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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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si elle aurait voulu ravaler tout ce qu’elle venait de dire, stopper le temps et nous faire prendre un autre chemin. Mais nous savions toutes deux qu’il n’y en avait qu’un seul.
    — Je serai dans le tombeau, continua-t-elle. Et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour te ranimer : j’ai déjà prévu des couvertures, des tisanes fortifiantes, tout. Je te promets que quoi qu’il arrive, je ne renoncerai pas.
    — Je le sais, la rassurai-je en l’étreignant prestement, avant que l’une ou l’autre ne remettent en question ce qui était sur le point d’arriver. Pars maintenant, sinon les gardes vont finir par se poser des questions.
    — Francesca…
    — Sofia, vraiment, il n’y a rien d’autre à ajouter. Tu es mon amie, et j’ai totalement confiance en toi. Mais si un malheur devait arriver, sache que tu n’as rien à te reprocher. C’est mon choix, à moi seule.
    Nous nous dîmes alors au revoir, en espérant très fort que notre séparation ne serait que temporaire. Je crus qu’elle allait de nouveau parler, comme s’il restait encore quelque chose à dire ; mais elle se ravisa.
    Elle recula de quelques pas, me toucha légèrement la joue, et s’en fut. La porte se referma derrière elle si doucement que je l’entendis à peine. J’étais de nouveau seule, avec la fiole que je serrais dans la paume de ma main.
    J’attendis que Portia soit venue et repartie pour sa dernière visite de la journée ; que l’obscurité soit descendue sur Rome, et les bruits de la rue atténués. Lorsque je n’entendis plus que le bourdonnement des cigales dans le jardin et le léger frottement du cuir contre le métal, indiquant que l’un de mes gardes changeait de position, de l’autre côté de la porte, je commençai enfin mes dernières préparations.
    Minerve avait déjà mangé mais je lui en redonnai un peu plus, ainsi que de l’eau. Même si Portia venait le lendemain matin, je voulais m’assurer que la petite chatte ne souffrirait pas de mon inéluctable négligence. Une fois cela fait, je me déshabillai et me lavai, puis revêtis une chemise propre. D’ordinaire je dormais nue, mais à l’évidence je préférais que l’on ne me trouve pas en tenue d’Ève. Cette concession à la pudeur aiderait à prouver si besoin était que j’avais bien projeté ma mort.
    À ce moment-là j’eus un moment d’hésitation, je le confesse, et m’assurai une fois de plus que tout était bien en ordre, mes livres, le garde-manger, toutes les substances potentiellement dangereuses enfermées sous clé. Lorsque je n’eus vraiment plus rien à faire, je restai quelques instants au centre du salon, observant les lieux qui avaient été ma maison pendant quelques mois seulement. J’avais laissé ici une empreinte comme dans aucun autre endroit où j’avais vécu auparavant, et pourtant déjà celle-ci semblait s’estomper, sans aucun doute à cause de l’excès d’ordre que j’avais tenu à y mettre. Un inconnu aurait pu emménager ici, et avec très peu d’efforts se sentir chez lui.
    Mais cela n’arriverait pas. J’allais vivre, vaincre Morozzi et, ce faisant, sauver Borgia. Et la vie continuerait.
    Ou pas.
    Assise au bord du lit, je respirai calmement et passai en revue, une fois de plus, la liste de toutes les choses que je m’étais senti un devoir d’accomplir avant d’en finir. Je n’avais rien oublié. Il n’y avait donc plus aucune raison de repousser l’échéance.
    Je levai la fiole et la regardai. Sofia ne m’avait pas dit quel goût la potion aurait. Et si c’était répugnant, au point de me donner envie de vomir ? Tout se terminerait avant même d’avoir commencé.
    Je retournai dans le garde-manger, trouvai un reste de vin laissé là par Portia, me versai une coupe et en bus la moitié avant de retourner dans la chambre. Prenant la coupe dans une main et la fiole dans l’autre, je me servis de mon pouce pour ôter le bouchon de cire. Ce simple geste me souleva le cœur, et l’espace d’un instant je craignis de ne rien pouvoir avaler.
    Sans plus attendre, je penchai la tête en arrière, portai la fiole à mes lèvres et bus son contenu d’un trait. Aussitôt après, je vidai la coupe et fis tomber l’une comme l’autre par terre. J’avais le cœur battant et soudain chaud, au point de transpirer. Gardant fermement mes lèvres closes, je m’allongeai sur le lit et m’obligeai à respirer profondément.
    Au début, rien ne se passa. Je n’eus pas la

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