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Fortune De France

Fortune De France

Titel: Fortune De France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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moi-même
avons cru bon d’ajouter à notre acte d’affrèrement. Cette lecture doit être
très attentivement écoutée par tous ici, car tous pourraient dans l’avenir être
appelés à en témoigner. Monsieur Ricou, je vous prie.
    Monsieur
Ricou tira de sa poche un rouleau, le déplia et le lut avec lenteur et sans que
j’y comprisse goutte sur le moment. Comme je m’en aperçois aujourd’hui en le
relisant, la seule chose qui me frappât alors fut que mon père pouvait être tué
à la guerre, pensée qui ne m’avait jamais effleuré et qui me bouleversa.
    Si
tel était le cas, disait le notaire Ricou, M. de Sauveterre, Écuyer,
s’engageait à considérer Isabelle de Siorac comme sa propre sœur ; à lui
assurer le pot et le feu jusqu’à la fin de ses jours, ainsi qu’à François,
Pierre, Samson et Catherine, qu’il traiterait en tout comme ses propres
enfants. À sa majorité, François de Siorac deviendrait coseigneur de Mespech,
M. de Sauveterre conservant le ménage et le commandement du domaine jusqu’à sa
mort. Une somme convenable serait donnée à leur majorité à chacun des fils
cadets, Pierre de Siorac et Samson de Siorac, pour qu’ils poursuivent à
Montpellier leurs études : Pierre en médecine, et Samson, en droit. Quant
à Catherine, elle recevrait le jour de son mariage le champ, le bois et la
carrière qu’Isabelle de Caumont avait apportés à Mespech. Si M. de Sauveterre, Écuyer,
décédait avant que les quatre enfants atteignissent leur majorité, MM. de
Caumont deviendraient avec Isabelle leurs cotuteurs.
    Ayant
dit, M. Ricou invita les présents à lui poser des questions, et ma mère demanda
d’une voix tremblante si le fait d’appeler Samson dans le codicille Samson de
Siorac suffisait à le légitimer. Non, dit M. Ricou, pour que Samson soit
légitimé, il faudrait introduire une requête auprès du Roi, mais dans le cas
présent, l’enfant est seulement reconnu, ce qui, il le soulignait, ne nuisait
en rien aux intérêts de l’aîné, François de Siorac, puisqu’il serait seul héritier
du domaine. Mon père écouta ces explications sans dire mot ni sourciller ni
regarder aucunement ma mère.
    M.
François de Caumont demanda s’il n’était pas possible de préciser la
« somme convenable » qui serait donnée respectivement à Pierre de
Siorac et Samson de Siorac pour poursuivre leurs études à leur majorité.
Sauveterre proposa 3 000 livres tournois à chacun, mais qui suivraient, de
ce jour au jour dit, l’augmentation du prix du blé, proposition qui fut adoptée
par mon père et consignée par Ricou.
    M.
Geoffroy de Caumont voulut savoir pourquoi Pierre de Siorac, à six ans, était
voué à la médecine, et Samson de Siorac, qui avait le même âge, au droit. Mon
père répondit avec un sourire qu’étant cadets nous aurions à acquérir une
instruction très sérieuse afin de gagner notre vie ; et qu’il avait été
frappé par l’intérêt que je portais aux malades qu’il lui arrivait de soigner
et par toutes les questions que je posais à ce sujet. Quant à Samson, il avait
une tournure d’esprit précise et pratique, qui, lui semblait-il, le portait à
prendre de l’intérêt au droit. Mon père ajouta qu’il pouvait, certes, se
tromper là-dessus, mais que, de toute façon, chacun de ses cadets devait, dans
son esprit, recevoir la somme précitée quelles que fussent les études qu’il poursuivrait
pour peu que les titres qu’elles lui donneraient lui permettent un
établissement honorable. M. François de Caumont demanda que cette dernière
remarque de mon père fût consignée dans l’acte, ce qui fut fait.
    Le
codicille fut alors signé par M. de Sauveterre, Écuyer, M. le Chevalier de
Siorac, Isabelle de Siorac, MM. François et Geoffroy de Caumont, les cousins
Siorac et aussi Cabusse, qui était le seul de notre domestique à savoir signer
son nom, ce qu’il fit, non sans quelques airs qu’il se donna.
    Après
beaucoup de compliments, le notaire Ricou se retira, Marsal et Coulondre sur
ses talons car ils devaient le raccompagner, armés jusqu’aux dents, dans les
murs de Sarlat, les chemins étant redevenus peu sûrs et la rumeur courant qu’on
avait vu, du côté de Belvès, une forte bande de Roumes [12] qui pillait les mas isolés et s’attaquait même aux châteaux. Quant à MM.
François et Geoffroy de Caumont, ils couchaient à Mespech, devant le lendemain
partir avec mon père pour Périgueux où se faisait le

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