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Francesca la Trahison des Borgia

Francesca la Trahison des Borgia

Titel: Francesca la Trahison des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sara Poole
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d’attendre. Peut-être car il projetait de tuer Borgia pendant le mariage ? Mais cela voudrait dire agir en public, en présence de la garde pontificale et des gens d’armes de Sforza. Par ailleurs, avec le portrait que Nando avait fait de lui et qui circulait présentement parmi tous les condottieri, il n’aurait aucune chance de passer inaperçu.
    Dans ce cas, à quoi pensait-il ? Comment comptait-il s’y prendre ?
    Ce qui, en définitive, revenait à se demander : si j’étais lui, que ferais-je ?
    Vous comprendrez que j’abhorrais l’idée de me mettre dans la peau d’un dément. Je ne supportais pas de songer que le mal qui l’habitait était peut-être analogue au mien. Et pourtant on ne pouvait nier que nous étions tous deux des assassins, poussés à agir par des forces malfaisantes qui dépassaient l’entendement pour d’autres – ceux suffisamment chanceux pour vivre dans la lumière.
    Je me fis violence, mais en vain. Le plan de Morozzi continuait à m’échapper.
    Le jour commençant à se lever, César n’eut d’autre choix que de redéployer ses hommes. Ils prirent prestement position alentour, en prenant garde de ne pas se faire voir. Bientôt, l’activité de la rue reprit ; les gens ne parurent rien remarquer d’inhabituel, cependant. Cela me remonta quelque peu le moral, mais mon esprit bouillonnait toujours autant pour essayer de deviner ce que Morozzi mijotait.
    Mal rasé, les yeux rouges, et bien trop nerveux pour rester là à ne rien faire une minute de plus, César retourna chez lui, un page de la maison d’Amico dans son sillage. Une fois-là il prit un bain rapide, revêtit des habits propres et mangea debout, sans même savoir ce qu’il fourrait dans sa bouche, à ce que j’en vis. Quant à moi, je me contentai d’une tisane fortifiante et d’un pichet d’eau froide, avec l’aide duquel je m’aspergeai le visage.
    — Je sors, annonçai-je une fois prête.
    — Où t’en vas-tu ? exigea de savoir César.
    — Je veux jeter un œil à la pension. Les hommes qui sont morts dans l’incendie faisaient partie de la Fraternité.
    — Je m’en doutais.
    — Ils sont notre seul lien avec Morozzi. Peut-être auront-ils laissé un indice qui nous permettra de comprendre ce qu’il trame.
    Nous nous y rendîmes tous deux, César quelque peu à contrecœur mais prêt à tout pour découvrir quelque chose, n’importe quoi qui puisse nous être utile. La place devant la basilique Sainte-Marie était moins animée qu’à l’ordinaire. Souvenez-vous, l’incendie de la pension venait s’ajouter à la mort sur le bûcher quelques jours plus tôt de la jeune blonde : les gens préféraient se tenir à l’écart. Seules quelques femmes tiraient de l’eau à la fontaine, faisant aussi vite qu’elles le pouvaient et détalant à toute allure, sans même voir qu’elles répandaient de l’eau un peu partout.
    Le vent était retombé, ce qui voulait dire que l’odeur de bois calciné était encore très prégnante. César et moi nous approchâmes prudemment. J’imagine qu’il fut aussi choqué que moi en voyant ce qu’il restait des lieux. Heureusement les immeubles adjacents étaient en pierre avec des toits de tuiles, et le feu ne s’y était pas propagé. La pension, en revanche, avait été réduite en cendres. À la place il n’y avait plus qu’un trou béant, le toit puis le plancher du dessous s’étant écrasés sur le rez-de-chaussée. Des poutres noircies gisaient un peu partout, certaines en tas, d’autres appuyées contre la pierre roussie.
    J’enjambai l’encadrement de la porte avec précaution, et fis un rapide tour d’horizon. Aucune trace nulle part des restes des victimes : le feu avait été si virulent que les os avaient dû être réduits en poudre. Il se pourrait fort bien, songeai-je, que le sort des « marchands florentins » ne soit jamais précisément connu.
    — Qu’est-ce qui a pu provoquer un tel effet ? demanda César.
    Je me relevai et secouai lentement la tête.
    — Je ne sais pas. Je n’ai jamais rien vu de tel.
    La fontaine était à moins de quinze mètres de la bâtisse ; il semblait donc logique que l’on ait sérieusement tenté d’éteindre l’incendie. Et pourtant, il avait fait rage si violemment que même la pierre des murs extérieurs paraissait en danger de s’écrouler.
    — Il va falloir tout démolir, constata César.
    J’acquiesçai d’un signe de tête. Les ravages provoqués par le

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