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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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ces lieux, en faisaient tout sauf un jardin d’Éden. Mais Fidel a trouvé mille raisons d’en être passionné. Tout d’abord il aime la nature. Et, surtout, c’est là une terre vierge, ouverte à son imagination démiurgique. La zone était habitée par cinq mille personnes, plus misérables encore que les misérables de l’Oriente : des fabricants de charbon de bois et leurs familles nombreuses. Castro imagine bien vite leur apporter le salut de la Révolution : les enfants seront pensionnaires dans les écoles de La Havane et des dispensaires seront installés. Et, surtout, il se toque de créer, au bord de la Baie, deux villages de vacances pour amoureux de la nature désireux de ne pas bronzer idiots. C’est dire que là où les anticastristes devront chercher leurs repères, lui connaît le terrain.
    Pourtant, début 1961, c’est l’île des Pins que le
Lider
fortifie – idéale tête de pont, juge-t-il, pour ses adversaires. Et il incorpore trente nouveaux chars Staline-III venus d’Europe de l’Est à la cinquantaine en service. Pour prouver sa détermination, il fait fusiller le
comandante
William Morgan, d’origine américaine, convaincu d’activités contre-révolutionnaires. Et l’on annonce l’ouverture, à Santa Clara, d’un procès monstre contre trois cent quatre-vingt-un « bandits » capturés dans l’Escambray – dont un prêtre.
    Cependant, les États-Unis ont préparé le terrain diplomatique. Le 13 mars, Kennedy a convoqué les dix-huit ambassadeurs des pays latino-américains avec lesquels Washington a des relations – ce qui exclut Cuba, bien sûr. Il leur annonce un plan d’aide. Le 3 avril, le département d’État publie une brochure justifiant l’invasion à venir. Les États-Unis, y lit-on, nesont « pas hostiles à la Révolution cubaine », mais se désolent qu’elle ait été « trahie » et que Castro en ait fait une tête de pont soviétique. Dans une conférence de presse, Kennedy promet « qu’aucun ressortissant américain ne participera à une quelconque action militaire pour renverser le régime Castro ». La formulation est ambiguë : il est vrai que les forces armées des États-Unis ne seront pas engagées dans des missions de combat, mais qui tient l’affaire à bout de bras ? En réalité, Kennedy hésitera jusqu’au bout à donner le feu vert. Il est convaincu que l’affaire est techniquement peccamineuse, mais comment arrêter une machine qui court sur son erre depuis des mois ?
    Les exilés, eux, ont fourbi leurs armes politiques. Le 20 mars, le Front anticastriste a annoncé la création d’un « Conseil suprême » présidé par Miró Cardona. L’ex-Premier ministre de Fidel précise que cette instance se transformera en « gouvernement provisoire » dès qu’elle se sera « assuré une assise sur le sol de Cuba ». Le 7 avril, un porte-parole annonce que l’invasion « aura lieu dans les quinze jours ». Voici Castro prévenu !
    Le « top départ » de Kennedy est donné le dimanche 16 avril à 14 h 10, alors que la flottille filait sur Cuba depuis quarante-deux heures !
    Le débarquement a été précédé, le 15 avril, par un bombardement de trois aéroports cubains. Les six appareils de cet assaut sont des B-26 américains de la Seconde Guerre mondiale maquillés à l’étoile des forces aériennes cubaines et leurs pilotes sont des aviateurs ayant moins bien supporté Castro que Batista, ainsi que quelques civils reconvertis. Les avions sont partis de ce Nicaragua de Somoza qui n’a rien à refuser à Washington et qui dispose d’une longue façade caraïbe autant dire déserte. Deux autres pilotes ont, eux, décollé un peu plus tôt afin d’aller… se poser à Miami : ils devront soutenir être des déserteurs des forces castristes ayant choisi la liberté après avoir bombardé leur base. Kennedy ayant imposé que le « niveau sonore » de l’agression soit réduit au minimum, c’est là la « couverture » qu’a mise au point la CIA – qui sera d’ailleurs vite éventée.
    L’effet recherché par cette attaque – la destruction au sol de l’aviation cubaine – n’a été que partiellement obtenu. Fidel aperdu cinq appareils, dont un seul moderne. Il a encore huit avions : quatre Sea Fury britanniques, un B-26 subsonique, ainsi que trois T-33 à réaction, des appareils d’entraînement américains. Tout ce matériel avait été fourni à Batista pour lutter contre Castro ! Le commandant en chef est venu

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