un doigt de ta main.

Deuxième partie

Ta’if

Le feu des étoiles
    Abd’Mrah avait dit vrai. Depuis les montagnes de Ta’if, les étoiles paraissaient plus proches. Aussi, elles ne semblaient pas tout à fait les mêmes. Le fleuve scintillant de la Voie lactée était mieux aligné sur le nord et le sud. À l’est de sa rive, dès le premier soir, Fatima découvrit une sorte de lac de nuit. À une distance qu’elle pouvait comparer à la longueur de son poignet, il dessinait un ovale doux. En son centre, palpitantes et si proches qu’on eût peiné à passer l’aiguille d’une broche entre elles, deux étoiles jetaient, nuit après nuit, avec la même régularité, leur scintillement puissant.
    Dès qu’elle était montée sur la terrasse de la maison, la nuit même de leur arrivée à Ta’if, Fatima n’en avait pas douté : depuis le campement où il gardait ses bêtes et se tenait hors des griffes des mauvais, Abd’Mrah devait observer un ciel aussi limpide que celui qu’elle contemplait. S’il songeait à elle comme il l’avait dit, c’était là, dans ce lac de pure obscurité, qu’il allait se promener pour la rencontrer. Sans doute ressentait-il sa présence comme elle sentait la sienne, tout autant que si la chaleur de leurs corps avait été à portée de leurs paumes.
    Depuis une demi-lune, cela s’était répété chaque nuit. Après la prière du soir, Fatima ne manquait jamais de grimper, seule, en cachette, sur cette terrasse où sa mère, des années plus tôt,

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