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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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la crise des années 1980 de façon plus indolore que dans le reste de l’Amérique latine. Cuba est plus humaine que la plupart des autres pays sous-développés en ceci que le vrai facteur de honte, qui est non la pauvreté mais l’inégalité criante, y est peu perceptible.
    Les réussites de la Révolution castriste, en 1985, sont l’éducation et la santé. L’obligation scolaire est acquise jusqu’à seize ans. Comparativement à maints pays du tiers-monde, le niveau est bon, si l’on fait abstraction du pesant endoctrinement. Le système des « écoles à la campagne », avec des alternances d’étude et de production, est adapté à la situation d’un pays dont les revenus viennent essentiellement des champs mais dont la population vit majoritairement en ville. Par ailleurs, le régime encourage les adultes illettrés à se porter au niveau du certificat d’études, puis du brevet.
    Cuba a, par ailleurs, pour ambition d’être, en l’an 2000, un pays phare en matière de santé. Partie d’un excellent niveaumoyen en 1959, la Révolution a fait mieux. Aucun effort, nulle dépense ne sont épargnés pour être à la hauteur de ce défi national. En matière de logement, en revanche, la Révolution a été très en dessous des espoirs qu’avaient fait naître ses premières mesures de 1959-1960. Là aussi, elle a distribué spectaculairement, mais elle a beaucoup moins construit. Pour les services en général, le niveau du pays oscille, en 1985, entre celui du sud de l’Europe et celui du tiers-monde. Le secteur des transports urbains, en particulier, est indigne.
    L’importance, peu notée, des suicides suggère que l’égalité révolutionnaire ne suffit pas à faire le bonheur : un taux plus de deux fois plus élevé que dans « l’enfer yankee », par exemple, selon le ministère de la Santé cubain (1981), avec vingt-sept « départs volontaires » pour cent mille habitants. Ce taux est le plus élevé d’Amérique. Un suicide spectaculaire a été celui, en 1983, de l’ex-président de la République Osvaldo Dorticós. Le régime, comme tout système à anthropologie faible, est désemparé devant cette ultime frontière de la liberté humaine ; il se croit obligé d’expliquer les « raisons » (maladie, perte d’un être cher…) des « grands » renonçants.
    1985, dernière ligne droite avant la déroute du bloc socialiste. Les résultats de Cuba, lumières et ombres, sont mieux connus et, partant, appréciés de façon plus sereine qu’à l’époque où le castrisme était objet d’adulation ou de répulsion. Le choix du système communiste comporte inconvénients et avantages. L’égalitarisme ne pousse pas à la consommation : c’est un bon point pour un pays qui, virtuellement riche, comme le disait Fidel devant ses juges en 1953, a encore peu à offrir. Mais c’est aussi parce que l’égalitarisme pousse peu à la production : notamment, seule une élite politique, frottée ou non d’économie, est stimulée à travailler. « L’organisation et la direction sont les maillons faibles du socialisme », a expliqué le
Lider
à Gianni Mina. Il a aussi admis la supériorité du capitalisme pour les « grands progrès technologiques ».
    Le prix politique payé pour cette assurance contre la misère que constitue le système communiste est également connu : l’absence de liberté. Le nombre des prisonniers a, il est vrai, beaucoup diminué depuis les années 1960 où l’île battait desrecords mondiaux. Les chiffres sur le nombre des détenus politiques qui circulaient vers 1985 allaient de huit cents (Castro à Mina) à mille cinq cents. C’est là une sorte de minimum de croisière du régime puisque les prisons avaient, en principe, été vidées fin 1979. La plupart des « contre-révolutionnaires » qui avaient purgé des peines de quinze à trente ans ont été libérés. Nombre des « criminels batistiens » ont, eux aussi, été élargis. Le maintien de la peine de mort pour une gamme très ample de crimes, politiques ou économiques, demeure une réalité. La Révolution a déjà conduit au
paredón
(poteau) au moins quatre mille personnes, selon des reconstitutions estimables. Ce chiffre est plus élevé que celui des victimes de la guerre civile. Il est plus lourd, aussi, que ceux du Chili de Pinochet. Quant aux morts de la guérilla de l’Escambray, entre 1960 et 1965 – au moins cinq mille –, ils doivent être comptés en sus.
    Heureusement, les

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