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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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Amériques latines ». Il brosse de la situation socio-économique de son île sous Batista un tableau très noir, noirci, qui demeurera une mine de références… non vérifiées.
    Vient la reprise, mot pour mot, de thèmes soviétiques : déplacement du siège de l’ONU, institution d’une « troïka » pour remplacer le pauvre Dag Hammarskjöld, « solution rapide » du problème de Berlin-Ouest, plan de désarmement. « Le jour où les autres puissances se conduiront comme l’Union soviétique,la paix régnera dans le monde », s’écrie-t-il. Sur tous les sujets du moment, il prend parti : pour Lumumba au Congo ex-belge, pour l’indépendance de l’Algérie – « à cent pour cent » –, contre les « menées américaines » au Laos, pour l’admission de la Chine à l’ONU. Sa vision du tiers-monde est, à ce stade, plus affûtée que sa perception des rapports Est-Ouest. Pour finir, une note plus détendue : « Nous n’userons pas de la force pour libérer Guantanamo », la base que les États-Unis tiennent à Cuba. Mais il insulte John Kennedy, candidat démocrate en pleine campagne électorale : le futur président est un « milliardaire ignare » ; quant à son adversaire républicain, Richard Nixon, il « manque de cerveau politique ». Pas plus que son ami Khrouchtchev, Castro ne tirera de substantiels bénéfices de sa prestation. Au moins, à présent, est-il connu du monde entier.
    Son départ a lieu dans les mêmes conditions rocambolesques que son installation. Cette fois, les États-Unis ont confisqué son avion ! Le
Britannia
de la Cubana qui devait le conduire à La Havane a été saisi en exécution d’une décision de justice, pour le non-paiement de factures à une firme de publicité de Miami qui vient de réaliser une campagne de promotion pour le tourisme à Cuba. La mesure sera vite levée, mais l’incident aura permis au
Lider
de comparer à la rosserie américaine les bonnes dispositions de l’Union soviétique, qui lui offre un Iliouchine-18.
    Le séjour new-yorkais de Castro a tendu un peu plus, si possible, les relations américano-cubaines. Le soir même de son retour, le 28 septembre, Fidel annonce au peuple la création des Comités de défense de la Révolution, les CDR. La mesure est passée inaperçue de la presse européenne. Il s’agit pourtant d’un apport véritable de l’île caraïbe à la construction du socialisme mondial. Car les comités vont constituer un dense quadrillage de la population par elle-même. Ils assureront une surveillance de chaque
cuadra
(bloc d’habitation), usine, village. « Chaque Cubain saura ce que fait l’autre. » L’idée initiale est d’obtenir le signalement immédiat de tout étranger. Les CDR doivent aussi dénoncer quiconque, vendant par exemple ses meubles, semble se préparer à émigrer. Non que le départ soit interdit – il demeure même aisé, sauf pour quelques catégories, dont des hommes d’affaires –, mais le candidat à l’exil ne peut emporter que deseffets personnels. Une fois la Révolution installée, les CDR ajouteront à la vigilance un rôle de contrôle social, moral, civique et politique : suivi de la scolarité des enfants, de la conscription des adolescents, de l’enthousiasme révolutionnaire des adultes. Responsabilité immense, en vérité. Mais le CDR devra aussi se préoccuper des voleurs de poules à la campagne et des chapardeurs en ville. Il lui faudra également rameuter pour les fêtes du régime et stimuler le volontariat. Il aura encore un rôle d’entraide, en faveur des vieillards notamment, mais aussi de promotion d’activités culturelles et d’organisation de tâches sanitaires, telles les vaccinations. Le président du CDR, souvent une présidente, jouera même un rôle de juge de paix, adoucira les querelles de ménage. Impossible d’échapper à l’un des deux cent mille comités : 80 % de la population adulte sera enrôlée dans l’un d’eux. De sorte que l’on peut aussi annoncer, ce jour-là, que les élections promises dans le programme initial de la Révolution ne sont plus nécessaires ! La discussion aux CDR sera aussi libre qu’il est possible, entre voisins. L’atmosphère particulière d’une île – fermée, au départ cancanière – devait favoriser un tel système, assez oppressant, d’espionnage social. Le premier chef des CDR est un jeune communiste inconnu du public : José Matar, sujet brillant et ambitieux.
    Les États-Unis, vers cette

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