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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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d’élever une infranchissable
barrière entre elle et l’homme qu’elle aimait. Elle ne l’avait pas attendu avec
la même joie, le même orgueil que son petit Philippe. Mais à présent, ce n’était
plus une abstraction : c’était un petit être vivant, la chair de sa chair,
le sang de son sang et quand Léonarde, doucement, vint le déposer au creux de
son bras, ce fut avec une vraie tendresse, un véritable amour qu’elle posa ses
lèvres tremblantes sur la minuscule tête ronde où de légers cheveux bruns
formaient comme une petite crête...
    – Oh
Léonarde, balbutia-t-elle, qu’allons-nous devenir ? Comment ai-je pu
penser un seul instant à m’en séparer ? Je l’aime déjà...
    – Moi
aussi, et je vous demande pardon d’avoir, à cette heure qui devrait être
heureuse, donné libre cours aux sentiments que je me suis efforcée de vous
dissimuler durant tout ce temps. Et pourtant, je ne savais pas que ce serait
une fille. Mais là... tout a débordé d’un seul coup.
    – Vous
pensiez à ma mère. Et moi, à présent, j’y pense aussi. Comme elle a dû souffrir
en sachant qu’elle allait quitter ce monde en m’y laissant !
    – Ce
ne sera pas la même chose pour vous. Cette enfant vous connaîtra et, même si
elle ne sait pas que vous êtes sa mère, je suis sûre qu’elle vous aimera... Au
fait, comment allez-vous l’appeler ? Il lui faut un nom florentin puisqu’elle
est, en principe, la petite nièce de ce bon Agnolo.
    – Cela
coule de source : Lorenza... Lorenza-Maria en mémoire de ma mère.
    En
dépit des objurgations de Léonarde, Fiora refusa d’être séparée de sa fille.
Jusqu’au lever du jour, elle la garda contre elle, lui murmurant des mots
tendres, caressant tout doucement les mains minuscules et les petites joues
rondes qui avaient la douceur et la couleur d’une pêche de vigne. Son cœur,
pris par surprise, débordait d’amour et de chagrin. Et quand, au matin,
Léonarde vint la lui enlever pour lui donner des soins et la nourrir d’un peu d’eau
sucrée au miel, Fiora eut l’impression de perdre une partie d’elle-même.
    – Vous
me la rendrez tout de suite après, n’est-ce pas ?
    – Non,
Fiora. Vous avez besoin, vous aussi, de soins, sans parler du repos que vous
vous êtes refusé. Lorenza va dormir un peu dans sa corbeille... mais je la
mettrai tout près de votre lit, je vous le promets.
    – Vous
n’allez pas... faire prévenir tout de suite Agnolo et Agnelle, n’est-ce pas ?
Vous allez me la laisser un peu ?
    Il y
avait tant d’angoisse dans sa voix que la vieille demoiselle sentit son cœur se
serrer. Elle avait craint, depuis le premier jour, cette flambée d’amour
maternel. Voir, à présent, ce visage douloureux où les larmes versées dans la
nuit avaient laissé leur trace la bouleversait.
    – Ce
n’est pas raisonnable. Plus vous attendrez, plus la séparation sera cruelle. D’autre
part, Agnelle a dû arrêter déjà une nourrice.
    – Pourquoi
ne nourrirais-je pas ma fille pendant quelque temps ? Après tout, rien ne
nous presse ? Nous sommes bien ici...
    – Oubliez-vous
votre fils ? Voilà six mois que vous l’avez quitté et on ne peut pas dire
que vous ayez beaucoup vécu avec lui. Est-ce qu’il ne vous manque pas ?
    – Si,
bien sûr... mais il me semble que, ce petit ange, je l’aime plus encore. Lui,
il a tout...
    – Sauf
un père ! fit Léonarde gravement. Lorenza aura père et mère, sans compter
vous-même qui ne la perdrez pas de vue. Enfin, n’oubliez pas qu’elle est de
race illustre. C’est une vraie Florentine, elle...
    – Certes,
elle l’est plus que moi. Mais je vous l’avoue, je n’ai guère pensé à son père
tandis que je l’attendais... et même maintenant. C’est la preuve que je n’ai
pas aimé vraiment Lorenzo. Et elle a peu de chance de le connaître jamais...
    – Vous
n’en savez rien. Quelle chance aviez-vous vous-même de connaître Florence au
jour terrible de votre naissance ? Laissez-moi envoyer le père Anicet à
Paris avec une mule et un billet. Florent est trop connu dans le quartier.
Mieux vaut qu’on ne l’y voie pas ces jours-ci.
    Fiora
pleura beaucoup, supplia même quand Léonarde, impitoyable en apparence mais
déchirée dans le fond de son cœur, lui banda les seins bien serré pour empêcher
la montée de lait, en alléguant d’ailleurs que c’était à peine utile car, à la
naissance de Philippe, Fiora s’était montrée peu prodigue du

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