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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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dispersés en un désordre voulu sur d’épais
tapis venus de Perse ou du lointain Cathay, ces dressoirs encombrés d’objets d’or,
d’argent ou de vermeil, incrustés de pierres rares, tout ce luxe qu’une grande
fortune et un goût sans défaut pouvaient réunir autour d’un homme. Elle pénétra
enfin dans une pièce où de grandes armoires peintes, montant jusqu’au plafond
armorié et doré, laissaient voir une profusion de livres reliés de cuir, de
parchemin, de velours et même d’argent ciselé. A l’instant où elle y entrait,
Lorenzo de Médicis en sortait si impétueusement qu’il faillit la jeter à terre.
Il la retint, la serra un instant contre lui :
    – Toi ?
Quelle jolie surprise ! ... Attends-moi un instant, il faut que je voie ce
que c’est que ce tumulte...
    – Je
viens justement t’en parler. Ce tumulte, c’est un peu moi. Viens voir !
    Elle l’entraîna
sur la galerie qui surplombait la cour et lui montra le petit groupe formé par
Luca, la mule que Savaglio débarrassait de son chargement sans trop de douceur
et le boucher.
    – J’ai
exigé de ton cousin et de la horde qu’il avait rassemblée pour égorger ce
malheureux sur la tombe de Giuliano qu’il soit d’abord conduit vers toi.
    – Il
me semble le reconnaître, fit Lorenzo en plissant ses yeux myopes pour mieux
voir. On dirait Carlo Pazzi, l’innocent ?
    – C’est
bien lui. Il arrivait de Rome en compagnie de Khatoun, mon ancienne esclave
tartare que Catarina Sforza m’a rendue. Ton cousin et une bande de brutes avaient
commencé à les mettre à mal quand je suis intervenue avec Chiara et deux
valets. Khatoun, à cette heure, a été portée au palais Albizzi où on la soigne.
A présent, il te reste à décider du sort de Carlo, mais je veux te prévenir que
je ne supporterai pas qu’on lui fasse du mal.
    Sans
répondre, Lorenzo se pencha sur la balustrade et ordonna à son capitaine de
faire monter le prisonnier. Puis il prit Fiora par le bras et la ramena jusqu’à
la bibliothèque où il la fit asseoir près d’un grand vase d’améthyste serti de
perles, la principale merveille de cette pièce.
    – D’où
connais-tu Carlo Pazzi ? demanda-t-il enfin, et sa voix incisive avait
cette résonance métallique dont Fiora avait appris à se méfier.
    – De
Rome. Il m’a aidée à fuir, de compte à demi avec la comtesse Riario. Dois-je te
rappeler la lettre que je t’ai remise ? Tous deux souhaitaient
désespérément que l’attentat échoue.
    – Donna
Catarina avait une raison, fit le Magnifique avec un haussement d’épaules. Elle
aimait mon frère. Mais lui, quelle raison pouvait-il avoir ?
    – Tu
avais été bon avec lui au point de vouloir le confier aux soins de Démétrios.
Il était persuadé que tu étais son seul ami dans cette ville.
    L’entrée
de Savaglio suivi des deux gardes qui portaient Carlo l’interrompit. Les yeux
clos, le malheureux respirait avec peine et, sur sa maigre figure, le sang
laissait en séchant des traînées noires. On l’étendit sur une sorte de banc
garni de coussins. Avec son cou tordu qui l’obligeait à tenir sa tête penchée
et ses longs membres grêles privés de vie, il ressemblait à un pantin
désarticulé. Pleine de pitié, Fiora alla s’agenouiller auprès de lui en
réclamant de l’eau fraîche, des linges, des sels, un cordial. Un valet apporta
ce qu’elle demandait et joignit ses efforts à ceux de la jeune femme pour
tenter de ranimer le malheureux. Debout derrière eux, Lorenzo, l’œil chargé de
nuages, les regardait faire. Enfin, alors que l’on commençait à désespérer, le
blessé exhala un profond soupir et ouvrit péniblement les yeux. Mais quelque
chose brilla dans leur profondeur bleue en reconnaissant le visage penché sur
lui.
    – Fiora !
souffla-t-il. C’est un miracle ! Est-ce que... est-ce que vous allez bien ?
    La
question posée d’une voix enfantine mais touchante la fit sourire. A demi-mort,
la première pensée de cet étrange garçon était de s’enquérir de sa santé.
    – Très
bien, Carlo... et grâce à vous. C’est un miracle en effet qui nous réunit, mais
qu’êtes-vous venu faire ici ? Ne saviez-vous pas quel danger vous alliez
courir ?
    – Oh
si ! Mais je ne pouvais plus rester à Rome. Le pape est enragé de fureur
contre les Médicis... et contre vous. Il ne parle que de guerre ! Quant à
moi, je n’étais plus que le vestige de ses espoirs défunts et j’aurais été

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