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Faubourg Saint-Roch

Titel: Faubourg Saint-Roch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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étable.
    —    Entre le bœuf et l'âne. Cela devait sentir mauvais.
    «Fort probablement, songea la jeune femme, mais sans
    doute pas vraiment plus que dans les rues de Québec. » Elle préféra s'en tenir à sa petite leçon.
    —    Vous voyez, Marie et Joseph sont là. Savez-vous qui sont ces personnages ?
    —    ... Les bergers, risqua le garçon.
    Cela n'avait pas été difficile à deviner, deux d'entre eux portaient un mouton en travers des épaules.
    —    Et ceux-là ?
    —    Les Rois mages, intervint Eugénie avec assurance.
    La fillette portait un ravissant manteau au collet orné de fourrure blanche. Cela suffisait à accrocher les regards envieux des clientes, nombreuses en ce premier jour de décembre. La plupart d'entre elles tramaient dans leur sillage une ribambelle d'enfants. Très vite, d'instinct sans doute, ces derniers trouvaient la direction du rayon des jouets et multipliaient les jérémiades jusqu'à ce que leur mère les y conduise.
    —    Montons-nous au troisième voir votre père ? demanda la jeune femme en se relevant.
    Les enfants reprirent sa main pour se rendre jusqu'à l'ascenseur. Chemin faisant, le garçon montra du doigt le portrait d'un bonhomme joufflu, rieur, accroché au mur, en demandant :
    —    C'est qui, lui ?
    —    Saint Nicolas. Tu vois, c'est écrit dessous en anglais : Santa Claus.
    —    Il ne lui ressemble pas du tout.
    Les journaux de langue française offraient souvent la silhouette d'un grand barbu, plutôt maigre, qui portait une hotte sur l'épaule. Les Américains préféraient l'image d'un vieillard obèse, toujours hilare. Bien sûr, le «père Noël» faisait plus prospère qu'un saint émacié et son image s'imposait lentement sur tout le continent.
    Dans la petite cage aux murs de laiton, à chaque étage le liftier en uniforme rouge annonçait les rayons. Au moment où les portes s'ouvrirent pour la seconde fois, les mots «vêtements et chaussures pour femmes» indiquèrent au trio le moment de descendre. La vue des mannequins vêtus de jolies robes rappela à Elisabeth que le temps était venu de consacrer une partie de son traitement à l'achat d'une nouvelle tenue. Faire la rotation de deux jupes devenait lassant, l'ajout d'une troisième ne gâcherait rien.
    Au moment d'arriver dans les locaux de l'administration, Edouard s'élança vers le bureau du directeur en criant:
    —    Papa, es-tu là ?
    —    Voyons, en voilà des manières. Qu'est-ce que j'essaie de te montrer?
    —    ... Bonjour, Mademoiselle. Est-ce que papa est là?
    Marie Buteau accueillit le trio d'un sourire contraint, répondit d'abord aux salutations d'Elisabeth et d'Eugénie, puis enchaîna :
    —    Bien sûr, monsieur Picard est là. Qui dois-je annoncer?
    —    ... Edouard, répondit le garçon, un peu surpris qu'on ne le connaisse pas. Eugénie aussi.
    —    Je vais le lui dire.
    La secrétaire quitta son siège, frappa deux petits coups sur la porte, puis entrouvrit pour déclarer de sa voix la plus sérieuse :
    —    Monsieur Picard, j'ai ici un monsieur Edouard et une demoiselle Eugénie qui désirent vous rencontrer. Mademoiselle Trudel les accompagne.
    —    ... Dites-leur d'entrer.
    Les enfants n'attendirent pas la confirmation de Marie et s'engagèrent dans la pièce. Elisabeth demeura avec la secrétaire, l'air un peu emprunté. Après avoir regagné sa place, pour rompre le silence, elle remarqua :
    —    Mademoiselle Trudel, vous n'entrez pas ?
    —Je pense qu'une petite négociation se déroule présentement. Le garçon tient absolument à entraîner son père vers le rayon des jouets. Ma présence est superflue.
    —    Alors dans ce cas, assoyez-vous. Dans ses bons jours, monsieur Picard est un rude négociateur. Vous allez bien ?
    Des chaises permettaient aux visiteurs du commerçant de faire antichambre. La préceptrice s'assit sur celle qui se trouvait la plus proche de la secrétaire en disant :
    —Je vais bien. Vous savez, se lever tous les matins pour faire la classe à des élèves plutôt sages, au nombre de deux, ne pose pas de difficulté. Les jours de mauvais temps, je n'ai même pas à mettre le nez dehors. Nous montons simplement un étage.
    Le récit de la bonne fortune de son interlocutrice n'arrangea en rien l'humeur plutôt morose de la secrétaire, tellement qu'Elisabeth continua d'un ton empreint de sympathie :
    —    Et vous, Mademoiselle, comment allez-vous

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