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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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mon nom
est Lise ?
    – Lise !… Oui ! tu
t’appelais ! Que de fois, moi aussi, l’ai-je balbutié avec
ferveur comme un talisman de bonheur et de rédemption, ce nom chéri
que tu portais lorsque je te connus… lorsque je t’adorai… lorsque
je te donnai mon cœur pour toujours !… Mais, tu le sais… tu
t’appelles Valentine !
    – Eh quoi ! n’as-tu pas entendu ce
que j’ai dit quand tu m’as délivrée ?…(Elle se leva.) Te
parlerais-je de mon amour s’il était vrai que je m’appelle
Valentine d’Anguerrand ? Est-ce que je ne mourrais pas de
honte en ta présence, si je n’avais acquis la preuve que ton père
s’est trompé…
    – Lise ! Lise ! que
dis-tu ? râla Gérard.
    – La vérité. Dans la nuit de Noël, où je
fus perdue et ramassée sur la route des Ponts-de-Cé, une autre fut
perdue et ramassée sur cette même route. Cette autre, c’était la
fille du baron d’Anguerrand. Moi je suis la fille de Louis de
Damart et de Jeanne Mareil… Ton père le sait et je le lui ai
prouvé… Mieux encore : j’ai vu celle qui devrait s’appeler
Valentine… celle qui est ta sœur, Gérard…
    Gérard frémissait. Lise reprenait le récit en
quelques traits rapides, donnait des détails précis. Ces noms de
Louis de Damart et Jeanne Mareil étaient familiers à Gérard, qui
avait relu dix fois la confession de son père. Il n’y avait plus à
douter : Lise n’était pas folle ; Lise disait l’exacte
vérité. Il en éprouvait comme un éblouissement. Mais, au fond de sa
joie sincère, puissante, le bandit trouvait deux idées avec
lesquelles il se colletait dès cet instant :
    Le baron d’Anguerrand savait que Lise n’était
pas sa fille.
    Donc, Lise avait vu le baron.
Donc, elle
savait où il se trouvait…
    Donc, par le moyen de Lise, il pouvait
supprimer le baron d’Anguerrand !…
    Deuxième idée :
    Lise avait vu la véritable
Valentine !…
    Donc, toujours et encore par le moyen de Lise,
il pouvait supprimer Valentine, l’inconnue menaçante qui avait le
droit de venir prendre sa part de la fortune !…
    Ainsi, même en un tel moment, Gérard songeait
surtout à s’assurer la possession de l’or. Même dans cette minute
triomphante où l’amour de la femme adorée éclatait dans sa
splendeur, c’était l’or qui exerçait sur lui sa fascination
magique. Son amour pour l’or était plus puissant que son amour pour
Lise. C’était chez lui un attrait matériel, une sorte d’influence
magnétique. Entre Lise et toute autre femme si belle, si adorable
fût-elle, il n’eût pas hésité : c’est à Lise qu’allaient les
désirs de cette âme orageuse. Mais entre Lise et l’or, il n’eût pas
hésité non plus : il eût tué Lise pour avoir l’or. Il l’eût
tuée en pleurant. Il se fût maudit de la tuer. Mais il l’eût
tuée…
    Donc, au moment même où Lise faisait tomber
l’obstacle qui eût pu les séparer encore, au moment où elle
prouvait qu’elle ne s’appelait pas Valentine, qu’elle n’était pas
la sœur de Gérard, lui, parmi les visions rapides et sanglantes
qu’il évoquait, ébauchait le plan d’un double meurtre : celui
du vieux baron d’Anguerrand et celui de cette Marie Charmant qui
venait de lui être révélée.
    Lise qui, tout à l’heure, dans la masure de la
rue Saint-Vincent, s’était jetée dans les bras de
Georges
,
se refusait maintenant au baiser de
Gérard
. Elle tremblait
légèrement. L’azur de ses yeux se voilait d’une buée de larmes.
    – Gérard, dit-elle avec une charmante
fermeté, je vous aime. Il n’y a pas d’autre image que la vôtre dans
ce cœur qui vous appartient et qui sera à vous jusqu’à son dernier
battement. Pauvre fille sans nom, fille sans courage peut-être,
puisque, pour vous aimer, je dois oublier que mon père est mort
sous les balles du vôtre et que ma mère est morte parce qu’un
d’Anguerrand l’a poussée au désespoir… Oui, si peu que je sois, il
me reste assez de fierté pour n’appartenir qu’à l’homme dont je
porterai ouvertement le nom… J’ai épousé Georges Meyranes… et
Gérard d’Anguerrand a épousé Adeline…
    – Eh bien ! oui, c’est vrai !
Mais je te jure qu’Adeline n’est pas la femme de Gérard…
    Lise tressaillit.
    – En douterais-tu ? reprit-il
ardemment. Pas une de mes pensées n’a été à cette femme. D’elle à
moi, il n’y a eu qu’une association… Mais cette association même
est dissoute. Il n’y a plus

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