Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Frontenac_T1

Frontenac_T1

Titel: Frontenac_T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Micheline Bail
Vom Netzwerk:
force aux côtés des Anglais? À moins qu’elles ne soient en train de préparer des offres de paix? Louis revenait sans cesse à cette idée obsédante : la paix. Il l’avait toujours préférée à la guerre. Un compromis bien négocié lui avait toujours semblé préférable à n’importe quelle guerre. Mais il se savait en terrain miné. Ni Callières, ni Champigny, ni Vaudreuil, ni aucun officier ne l’encourageaient à poursuivre dans cette direction.
    Pendant qu’il nourrissait ces idées lancinantes, les habitants menaient un train d’enfer et fêtaient la débâcle. Des grappes de gens massés sur le Cap-aux-Diamants et sur les remparts dansaient et chantaient au son des violons. Quelques soldats avaient quitté leurs redoutes pour se mêler aux fêtards et cela prenait tournure de charivari.
    Louis finit par se laisser gagner par la bonne humeur ambiante. Ce peuple le surprendrait donc toujours. Si les Canadiens étaient de bons combattants et des travailleurs passablement acharnés, ils se caractérisaient surtout par leur étonnante propension à tirer prétexte de tout pour faire la fête. C’étaient de grands viveurs, de joyeux drilles et des boute-en-train hors pair. Une bonhomie et une joie de vivre qu’il n’avait rencontrées à ce degré nulle part ailleurs. Louis décida de laisser ses hommes s’amuser quelque temps; il fallait savoir à l’occasion donner du lest.
    En réintégrant ses quartiers, il réalisa que malgré les fenêtres fermées à double tour, le grondement de fond, sourd et caverneux, persistait. Ni matelas, ni traversins, ni oreillers, ni bonnets ne pourraient masquer un pareil bruit. Comme le dégel durait de deux à six jours, il faudrait faire avec. Mieux valait donc profiter de l’effervescence du printemps, tout en gardant l’esprit assez alerte pour faire face aux périls qui s’annonçaient.
    * * *
    Cet été-là avait été particulièrement fébrile. Comme la menace d’une invasion anglaise planait toujours sur la colonie, Frontenac avait jugé plus prudent de demeurer à Québec. Il se rendrait à Montréal à l’automne, si la situation le permettait. Contre toute attente, les nouvelles recrues étaient enfin arrivées. À force de les réclamer en vain, Louis avait fini par ne plus y croire, et pourtant, trois vaisseaux du roi les avaient bien débarquées devant Québec par une froide et brumeuse nuit de mi-avril.
    Sur quatre cents hommes, trente-sept manquaient malheureusement à l’appel. La fatigue de la longue traversée et la maladie avaient eu raison de leur résistance et une poignée d’autres étaient morts, peu de temps après leur arrivée. Louis avait dû en faire hospitaliser une bonne centaine et en avait réparti temporairement une centaine d’autres sur les côtes. Seuls les plus vigoureux avaient été expédiés à Montréal. C’étaient encore des soldats peu entraînés, mal nourris et incapables d’entreprendre une campagne nécessitant de l’endurance. Louis n’avait pas caché sa déception. Il avait pourtant demandé des hommes particulièrement aguerris. Avec une si pitoyable relève, il voyait mal comment tenir tête à la nuée d’Anglais qui menaçait à tout moment de s’abattre sur les côtes.
    On avait attendu l’ennemi sur un pied de guerre permanent pendant des semaines. Mais plus le temps passait et plus on commençait à douter de la réalité de cette menace. Louis avait pourtant appris le départ de la flotte de Boston au début de mai, mais depuis lors... rien ne s’était produit, aucune embarcation anglaise n’avait paru. C’était à n’y rien comprendre. Le Saint-Laurent avait pourtant été patrouillé sans relâche jusque dans le golfe, de jour comme de nuit.
    Le mystère persistait toujours à l’aube de ce matin d’août, quand on vit se pointer dans l’entrée de l’estuaire une grande voile, suivie de quelques autres, plus petites. On sonna rapidement l’alarme, pour réaliser bientôt que ce n’étaient que des navires marchands battant pavillon français. La correspondance destinée au gouverneur général lui fut

Weitere Kostenlose Bücher