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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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secrétaire du PCUS comme d’un « homme vif, brillant, souple, connaissant bien ses dossiers ». Il ajoute : « Je crois que nous nous sommes très bien compris. » Le chef du PCUS connaissait-il, dès son arrivée au pouvoir, la profondeur du mal qui étreignait l’Union soviétique – ce blocage moral, économique, social, politique, auquel avait présidé Brejnev, dont le long pouvoir allait être baptisé « le temps de la stagnation » ? On ne sait. Fidel loue d’emblée ses « initiatives internationales » en faveur du désarmement nucléaire. Dans le domaine intérieur, il apprécie sa « campagne contre l’alcoolisme », ses « mesures pour renforcer la discipline au travail, son combat contre la corruption » et son souci de ne pas « laisser de côté l’aspect social » dans son effort de rattraper « les retards de l’Union soviétique ». Bref, « un homme bien préparé, plus moderne, plus ouvert au monde que ses prédécesseurs et décidé à perfectionner la société et l’État ». Et pourtant le courant ne passera jamais. D’autant que, bien vite, la
perestroïka
a des effets inquiétants sur Cuba. La restructuration à laquelle s’attelle Gorbatchev conduit en effet à rendre inadmissible, aux yeux d’une population soviétique mieux informée par une presse devenue plus libre, le maintien des libéralités auxquelles l’île s’étaithabituée depuis des lustres :
el
pueblo cubano ès demasiado bailador
(« le peuple cubain aime trop danser »), comme dit un
chiste
(blague) local – la « danseuse cubaine » est décidément dispendieuse !
    S’il est vrai que la Révolution fidéliste a, un temps, été davantage qu’un partage de la disette, c’est essentiellement grâce à ce surcroît de richesses que, bon an mal an, Moscou a injecté dans l’économie insulaire. En ultime instance, le génie de Castro aura été d’avoir trouvé, un quart de siècle durant, une source permanente de financement d’une notoire partie des besoins de Cuba. Au prix d’une contrepartie stratégique : être l’épine permanente, et parfois très irritante, dans le talon de l’ennemi américain.
    Car Moscou n’aidait pas seulement la Révolution castriste en lui assurant des prix préférentiels pour son sucre et en lui accordant des prix bonifiés pour le pétrole qu’elle lui cédait. L’île était aussi autorisée à revendre « l’or noir » qu’elle économisait (un quart environ de son contingent annuel de 13,5 millions de tonnes) sur le marché international. C’était sa « cassette » de devises. Ces subsides lui rapportaient, ont évalué des experts américains, quatre milliards et demi de dollars par an, près du tiers du PIB. C’était comme une allocation mensuelle de cent euros attribuée à une famille de quatre personnes. Il faut garder à l’esprit que le salaire moyen d’un Cubain était du même montant. L’aide de Moscou finançait les prestations gratuites, médecine, éducation, loisirs, logement, dont la Révolution était si fière. Elle était aussi la source, ou le complément, de nombre des investissements, gages de la richesse future : l’Union soviétique aura ainsi achevé 350 projets dans l’île, et 250 étaient en cours lorsqu’elle a mis fin à ses libéralités. Elle finançait aussi une partie non négligeable des importations de denrées et autres produits qui avaient permis, à partir de 1970, une amélioration des conditions de vie de la population. Les meilleurs défenseurs de Cuba conviennent, dans la deuxième moitié des années 1980, que, sans cette assistance, « les progrès incontestables observés n’auraient pas été possibles » (Marcel Niedergang). La manne venant à faire défaut, le castrisme de Fidel va apparaître pour ce qu’il est vraiment : créateur d’égalité, mais nullement de richesses.
    La renégociation de l’accord commercial pour 1986 est tendue. Moscou restreint son aide : diminution des surprix payés pour le sucre et stagnation des quantités de pétrole livrées. Et le partenaire refuse de financer de nouveaux projets industriels insulaires, alléguant la nécessité d’achever d’abord plusieurs chantiers. Dès 1986, de surcroît, la réorganisation économique prenant sa vitesse de croisière en Union soviétique, les modalités mêmes de la coopération vont être révisées : la fin de la planification (Gosplan) comme élément principal de la conduite de l’économie soviétique va bouleverser

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