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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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dégradation révolutionnaire » du pays et du sous-continent. Les « gorilles » de Rio de Janeiro, comme les surnomme Castro, feront école, à commencer par l’Argentine en 1966, en attendant le Chilien Pinochet (1973). Une des premières décisions des nouveaux maîtres du Brésil est de mettre fin à l’activisme de Francisco Julião, secrétaire des « ligues paysannes » du Nordeste et fervent ami de Castro. Ce retournement autoritaire renforce le camp hostile à la Révolution cubaine parmi les États américains. Le
Lider
suggère alors, dans une interview, le 5 juillet, au
New York Times
, un « échange » : il retirera « son soutien matériel aux révolutionnaires latino-américains si les États-Unis et leurs alliés acceptent de cesser leur soutien aux activités subversives contre Cuba ». Pour Castro, sont subversifs : les commandos antirévolutionnaires (mais ceux-ci ne reçoivent plus que des aides marginales de la CIA) ; le blocus/embargo ; et les pressions des États-Unis sur les Européens et
Latinos
afin qu’ils rompent avec l’île.
    Cela laisse l’OEA impavide. La détermination du Venezuela aidant, elle vote, le 25 juillet 1964, des sanctions très sévères. Sa décision de mettre fin à toutes les relations diplomatiques, consulaires, commerciales, maritimes avec l’île est acquise par quinze voix contre quatre et une abstention (celle du plaignant, le Venezuela). Les quatre opposants sont le Mexique, la Bolivie, le Chili et l’Uruguay : les deux premiers par tradition nationaliste, les deux autres pour tenir compte de leur fort courant de gauche favorable à Castro. En principe, la décision de l’Organisation est contraignante. Et, de fait, même Santiago, La Paz et Montevideo rompront. Le Mexique seul refusera de se plier. Il demeurera ainsi l’unique débouché de Cuba sur le sous-continent et le terminus de la seule ligne aérienne régulière au départ de l’île en direction de cette partie du monde. En échange, les Mexicains accepteront que les passagers pour La Havane, ou en provenance de cette capitale, soient photographiés par la CIA : Mexico n’entend tout de même pas êtresoupçonnée d’être la plaque tournante d’activités illégales cubaines en Amérique. Castro gardera longtemps à ce pays une reconnaissance de son attitude indépendante.
    Fidel, cette fois, ne se déchaîne pas contre les États-Unis : « La vérité, c’est qu’aucun de nos pays, ni eux ni nous, n’a fait assez pour que les choses n’atteignent pas ce point », déclare-t-il le 26 juillet. Il a perçu que le front anticubain dépasse à présent les « gorilles » : même les gouvernements « présentables » développent un ras-le-bol de l’activisme castriste, considéré comme une tentative de remplacer la tutelle américaine par une autre.
    L’isolement par rapport à l’Amérique latine complique la vie à Cuba, même si l’Europe de l’Ouest prend un relais. Les deux voyages qu’effectue, en 1964, le général de Gaulle, en mars au Mexique et à l’automne dans dix pays d’Amérique du Sud, sont d’ailleurs salués par Fidel. « La France considère que le communisme à Cuba n’a été que la manifestation accidentelle, et provisoire si l’on sait s’y prendre, de la volonté d’indépendance des peuples latins d’Amérique », dit à Washington M. Couve de Murville, ministre des Affaires étrangères.
    Castro ne néglige aucun appui. Au deuxième sommet des non-alignés au Caire, début octobre, le président Dorticós fait triompher plusieurs thèses cubaines – sur Guantanamo, notamment. Puis il file sur Moscou, accueilli par… Leonid Brejnev, depuis quelques heures maître du Kremlin, en remplacement de Khrouchtchev, déboulonné. « Simple changement de personnalité, pas de régime », murmure Castro, toutefois perplexe. Car il s’était pris à bien aimer Khrouchtchev. Certes, celui-ci avait été désinvolte dans l’affaire des fusées, et pas seulement envers Cuba ! Mais c’est bien lui qui avait donné au
Lider
les moyens de réussir son pari : sortir l’île de l’orbite d’une Amérique du Nord qui y faisait quasiment la loi.
    Fidel n’a pas le choix : l’Union soviétique est son unique planche de salut, il doit s’y accrocher. Il « fera » avec Brejnev comme il a fait avec Khrouchtchev. Mais, comme pour marquer son indépendance, il donne le feu vert à un réchauffement des relations sino-cubaines. Les deux pays, qui ont grand-peine

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