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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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mille belles de nuit en 1958, autour de leur fief de la rue… des Vertus. La Rampa, autour du nouvel Hilton, deviendra l’autre pôle de cette sulfureuse industrie pour Américains en goguette. Or, s’il est une loi que l’on peut tirer de l’histoire du siècle, c’est que, de Phnom-Penh à Maputo en passant par Saigon, les capitales de la prostitution dans le tiers-monde tombent aux mains de révolutionnaires « purs et durs »…
    Comment cet homme nullement sanguinaire, plutôt populaire, jovial, ayant fait place aux communistes lors de son premier passage au pouvoir (Blas Roca, secrétaire du parti, le dénommait, en 1940, le « fils du peuple »), comment cet homme-là a-t-il pu tout miser sur la répression après son coup d’État ? On dit que Batista avait beaucoup changé, mais pourquoi ? Sans doute étaient-ce les temps eux-mêmes qui avaient changé et, de Floride, l’ancien sergent n’avait rien remarqué. Il mourra en 1973, en Espagne, persuadé d’avoir tout fait pour éviter le communisme à Cuba…
    Que le coup d’État du 10 mars 1952 se soit déroulé comme à la parade n’était pas écrit. Car si les
golpes
sont le pain quotidien de la vie publique en Amérique latine, il est aussi une loi bien établie : jamais un officier qui a quitté le devant de la scène ne revient l’occuper. Place aux jeunes, en quelque sorte. L’explication de « l’exception cubaine » est que le prestige de Batista demeure immense dans les casernes en raison de son rôle dans la révolte des sergents de 1933. Dès le 10 mars, il lance une proclamation : « Ceux qui m’écoutent savent qu’il était impossible de tolérer plus avant un régime n’offrant ni garanties ni espoir. » Le pays sera délivré des gangsters politiques. L’élection du 1 er juin est reportée, le Parlement suspendu. Mais la propriété privée sera respectée. Et « Cuba s’acquittera de ses obligations internationales » – regard vers Washington. La première réunion de cabinet désigne Batista chef de l’État. Les travailleurs y reçoivent l’assurance que leurs droits acquis seront conservés.
    Agramonte et quelques autres politiques, arrêtés, seront vite relâchés. « Le calme règne dans l’île », peuvent titrer les journaux du monde entier. Moscou, toutefois, prend la décision de rompre ses relations avec Cuba, après que deux de ses porteurs de valise diplomatique se sont vu refuser l’accès de l’île. En pleine guerre de Corée, c’est une bonne nouvelle pour Washington. Deux semaines après le
golpe
, les États-Unis reconnaissent le nouvel état de choses. Prío s’est réfugié à l’ambassade du Mexique. C’est là un signe de l’essentielle faiblesse de la démocratie cubaine. Une strate sociale, la bourgeoisie, vient, sans le savoir, de sortir de scène. La classe dominante a accueilli Batista par un distrait : « Encore lui ! » Castro sera la réponse.
    Batista assure sans rire : « Je suis un dictateur démocratique. » Deux élections, truquées, auront lieu durant les six ans et demi de son règne – hommage que le vice rend à la vertu. Il promulguera deux amnisties. De 1952 à 1958, on ne le verra pas une seule fois en uniforme. Hypocrisie ? Ou vague conscience qu’il y a un lien entre l’état d’une société et celui de son gouvernement, et que, dès lors, le
golpe
n’est pas un bon signe ?
    Les partis traditionnels se montrent déplorables. Agramonte, chef des orthodoxes, s’effondre ; son successeur, Raúl Chibás, frère du héros défunt, ne fera pas mieux. Durant tout le
Batistazo
, ce ne seront que querelles. Les
auténticos
seront plus actifs, alimentés par les subsides de Prío, qui a fait des réserves durant sa présidence. Toutes les actions contre Batista, sauf la Moncada, seront aidées par le président déchu. Achever son mandat écourté par l’usurpateur sera l’obsession de Prío. Exilé à Miami, il sera, fin 1953, interpellé par le FBI pour trafic d’armes. Amnistié par Batista, il reviendra en 1955 dans l’île. La situation s’aggravant avec le déclenchement de la guérilla dans la Sierra Maestra, il repartira en Floride, toujours pétulant. Grau aura une obsession comparable : affronter ce Batista qui l’a chassé en 1934 et battu à l’élection de 1940. Pour ce faire, il vibrionne. Quelques personnalités de deuxième rang sauvent l’honneur en créant des groupes que rallient de jeunes militants désorientés. De futurs partisans de

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