Fleurs de Paris
vous
assure que j’ai rarement vu dans une femme plus de délicatesse de
cœur. Elle est incapable d’une pensée basse. Et je suis bien
heureux de rendre à la pauvre fille le service qu’elle m’a demandé
en tremblant.
– Écoutez ! fit brusquement Gérard.
Votre Magali est-elle… comment dirais-je… enfin, y a-t-il dans ses
manières ou son langage ?…
– Quelque chose qui fasse soupçonner ce
qu’elle est… ou ce qu’elle a été ?… Elle a simplement les
mœurs, les attitudes, le langage d’une honnête et brave petite
ouvrière…
– Eh bien ! en ce cas, j’ai trouvé
la solution. Votre Magali et… la personne à laquelle je m’intéresse
pourraient se partager la villa.
– Admirable ! fit Pontaives en se
levant.
– Eh bien ! pourquoi n’irions-nous
pas tout de suite à Neuilly ?
– Partons !…
Gérard et Pontaives passèrent dans le petit
salon où ils avaient laissé Lise.
– Chère enfant, dit Gérard en lui prenant
la main, monsieur que voici et qui est un excellent, un bon ami à
moi, vous offre l’hospitalité dans une maison où vous serez en
parfaite sûreté…
Lise adressa un regard à Pontaives qui la
saluait.
Mille pensées confuses passaient par sa
tète.
Déjà Gérard l’entraînait…
Bientôt la limousine roula. La route se fit
silencieusement. On arriva à la villa où avait eu lieu le duel.
Pontaives introduisit Gérard et Lise dans un coquet petit salon, où
il les pria de l’attendre.
Au bout d’une demi-heure d’absence, il revint
en disant :
– C’est fait. Je vais vous montrer la
partie de la villa qui sera honorée de votre séjour ; et de la
façon dont j’ai arrangé les choses, mademoiselle pourra prolonger
ce séjour tout autant qu’il lui sera nécessaire ou simplement
agréable…
La visite fut bientôt terminée. Trois pièces
furent mises à la disposition de Lise et devaient constituer son
appartement pendant son séjour, qui, assura Gérard, ne dépasserait
pas un mois, peut-être quelques jours.
Lorsque Lise se fut retirée dans la chambre à
coucher qui lui était destinée, Gérard, ayant fait signe à la jeune
fille qu’il la rejoindrait bientôt, entraîna Max de Pontaives dans
le petit salon et lui dit :
– Je n’oublierai jamais votre bonne
grâce ; quoi qu’il arrive, Pontaives, souvenez-vous que vous
avez en moi un ami dès ce jour…
– Je n’ai jamais douté de votre amitié,
baron. En eussé-je douté que la confiance que vous me témoignez de
préférence à tant d’autres de vos amis me l’eût clairement
prouvée.
– Non, Pontaives, non ! Jusqu’à ce
jour, je n’étais pas votre ami. Vous étiez pour moi une de mes
nombreuses connaissances parisiennes… Aujourd’hui, je vous
considère comme mon ami, et vous pouvez prendre note de ce que je
vous dis là, pour l’avenir…
Gérard paraissait en proie à une émotion que
Pontaives ne pouvait s’expliquer.
– Ce n’est pas tout, ajouta-t-il. Cette
jeune fille, Pontaives, est réduite à se cacher… jusqu’à ce que
j’aie arrangé certaines questions ; ce sera l’affaire de
quelques jours. Mais pendant ce temps, si court qu’il soit, j’ai
besoin de toute ma liberté. Ni le jour, ni la nuit… (la nuit
surtout, gronda-t-il en lui-même), je ne pourrai exercer autour de
cette maison la surveillance nécessaire…
– Mon cher baron, dit Pontaives, je vous
ai confié que Magali elle-même, pour des raisons que j’ignore,
d’ailleurs, se trouve dans la même situation. J’ai donc dû prendre,
hier, toutes les dispositions pour la mettre à l’abri. Mon ami
Ségalens m’a promis de m’amener aujourd’hui un homme sûr, capable
de protéger une femme contre toute tentative… d’enlèvement. Est-ce
bien un enlèvement que vous redoutez ?
– C’est cela même.
– C’est également ce que redoute
Magali ; du moins, c’est cela qu’elle m’a dit. Je vous
avouerai que je n’étais pas autrement inquiet, les femmes ayant
l’habitude d’exagérer… Je supposais donc que Magali était en
parfaite sûreté ici. Mais puisque vous, vous dont je connais le
sang-froid, craignez de semblables aventures, eh bien ! je
m’installe ici jusqu’à l’arrivée de l’homme que m’a promis
Ségalens. La villa étant accaparée par nos deux prisonnières,
ajouta-t-il en riant, je m’installerai dans ce petit pavillon que
vous voyez là-bas, au bout du jardin. Et je vous assure que je
monterai ma faction en
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