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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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plus fort et à
crier : « Suzanne ! ma Suzanne ! » Elle ne
répondit pas ! Plus jamais elle ne devait me répondre !…
Le reste de mes souvenirs se perd dans un brouillard… Je me
souviens seulement qu’en courant ainsi, j’arrivai sur une grande
route : c’était celle qui va d’Angers aux Ponts-de-Cé… Alors,
je crus me rappeler que j’avais dû traverser cette route dans la
nuit, et je me suis mise à marcher vers Angers, appelant toujours
Suzanne… Je voyais des gens me regarder avec étonnement… Je me
souviens qu’ils étaient endimanchés ; en effet, c’était Noël…
effroyable Noël pour moi !… Aux premières maisons d’Angers, je
perdis connaissance, et lorsque la raison me revint, je me vis dans
un hôpital… Dans la cour, les arbres étaient feuillus ; il
faisait chaud : on était en juin… Cinq mois s’étaient écoulés
depuis cette nuit de Noël où, près de la route des Ponts-de-Cé, je
perdis ma petite Suzette !…
    « La santé me revint ; on me rendit
mon petit Louis… Je partis pour Paris, où je me mis à travailler
pour mon enfant… Mais je ne savais rien faire ; ce que j’avais
appris au pensionnat d’Angers ne me donnait pas un morceau de
pain ; je faisais de la broderie pour un grand magasin, et
cela me rapportait de vingt à trente sous par jour. Mon petit
Louis, au bout de deux ans de privations, se mit à tousser, et, par
un matin de janvier, il s’éteignit dans mes bras en
murmurant : « Ne pleure pas trop, maman !… »
Alors, je fus enragée. Je me mis à chercher Hubert d’Anguerrand et
les siens pour venger sur cette famille maudite la mort de ma mère,
la mort de mon enfant, la disparition de ma fille… Or, écoute-moi,
Jean Nib… Jamais je ne pus savoir ce qu’était devenu le
baron !… Jamais je ne pus mettre la main ni sur lui, ni sur
son fils Gérard, ni sir son fils Edmond, ni sur sa fille
Valentine…
    La Veuve se leva, s’approcha de Jean Nib, lui
saisit les mains, et, les yeux dans les yeux :
    – Et tu dis que Gérard t’a payé pour
assassiner Hubert D’Anguerrand ?
    – C’est la vérité !…
    – Le fils t’a payé pour supprimer le
père ?
    – C’est la vérité ! répéta Jean Nib
dans un grondement.
    Quand je te dis, Jean Nib, que c’est une
famille de maudits ! La fatalité pèse sur eux… Et tu dis, Jean
Nib, que tu n’as pas voulu frapper le baron d’Anguerrand ?
    – La bataille tant qu’on voudra !
dit Jean Nib. Mais frapper un homme seul, désarmé, sans risques… je
n’ai pas pu, voilà !
    – Eh bien ! sois tranquille ;
du moment que le fils est aux trousses du père, le père
mourra !
    « Tu dis que tu te charges du baron
Hubert d’Anguerrand ?… Tu ne veux pas me
l’apporter ?…
    – Non ! Maintenant que je sais votre
histoire, La Veuve ; j’aimerais autant poignarder cet homme de
mes mains que de vous le livrer.
    Et tu as dit que tu voulais me confier sa
fille ?…
    – Oui. À condition que vous ne lui
fassiez pas de mal. Je viendrai m’en assurer, et malheur à vous si
elle meurt !…
    – Sois donc tranquille ! fit La
Veuve avec un livide sourire. Amène-moi demain la petite. Je t’en
débarrasse. Je te rends service… et tu garderas l’argent que tu
m’as offert… Je ne lui veux pas de mal, à la petite… elle n’est pas
responsable, après tout !…
    – S’il en est ainsi, fit Jean Nib en se
levant, demain, Lise sera ici… À propos, est-ce que vous n’avez pas
pour voisine une marchande de bouquets à la rue ?
    – La petite Marie Charmant, oui, fit La
Veuve avec indifférence. C’est elle qui, l’autre soir, a porté des
chrysanthèmes sur la tombe de mon petit Louis. Je lui ai donné cent
sous pour la course.

Chapitre 13 MARIE CHARMANT
    Nous croyons avoir dit que sur le palier du
quatrième, dans la maison de la rue Letort, s’ouvraient trois
portes. L’une était celle du repaire où s’était embusquée La Veuve.
Sur le deuxième, on pouvait voir une carte de visite, clouée aux
quatre angles, sur laquelle on lisait ces mots tracés par une main
maladroite :
    Mlle MARIE CHARMANT
    Fleuriste-bouquetière. On livre en ville.
    La troisième porte était plus
mystérieuse ; elle était toujours fermée.
    Disons enfin que du palier partait un petit
escalier étroit et raide qui aboutissait à un galetas. Or, ce
galetas faisait partie des dépendances locatives de La Veuve, et,
grâce à un retour du toit, était situé en

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