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Faubourg Saint-Roch

Titel: Faubourg Saint-Roch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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de La Malbaie se trouvait tout près du fleuve, en terrain plat, un choix plutôt raisonnable car les trains ne valaient rien dans les pentes escarpées de la région de Charlevoix. Malgré la taille modeste du village, le quai était encombré de nombreuses personnes, pour la plupart des citadins à la recherche de tranquillité et d'air pur pour quelques jours.
    Alors que des employés s'esquintaient de nouveau sur le fauteuil roulant, Elisabeth réapparut aux côtés de la petite famille.
    —    Tu as fait un bon voyage ? questionna Edouard en prenant sa main.
    —Très bon. Et toi ?
    —    Moi aussi. Pourquoi tu n'étais pas dans le même wagon que nous ?
    Un moment, la jeune femme se demanda comment expliquer que son employeur préférait la voir voyager en deuxième classe, alors que lui-même le faisait en première. Au moment où Alice Picard atterrissait enfin sur les madriers du quai, elle précisa :
    —    As-tu vu le numéro sur ton billet? Il correspondait à un numéro de siège. Mon numéro m'a conduite dans une autre voiture.
    —    La prochaine fois, j'espère que tu auras plus de chance.
    Comment ne pas le trouver totalement adorable ?
    A la sortie de la petite gare, Thomas s'empressa de réserver les services de deux calèches. Les porteurs placèrent les valises dans la première, où la préceptrice monta avec son jeune chaperon. Alice grimpa péniblement dans la seconde avec l'aide de son époux, suivi par Eugénie.
    Bientôt, les deux voitures s'engagèrent dans la rue Saint-
    Etienne. Des deux côtés, les maisons traditionnelles québécoises, avec deux lucarnes perçant le toit en pente aiguë, alternaient avec des maisons victoriennes franchement modernes. Des estivants consentaient l'investissement que représentait la construction d'une résidence secondaire afin de revenir régulièrement y passer leurs vacances.
    Après être sorties du village, les voitures s'avancèrent dans une allée étroite, bordée de grands arbres, longue d'environ trois cents verges. À son extrémité, un vaste hôtel se dressait sur un tertre. L'édifice comptait deux étages au-dessus du rez-de-chaussée. Une immense véranda en faisait le tour, permettant aux clients de prendre place dans de grands fauteuils de rotin. Sans doute les vacanciers les plus âgés, ou ceux touchés par la maladie, passeraient là tout leur séjour, les yeux perdus en direction du Saint-Laurent dont l'immensité bleue se déroulait à un demi-mille de là, tout au plus.
    Des employés de l'hôtel vinrent chercher les valises. Cette fois, Thomas s'occupa seul d'aider Alice à descendre du véhicule et à prendre place dans son fauteuil roulant. Il la poussa vers l'entrée de l'établissement, puis jusqu'au comptoir de la réception. Quelques minutes suffirent pour recevoir les clés et régler les derniers détails.
    Au moment de retrouver sa femme pour la pousser en direction d'un couloir voisin, il précisa:
    — Nous sommes logés au rez-de-chaussée, afin de rendre tes déplacements plus faciles. De plus, je me suis assuré qu'une jeune fille demeure à ta disposition toute la journée.
    Bien sûr, la malade risquait peu de vouloir quitter l'établissement, alors que lui et les enfants entendaient profiter des divertissements disponibles dans la région. Au moment où ils arrivèrent devant la porte de la chambre, les porteurs en sortaient après avoir déposé les valises. La pièce contenait deux lits, une commode et un fauteuil.
    —    Laisse-moi près de la fenêtre, murmura Alice.
    Du fauteuil roulant, celle-ci contempla le point de vue superbe. Son mari continua :
    —    Nous partageons la salle de bain avec les enfants, dans la chambre voisine.
    Comme s'il obéissait à un signal, Edouard frappa à la porte de communication pour l'ouvrir aussitôt et déclarer :
    —    Nous sommes juste à côté. Viens voir, papa.
    L'homme obtempéra, constata que la chambre attenante
    se révélait absolument identique à la sienne. Elisabeth disait justement à Eugénie :
    —    Tu partageras le lit de ton frère, comme nous avons convenu à Québec.
    —    Mais je ne savais pas qu'il serait aussi petit, protesta la fillette.
    —    Je peux coucher avec Elisabeth, suggéra le gamin avec un grand sourire.
    Thomas échangea un regard amusé avec la préceptrice, puis décréta d'une voix qui ne tolérait pas la réplique :
    —    Tu partageras le lit de ta sœur. Celui-ci est certainement

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