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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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haut, mais vers une
salle basse, de plain-pied avec la rue Saint-Vincent. Dans la
seconde qui suivit, elle se vit dans une pièce obscure, et entendit
La Veuve qui, de sa voix morne et glaciale, sans apparence de
triomphe, disait :
    – J’aurai eu du mal, mais tu y es venue
tout de même !…
    Lise rassembla toutes ses forces et parvint à
murmurer :
    – Que vous ai-je fait, madame ?…
Vous me sembliez si malheureuse, tout à l’heure, dans la rue… j’ai
eu pitié de vous… n’aurez-vous pas pitié de moi ?
    La Veuve garda longtemps le silence. Puis elle
dit :
    – Ah oui…, dans la rue !… Figure-toi
que je sortais… j’étais venue à tout hasard, pour voir s’il n’y
aurait rien de nouveau là-bas. Non. Rien de nouveau, je sentais le
désespoir gonfler mon cœur jusqu’à le faire éclater, et, tout à
coup, qu’est-ce que je vois ?… Ma petite Valentine !…
    – Je ne m’appelle pas Valentine, dit Lise
en frémissant.
    – Pas Valentine ?… Soit ! Lise,
n’est-ce pas ? Oui, c’est bien cela !… Lise, soit !…
Vois-tu, quand je t’ai vue, j’ai cru que j’allais tomber… et puis,
quand je t’ai dit de me suivre !… Non, je ne recommencerais
pas ce moment-là pour une fortune, puisque tu es toute ma fortune,
toi. Dire que j’ai eu le courage de ne pas tourner la tête une
seule fois ! Je savais bien ce que tu pensais, va !
J’étais dans ta peau, dans ton âme, et je savais quelle épouvante
je faisais lever en toi… Je savais que, si tu avais un seul soupçon
de mon angoisse, tu te sauverais… Mais je t’aurais rejointe !
Je t’aurais tuée, tant pis ! en pleine rue !
    « Il vaut mieux que les choses se soient
passées ainsi. Te voilà, c’est l’essentiel. Oublions le reste. J’ai
à te prévenir seulement que, cette fois, tu ne t’échapperas pas…
Quant à ce que je vais faire de toi, je n’en sais rien encore… Non,
inutile ! inutile de joindre les mains, de pleurer, de
supplier… J’ai à t’apprendre que je te déteste, que je t’ai
toujours détestée dès la seconde où Jean Nib t’a amenée à
moi !… Enfin, il faut que je te fasse du mal… On m’en a assez
fait à moi ! C’est ton tour… Ce que je ferai de toi ?
continua La Veuve, comme si elle se fût parlé à elle-même, je vais
y réfléchir. On ne sait pas… En attendant, tu sauras que la porte
est solide et que tu pourras crier : on ne t’entendra pas. Il
y a là un lit. Tu peux te reposer. Tous les jours à midi, tous les
soirs à sept heures, je t’apporterai à manger… Voilà. Tu peux dire
que tu es séquestrée, que c’est un crime ; je le sais, et je
sais ce que je risque… Il y a des crimes qui ne risquent rien…
    En prononçant ces étranges paroles, La Veuve
parut tout à coup tomber dans une pénible méditation et oublier la
présence de Lise. Puis, secouant la tête, elle sortît sans jeter un
regard à la jeune fille.

Chapitre 42 LE RENDEZ-VOUS DES CROQUE-MORTS
    Depuis quelques semaines, le Rendez-Vous des
Croque-Morts était sujet à caution. La police y avait fait des
rafles. Des bruits sinistres couraient sur le patron que les
escarpes surveillaient étroitement, prêts à le tuer au moindre
signe de trahison. Mais le chef en question avait fait savoir qu’il
serait le soir au Rendez-vous des Croque-Morts, et, soit
discipline, soit curiosité, rôdeurs, gens de sac et de corde,
chevaux de retour s’étaient dirigés ce soir-là vers le cabaret.
    C’est vers neuf heures et demie que la porte
s’ouvrit tout à coup et que parut une sorte de brute colossale aux
mâchoires de dogue, aux cheveux roux, au nez écrasé. Il entra en se
dandinant lourdement, et s’assit à une table au milieu de la
salle.
    Cet homme, c’était le chef disparu qu’on
attendait.
    C’était Biribi…
    Zidore avait blêmi en voyant entrer Biribi, et
il avait glissé quelques mots à un garçon qui, aussitôt, s’était
dirigé vers la porte du fond. Biribi avait suivi des yeux ce
manège, et, au moment où le garçon allait sortir, il dit
tranquillement :
    – Ici, Coco !
    Le garçon obéit et s’approcha :
    – Assieds-toi là, devant moi, et ne bouge
plus, continua Biribi.
    – Mais, protesta Coco, il faut que je
m’occupe de l’office. Qui servira ?
    – Si tu veux que je t’éventre, tu n’as
qu’à bouger d’ici, dit Biribi.
    En même temps, il sortit son couteau et, d’un
violent coup, le planta devant lui dans le bois de la table.
    Le

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