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Faubourg Saint-Roch

Titel: Faubourg Saint-Roch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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   Je rentrerai tout de suite après l'office religieux.
    Un peu moins de deux heures plus tard, l'homme trouva la servante en larmes dans le salon vieillot. La porte de la chambre demeurait ouverte. Il entra pour apercevoir la veuve dans son lit, les mains jointes sur le ventre, un chapelet de jais emmêlé entre les doigts.
    —    Que de précautions, murmura-t-il dans un souffle. Tu as voulu prendre à l'avance la pause de la veillée funèbre.
    Bien sûr, la chose était un peu prématurée: il faudrait désunir ses mains raidies pour lui mettre une robe. Les yeux vides de la morte semblaient chercher quelque chose au plafond, la bouche à demi ouverte exprimait la plus grande surprise. Alfred remonta la couverture jusque sur son front, quitta la chambre en fermant la porte derrière lui.
    —Je vais aller chercher le docteur Couture.
    —    Voudrez-vous manger quelque chose, ensuite ?
    —Je pense qu'aujourd'hui, ni vous ni moi n'aurons beaucoup d'appétit.
    Au moment où il posait le pied sur le trottoir de la rue Saint-Dominique, l'homme se dit qu'il vaudrait tout aussi bien passer chez Lépine directement en sortant de chez le médecin. Obtenir un permis d'inhumer serait une formalité, le croque-mort pourrait se mettre à l'œuvre dans une heure, tout au plus. Sur le chemin du retour, il passerait par la rue Saint-François.
    Dissimulant mal sa mauvaise humeur d'avoir été dérangé à l'heure de son repas dominical, le docteur Couture se rendit tout de même immédiatement au domicile de la rue Saint-Dominique afin de constater le décès de la vieille dame et remettre sans discuter les papiers requis. Au moment où il quittait la maison, Alfred arriva sur les lieux, son frère Thomas avec lui. À cet instant, au clocher de l'église paroissiale, le glas commença son vacarme lancinant, afin de signaler aux gens de Saint-Roch la perte d'une fidèle.
    Dans la chambre, le commerçant tira à son tour sur la couverture afin de contempler les traits de sa mère.
    —    Au cours des derniers jours, quelque chose t'a laissé
    croire qu'elle allait plus mal ? questionna-t-il à mi-voix.
    —    Pas vraiment, répondit Alfred sur le même ton. Elle se plaignait beaucoup de son rhumatisme. Mais ce n'était pas l'épisode le plus douloureux des dernières années. Certaines personnes vivent jusqu'à cent ans, malgré des articulations toutes déformées.
    —    Le docteur a évoqué son cœur, en sortant...
    —    Tu sais, le cœur de chacun d'entre nous cessera de battre un jour. Les médecins nous disent cela quand ils ne comprennent pas trop ce qui s'est passé.
    Un mouvement près de la porte attira leur attention. La domestique avait fait entrer un très vieil homme, Germain Legris, connu de tous sous le nom de Lépine. Ce patronyme figurait d'ailleurs au-dessus de la porte de son commerce de la rue Saint-Vallier.
    —    Si vous voulez entrer, Monsieur, invita Alfred. Votre cliente se trouve ici.
    L'homme vêtu de noir s'avança, jeta un coup d'œil au cadavre puis déclara:
    —    C'est une pitié, jeune comme cela et déjà morte. Pauvre Euphrosine !
    Une vie passée dans la même paroisse autorisait à une certaine familiarité. Au moment où la jeune dame Théodule Picard commençait à vendre des rubans, des dentelles et du tissu à la verge dans le magasin général de son époux, ce fabriquant de meubles avait eu l'idée de proposer des cercueils à ses voisins aux prises avec un décès dans la famille. Le succès avait été tel que maintenant, avec ses deux fils Germain et Elzéar, il organisait des funérailles pour les habitants de la Basse-Ville, et même parfois pour la bourgeoisie installée sur le plateau.
    Après avoir serré la main des deux nouveaux orphelins en
    leur présentant ses condoléances, il demanda :
    —    Vous exposerez sans doute son corps dans le salon ?
    —    ... C'est probablement ce qui convient le mieux.
    —    Pendant combien de temps ?
    La question méritait d'être posée, car la préparation du cadavre différerait grandement si les restes voyaient défiler des visiteurs pendant une semaine, comme cela arrivait dans le cas des principaux notables.
    Les deux frères échangèrent un regard, puis ce fut Thomas qui détermina la suite des événements :
    —    Je n'ai pas encore parlé au curé, mais il serait tout à fait raisonnable que les funérailles soient tenues mardi matin.
    —    Deux jours, avec la chaleur

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