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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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embaumait la salle.
    Les
yeux vifs du cardinal avaient déjà fait le tour de la grande pièce, allant de
la tapisserie aux mille fleurs aux objets disposés sur les dressoirs, quand il
accueillit avec plaisir les marques de bienvenue que lui offrait Fiora : le
vin de Vouvray frais et les massepains aux amandes que Péronnelle réussissait
comme personne. Ce fut seulement quand ils furent seuls, lui et son hôtesse, qu’il
se décida à parler. Il en avait d’ailleurs exprimé le désir et Léonarde, à son
grand regret, fut obligée de se retirer comme les autres.
    Après
leur départ, il y eut un silence. Le cardinal mirait à travers le vin pâle de
sa coupe les reflets du feu mourant et Fiora dégustait l’aimable liquide sans
rien dire, attendant que son visiteur parlât. Il ne semblait guère pressé, mais
soudain il l’interrogea :
    – Avez-vous
songé à ce que je vous ai dit l’autre soir, donna Fiora ?
    – Vous
avez bien voulu prononcer à mon sujet quelques paroles flatteuses, Monseigneur,
et je ne saurais les oublier.
    – Sans
doute, sans doute, mais ce n’était qu’un préambule et je vous ai dit aussi qu’à
mon sens nous pourrions faire ensemble du bon travail.
    – Je
me souviens, en effet, mais j’avoue n’avoir pas bien compris ce que Votre
Grandeur entendait par là.
    – J’entendais...
et j’entends encore que nous pourrions unir nos efforts afin d’être utiles,
vous à votre ville natale et moi aux intérêts de l’Eglise.
    – Un
rôle intéressant, je n’en doute pas, mais comment pourrais-je le jouer ?
    – Vous
avez l’oreille du roi Louis et son amitié. La paix entre les peuples est un but
digne d’être poursuivi et vous pourriez inciter cet homme difficile à plus de
respect, plus de compréhension envers Sa Sainteté qu’il traite fort mal.
    – Beaucoup
moins mal, semble-t-il que le pape ne traite Florence. Ses visées politiques
paraissent fort claires, même à une ignorante comme moi : il entend achever
par la guerre l’ouvrage que ses spadassins n’ont accompli qu’à moitié. Vous n’imaginez
pas que je pourrais l’aider à détruire la ville de mon enfance ?
    – Détruire ?
Jamais ! Le Saint-Père ne veut aucun mal à Florence, et moins encore à sa
population. Cette... malencontreuse conspiration, ourdie par les Pazzi
exilés...
    – Peut-être
n’auraient-ils jamais rien ourdi, Monseigneur, sans l’aide bienveillante de
votre cousin, le comte Riario. De toute façon, entre le pape et les Médicis, il
y a désormais le sang de Giuliano répandu pendant la messe de Pâques !
    – Les
Pazzi ont été exterminés jusqu’au dernier. Plus de deux cents personnes, je
crois ? Un tel flot ne peut-il laver le sang de ce jeune homme ?
    – C’eût
été le cas, peut-être, si le pape n’avait appelé à la guerre sainte et frappé
Florence d’excommunication, et même d’interdit. Monseigneur Lorenzo ne fait que
se défendre.
    – Il
se défend, en effet... lui seul et au mépris du bien-être d’un peuple qu’il
prétend aimer. Pourquoi ne se sacrifie-t-il pas ? Après tout, il n’est pas
prince de droit divin.
    – S’il
ne se sacrifie pas, c’est que ce même peuple le lui défend. Les Florentins
aiment Lorenzo de Médicis et sont prêts à mourir pour lui.
    – Tous ?
Je n’en jurerais pas. Et, à défaut de lui, la cité du Lys rouge pourrait avoir
une princesse aimable, lettrée, brillante... et que vous appréciez je crois ?
    – Une
princesse ? Qui donc ?
    – La
comtesse Catarina. N’est-elle pas votre amie ?
    – J’éprouve
pour elle, en effet, beaucoup d’amitié et de respect.
    – Alors,
peut-être pourriez-vous lui apporter votre aide ?
    Fiora
considéra son visiteur avec une sincère stupeur, fortement teintée de méfiance.
Cependant, elle ne réussit à lire sur ce visage hautain et dans ces yeux
sombres profondément enfoncés sous l’orbite qu’une grande tristesse.
    – Elle
règne sur Rome et sur le pape. De quelle aide aurait-elle besoin ?
    – Peut-être
de la vôtre, justement. Comprenez-moi bien, donna Fiora ! J’ai beaucoup d’estime
et d’affection pour Catarina, et je n’aime pas la savoir malheureuse.
    – L’est-elle
donc ?
    – Plus
que vous ne croyez, et à cause de vous.
    – De
moi ?
    Avec
beaucoup de simplicité, le cardinal alla remplir son verre puis, tirant son
siège plus près de celui de son hôtesse, il revint s’asseoir :
    – Rome
regorge

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