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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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moi me poussait à avancer. J’imaginais les assaillants arriver au salon dans un grand fracas, découvrir que nous venions juste de quitter les lieux et redoubler d’efforts pour nous trouver. S’ils y parvenaient, une mort rapide serait ce que chacun de nous pourrait espérer de mieux, car sinon les salles de torture de l’Inquisition nous attendaient.
    — Attendez, nous enjoignit frère Guillaume en levant une main. Le bout du tunnel était en vue. Devant moi j’apercevais les dernières lueurs du jour, derrière un écrin de verdure. J’avais le dos trempé de sueur. Je tendis la main derrière moi et attrapai celle de Sofia. Si nos attaquants connaissaient l’existence du tunnel… s’ils avaient posté des hommes à cette sortie…
    Le frère avança avec précaution jusqu’à atteindre la grille qui barrait l’entrée. Il regarda à l’extérieur dans toutes les directions possibles avant, enfin, de faire un pas en arrière et de nous faire signe à tous de le rejoindre.
    — La voie est libre, dit-il dans un sourire en ouvrant la grille pour nous laisser passer, à notre soulagement à tous. Faites vite, et que le Seigneur soit avec vous.
    Nous partîmes deux par deux, Sofia et moi ensemble, non sans nous être auparavant étreints à la va-vite et avoir échangé quelques mots de réconfort. Nos attaquants étant certainement arrivés par le fleuve, nous prîmes la direction des champs. Le soleil couchant nous servit de boussole tandis que nous nous hâtions, attentives au fait qu’il ferait bientôt nuit.
    Nous avions parcouru ainsi quelque distance lorsque Sofia se retourna. Elle s’arrêta alors net et me toucha le bras.
    — Regarde, fit-elle simplement.
    Je me retournai à mon tour et vis une épaisse fumée noire s’élever dans le ciel qui s’assombrissait. N’ayant pas réussi à nous trouver, les intrus avaient mis le feu à la villa. Le temps qu’il fasse de nouveau jour, il ne resterait plus que des ruines fumantes. Mais on n’y trouverait pas nos restes calcinés, ainsi que j’avais pu le voir à l’occasion sur le bûcher funéraire des condamnés. Pour cela tout au moins, j’essayai tant bien que mal d’être reconnaissante.
    Nous ne pouvions nous attarder plus longtemps. La porte secrète derrière la tapisserie avait certainement été découverte, ainsi que le passage qui en partait. Cela mènerait nos poursuivants jusqu’au sous-sol, d’où ils auraient plus de mal à trouver le tunnel, mais en déduiraient que nous courions toujours. Nous devions donc nous attendre à ce qu’ils ordonnent une fouille des environs d’ici peu.
    Gardant cela à l’esprit, Sofia et moi reprîmes notre course en chancelant. Elle tomba une fois, se prenant le pied dans une racine, mais je l’aidai tout de suite à se relever.
    — Je vais bien, insista-t-elle quand elle lut l’inquiétude dans mes yeux. Il en faut plus pour secouer ma vieille carcasse.
    Au vu du courage dont elle faisait preuve, je ne pouvais que l’imiter. Nous pressâmes le pas, guidées par le clair de lune, et arrivâmes enfin à un ruisseau où, hors d’haleine et épuisées, nous nous agenouillâmes pour boire. La villa était à des kilomètres derrière nous, et nous n’entendions aucun bruit indiquant une poursuite. Pour le moment tout au moins, il semblait que nous soyons hors de danger.
    Alors que je prenais conscience de cela, le contrecoup de ce qui venait d’arriver me frappa de plein fouet, et ce fut pire encore lorsque je songeai aux possibles implications. Je m’effondrai littéralement à terre. À côté de moi, Sofia fit de même mais elle, au moins, avait encore la force de passer un bras autour de mes épaules.
    Doucement, elle me dit :
    — Nous sommes en vie, Francesca. Plus tard, nous essaierons de comprendre ce qui s’est passé, mais pour le moment rendons grâce à Dieu d’avoir survécu.
    Elle avait raison bien sûr, et je le savais ; mais la peur m’écrasait. Tout contre son épaule, je soufflai :
    — Guillaume, et les autres…
    Elle me tapota gentiment le dos, comme une mère apaiserait un enfant agité. Je n’avais jamais connu la douceur de la main d’une mère, la mienne étant morte en me donnant la vie. Pourtant, j’avais déjà cru entendre sa voix me chanter une chanson douce, et apercevoir ce visage que j’avais perdu pour toujours.
    Comme on peut être sot, parfois, à chérir la nostalgie qui demeure en nos cœurs.
    — Ils sont en sécurité à

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