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Fourier

Fourier

Titel: Fourier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jonathan Beecher
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dont il
répète à qui veut l’entendre qu’il est le « continuateur » : si Newton a
découvert les lois de l’attraction matérielle, Fourier, lui, dévoile celles de
l’attraction passionnée. Il semble pourtant clair que la dette de Fourier
envers Newton n’est pas énorme. Peut-être le principe de gravitation a-t-il
inspiré sa propre définition des passions comme forces « attirant » les hommes
vers leurs buts prédestinés ; sans doute l’image newtonienne d’un univers
harmonieux a-t-elle déterminé sa vision sociale. Mais la comparaison s’arrête
là : la plupart des idées scientifiques de Fourier sont pré-newtoniennes.
Fourier n’a jamais compris, ni même apparemment cherché à comprendre, la notion
moderne de loi scientifique comme proposition descriptive concernant un ordre
séquentiel uniforme. Les principes qu’il énonce ne sont pas de type : « si...
alors ; » ce sont des axiomes sur les tendances inhérentes aux choses. Il
cherche à dévoiler un ensemble de buts vers lesquels tendrait inexorablement
l’univers : en cela, sa pensée est bien plus proche de celle des scolastiques
que de celle de Newton ou Galilée*. Et c’est aux scolastiques qu’il emprunte sa
réflexion initiale sur les propriétés de Dieu et la nature de la Divine
Providence.
    * Cela ne veut pas dire que Fourier ne doive absolument
rien à Newton, ni qu’il l’ait invoqué dans l’unique but de rendre sa théorie
plus scientifiquement respectable. Au contraire, les premiers noms qu’il donne
aux passions distributives suggèrent qu’il pensait alors véritablement établir
les lois de la psychologie à la manière de Newton ou de Galilée. Voir plus
haut, chap III, § ii, note. Dans ses écrits de la Restauration, on trouve
encore des passages où il semble rechercher les lois « newtoniennes » de
l’économie et de la société. Voir par exemple La Phalange, V (1847), 19 : « Le
monde passionnel ne peut s’harmoniser, comme le sidéral, que par une tendance
au luxe en raison directe des masses de capitaux et inverse du carré des
distances ; et on pourra appliquer au mécanisme d’Harmonie passionnelle toutes
les lois mathématiques selon lesquelles est régi le monde sidéral. » Il semble
cependant que durant son séjour à Belley, Fourier se soit petit à petit rendu
compte que Newton n’était peut-être pas le meilleur guide pour une exploration
du monde social. Voir notamment un manuscrit important : « Insuffisance et
extension du système Newtonien en Théorie d’Attraction », AN 10AS 7 (12), pp.
23-29.
    Le système de Fourier est tout entier fondé sur une foi
inébranlable en l’existence d’un Dieu infiniment bon, infiniment sage et
infiniment puissant. S’il méprise les vues « simplistes » et « bâtardes » des
athéistes, ses propres idées religieuses sont cependant fort éloignées de
celles de l’orthodoxie chrétienne. Il rejette la doctrine de la Révélation, rit
du Sermon sur le mont des Oliviers, et c’est avec la verve d’un Voltaire qu’il
ridiculise l’enfer et le paradis, pures « inventions » chrétiennes. Les notions
de récompense ou punition suprêmes ne lui disent rien qui vaille et il rejette
celle de divinité personnelle : « Commencez donc par vous défaire des préjugés
philosophiques et religieux d’après lesquels on vous persuade que Dieu est un
cuistre qui se mêle des affaires de chaque ménage, que Dieu est un tatillon qui
va mettre le nez dans les draps pour voir si un mari triche en exploitant sa
femme 8 . » Dieu n’est pas pour
Fourier un tel « cuistre », c’est un « grand géomètre » comme le Dieu de
Voltaire et des déistes du XVIIIe siècle. C’est un Dieu qui est limité par les
lois de l’univers avec lesquelles il forme un tout :
    La nature est composée de trois principes éternels,
incréés et indestructibles :
    1. Dieu ou l’Esprit, principe actif et
moteur.
    2. La Matière, principe passif et mu.
    3. La Justice ou les Mathématiques,
principe régulateur du Mouvement.
    Pour établir l’harmonie entre les trois principes, il
faut que Dieu en mouvant et modifiant la matière, s’accorde avec les
mathématiques ; sans cela il serait arbitraire à ses propres yeux comme aux
nôtres, en ce qu’il ne concorderait pas avec une justice certaine et
indépendante de lui. Mais si Dieu se soumet aux règles mathématiques qu’il ne
peut pas changer, il trouve dans cet accord sa gloire et son intérêt 9 .
    Le Dieu de

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