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Fatima

Fatima

Titel: Fatima Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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tous les bétails, et on y fondait parmi les plus belles armes de guerre. Sans compter les marques qu’Allah depuis longtemps avait déposées en cette terre, où les païens n’étaient pas les bienvenus. En outre, chacun le savait : le père du Messager y avait sa tombe. Il y était mort alors qu’il visitait la famille de son épouse Âmina, la mère de Muhammad. Elle qui était précisément du clan des Khazraj.
    Abu Bakr se montra plein d’enthousiasme :
    — N’y a-t-il pas à Yatrib tous les signes dont nous avons besoin pour guider nos pas ?
    C’était l’opinion de tous. Pourtant, et selon son habitude, quand chacun eut parlé avec excitation, Muhammad déclara :
    — Allons prier et dormir. Laissons au Tout-Puissant le temps qu’il Lui convient pour nous prendre la main.
    En vérité, il leur fallut plus de patience qu’une nuit de sommeil et de prière. La décision ne vint ni le lendemain, ni le surlendemain. Avant elle, Muhammad fit une annonce qui étonna plus d’un fidèle qui se tenait dans la cour d’Al Arqam.
     
    Depuis des jours, l’excitation de Ruqalya à l’idée des épousailles emplissait la maisonnée. Le matin où le Messager devait s’asseoir entre les nouveaux époux, le quartier des femmes n’était qu’un tourbillon d’énervements, de rires, de chuchotements et, finalement, d’applaudissements lorsque Ruqalya apparut dans une tunique de Saba brodée d’argent et de coquillages offerte par son futur époux. Une tunique qui ne tomberait de ses épaules que pour accueillir les caresses de ‘Othmân…
    Mais après la prière du milieu de journée, avant que chacun ne prenne place devant les plats, Muhammad saisit la main de Ruqalya dans sa main droite et celle d’ibn Affân dans sa main gauche. Le jeune et élégant ‘Othmân semblait transfiguré.
    — Par la volonté d’Allah qui me guide à chaque pas, annonça Muhammad, j’ai pris une décision. Aujourd’hui, ‘Othmân ibn Affân accueille ma fille Ruqalya pour épouse. Dans deux jours, mon gendre ‘Othmân conduira ceux qui veulent le suivre à Axoum, par-delà la mer d’al Qolzum. Il ira dans cette partie de la terre porter la parole et les bienfaits d’Allah – qu’il nous soit Clément et Miséricordieux ! – auprès d’un puissant du nom de Najâshi. Ce prince d’Axoum vénère le Dieu unique des chrétiens. Il est bon et complaisant envers notre Seigneur Tout-Puissant. Depuis longtemps, il nous a envoyé des émissaires de fraternité. Il nous dit : « J’aime le Seigneur Clément et Miséricordieux selon nos usages. Vous avez les vôtres. Cela ne fait pas de différence. Il n’est de Dieu que Lui. Et nous sommes frères en Lui. » Ce Najâshi sait comment on nous traite ici. Il nous dit : « Venez, je serai votre protecteur respectueux. Chez moi, vous n’aurez rien à craindre. » J’ai questionné Allah au sujet de ces offres. Son ange me répond : « La terre du Seigneur n’est-elle pas assez vaste pour vous permettre de voyager pour Lui [16]  ?» L’heure est venue de tourner le dos à Mekka et à ses païens. De prendre la route et de gagner de nouveaux horizons. De répandre aussi loin que possible la parole d’Allah. Il n’attend de nous que ce courage. Il dit : « J’effacerai les mauvaises actions de ceux qui émigrent, de ceux qui vont souffrir dans Mon Chemin [17] . » J’ai confiance. Je confie Ruqalya à ‘Othmân, mais aussi Omm Kulthum, que la répudiation a libérée de nos ennemis. Elles me sont chères.
    Muhammad rassura ses filles.
    — N’ayez pas peur. Que ceux qui veulent suivre les pas de ‘Othmân le Valeureux se fassent connaître. Le Tout-Puissant sera sur vous.
    Alors que les uns et les autres discutaient, hésitaient, se décidaient, le Messager donna enfin à ses compagnons, Tamîn, Abu Bakr et Al Arqam, la réponse qu’ils attendaient :
    — Il est trop tôt pour rencontrer les gens de Yatrib. Ils ne nous connaissent pas assez. Et nous, nous ignorons leurs intentions. On ne peut désigner la nouvelle terre sainte d’Allah sans plus d’étude.
    À ces mots le visage de Tamîn se crispa. Muhammad posa une main sur son épaule :
    — Ne t’assombris pas, Tamîn. Si le Tout-Puissant nous veut à Yatrib, tu le sauras bientôt. Nous allons envoyer aux Juifs, ainsi qu’aux Aws et aux Khazraj, un joyau qu’Allah a déposé pour nous dans la Ka’bâ. Ce que vaut leur coeur, là-haut dans le vert de l’oasis, cela se saura

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